avril 27, 2024

Exodus to Infinity – Archetype Asylum

Avis :

Il y a cette drôle de sensation que, depuis quelques temps, les One Man Band deviennent de plus en plus nombreux. Alors certes, lorsqu’on est doué pour tous les instruments, on a forcément envie d’être plus libre de ses mouvements et de sa création, mais il semblerait tout de même que l’on soit plus à l’aise avec d’autres personnes pour jouer de la musique. Mais ce n’est pas le cas de Danny Mulligan qui se cache derrière Exodus to Infinity, qui s’inspire de groupes comme Coheed and Cambria, Dream Theater ou encore Pain of Salvation. Quelque part entre l’Australie et les Etats-Unis, peu d’infos circulent sur le bonhomme, qui aime entretenir un certain mystère sur sa personne. Mais aussi sur sa musique, qui est un gros délire cryptique, dans lequel il faut rentrer. Pour preuve ce premier album, Archetype Asylum.

Ce n’est pas pour rien que cet album se nomme ainsi. Si on est habitué à prendre des groupes à s’attendre à un style en particulier, ce n’est pas le cas ici. Exodus to Infinity, c’est une surprise à chaque piste, manipulant divers genres pour mieux nous surprendre, en bien comme en mal. Ce qui en ressort néanmoins, c’est une forte attirance pour le progressif, que ce soit dans le Rock ou dans le Métal. En seulement huit pistes, le multi-instrumentiste va nous bercer durant près d’une heure dans des délires étonnants et parfois hors de certaines limites. Pour preuve le premier morceau, King Other, grand-guignol en diable, qui joue sur la corde humoristique pour mieux nous surprendre. Le côté prog se retrouve dans le break, déstructuré à mort, et qui démontre les envies de technique de son artiste.

Mais malgré ce côté désordonné, il y a un vrai fil sur toute la longueur. Et se caractérise par une guitare omniprésente qui fait parfaitement le taf. Une gratte qui va se plier à toutes les exigences de son manipulateur, puisque la volonté de Danny Mulligan, c’est de nous porter sur des genres différents à chaque piste. Car après le Rock Prog, Shadow Self et ses presque neuf minutes s’articulent autour d’un métal progressif savamment dosé, et qui délaisse de côté l’humour, tout en arpentant un chant rappé. Il y a un côté funk qui s’échappe de ce titre, tout comme la structure complexe lui confère un côté métal prog pas négligeable. Bref, c’est assez foufou, tout en restant cohérent pour ne pas nous perdre. Just Like Us sera une sorte d’interlude où l’on va entendre le docteur Gabor Maté, un spécialiste des addictions.

Malgré sa courte durée, on ressent des envies de grandiloquence dans le morceau, qui pourrait donner lieu à un titre de Heavy sans trop de problème. Mais ce n’est pas le cas, et on se retrouve avec un court truc plaisant, mais auquel il manque vraiment une belle aura. The Body, The Drive, and the Dreamer lorgnera plus vers le Classic Rock, et son côté désuet est assez plaisant. Le fait que le titre soit plus concis et plus simple dans sa construction aide à son attachement. Puis Trickster viendra poindre le bout de son nez, allant pleinement dans un Power métal décomplexé, avec quelques breaks incongrus, qui joue sur le titre même du morceau, nous faisant quelques petites farces. La voix du chanteur, assez suave tout en restant simple, fait parfaitement le taf, et on se retrouve face à quelque chose de très plaisant.

Mais le plus surprenant est à venir. Avec Plaza Thursday, l’artiste nous plonge en plein délire jazz manouche. Ici, c’est guitare sèche, jeu caractéristique et polyphonie pour un résultat étonnant et inattendu. Ne durant qu’un peu plus d’une minute, le titre a le temps de nous sortir un peu du délire Rock/Métal, et c’est dommage. Tout comme Right Now qui est un morceau disco. En fait, à force d’en faire des caisses et de vouloir bouffer à tous les râteliers, Danny Mulligan nous perd un peu dans ses objectifs et ses intentions. Si nous voulions entendre que c’est un guitar héro, il n’y avait pas besoin d’aller dans autant de genres différents. Heureusement, Second Innocence va nous remettre sur les rails pendant plus de treize minutes. Complet, dense et complexe, ce dernier morceau est un véritable monument qui rattrape aisément les quelques errances précédentes.

Au final, Archetype Asylum, le premier album de Exodus to Infinity, est une réussite, mais à laquelle il faut s’accrocher pour plusieurs raisons. Il faut accepter la diversité de l’album, qui balaye tout un panel impressionnant de genre, même éloigné du Métal. Et il faut aussi rentrer dans le délire, avec parfois des titres qui dépassent les treize minutes. A la lisière du Prog et d’un truc un peu plus zinzin, Danny Mulligan qui se cache derrière le projet ne choisit pas et mélange le tout pour un résultat plaisant, mais parfois trop cryptique pour pleinement convaincre.

  • King Other
  • Shadow Self
  • Just Like Us feat Dr. Gabor Mané
  • The Body, the Drive, and the Dreamer
  • Trickster
  • Plaza Thursday
  • Right Now
  • Second Innocence

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.