Avis :
Le Folk/Pagan Métal est un genre assez intéressant, car s’il utilise des tendances provenant du Death ou du Black, il utilise aussi des instruments folkloriques ou médiévaux pour créer une certaine ambiance. Fondé au début des années 90 à Dublin par Keith Fay, Cruachan est considéré aujourd’hui comme l’un des fondateurs de ce style si particulier. Malgré une pause de deux ans entre 19979 et 1999, le groupe a toujours su rebondir, et cela malgré des changements de line-up incessants. Pour preuve, après Nine Years of Blood sorti en 2018, guitariste, bassiste, batteur et chant crié (ainsi que divers instruments folkloriques) quittent le navire pour diverses raisons. Seul Keith Fay reste le seul membre fondateur, et il est accompagné par Joe Farrell, qui va changer d’instrument. Car oui, en plus d’être le bordel dans le line-up, ça l’est aussi dans la place des musiciens.
Afin de livrer The Living and the Dead, neuvième album studio du groupe, il a fallu recruter, mais aussi changer un peu d’instrument. Joe Farrell, qui était à la batterie, va se retrouver derrière la basse pour cet album, puis le groupe va alors recruter une violoniste, en la présence de Audrey Trainor, un nouveau guitariste avec David Quinn, puis un batteur grâce à Tom Woodlock. Tout ce petit monde va alors composer l’effort qui nous préoccupe aujourd’hui, et qui a un peu fait parler de lui, puisque Cruachan a proposé l’un des morceaux pour participer à l’Eurovision afin de représenter l’Irlande, sans succès. Bref, un neuvième skeud des plus plaisants, qui reste dans ce que le groupe sait faire, avec quelques jolis moments de bravoure. D’ailleurs, The Living met directement dans le bain, avec un instrumental virevoltant, très médiéval, mais qui n’oublie pas les gros riffs.
En enchainant avec The Queen, le groupe veut marquer son retour malgré son line-up tout neuf. Longue plage de près de sept minutes, le groupe envoie la sauce, mélangeant alors tous les éléments qui le caractérisent. On a droit à du blast version Black, du growl un peu aigu, des riffs qui tambourinent bien, mais aussi quelques effluves folkloriques qui viennent adoucir le tout. Cela peut paraître un peu fourre-tout, voire un peu cliché du genre, et pourtant, ça fonctionne à merveille. The Hawthorn est un morceau un peu plus simple dans sa structure, qui va utiliser sa mélodie de façon crescendo. On commence doucement, puis petit à petit, les riffs montent, le chant se fait plus virulent, et on se laisse doucement entrainer dans cette montée en puissance. Sans être révolutionnaire, le titre marche bien, et on scandera facilement cette mélodie à la flûte.
The Harvest est aussi une bonne synthèse du groupe, ou tout du moins de sa musique. Les riffs lourds côtoient les mélodies douces à la flûte, puis par la suite, le violon prend la suite, nous entrainant dans un rythme lancinant et qui fait très irlandais. C’est très agréable, et le passage du nerveux au calme se fait avec une belle harmonie. Puis déboule alors The Festival, un court titre instrumental qui va forcément faire danser sur les pistes et bouger les foules. Un savant mélange de riffs métal et de danse folklorique qui se marient à merveille. Quand déboule The Ghost, on pourrait presque croire à un début de festival médiéval, mais rapidement, entre les riffs et le chant guttural qui évoque du Black, on flirte avec une autre ambiance. Là aussi, c’est une des forces de Cruachan que de faire des mélanges osmotiques et assez inattendus.
Pour calmer un peu les ardeurs, The Crow va se faire plus calme, mais cela n’empêchera pas le groupe de diffuser des riffs virulents par la suite. Cependant, le chant crié est moins présent, donnant un titre hybride un peu transparent, mais qui gagne des galons dans ses breaks à la flûte. The Reaper laisse beaucoup de place à la basse pour offrir quelque chose de plus lourd et de plus morbide. Le groupe est malin et offre tout de même de belles variations dans les thèmes et dans la façon de les aborder. Par exemple, The Children sera plus joyeux, plus léger, malgré des riffs puissants. Le violon arrive toujours à prendre le dessus sur la mélodie. The Changeling sera plus dark, plus sombre, surtout dans ses chants féminins un peu inquiétants. Puis The Witch aura un petit côté punk pas déplaisant.
Au final, The Living and the Dead, le dernier opus en date de Cruachan, est un effort plaisant et relativement bien construit. Le gros changement de line-up ne semble pas avoir eu d’emprise sur la formation, qui arrive à fournir un album complet, dense, et qui correspond parfaitement à ce que l’on attend de la bande. Certes, il manque peut-être une paire de titres vraiment marquants, mais dans sa globalité, ça reste bien foutu, bien produit, et les amoureux de folk ne peuvent que valider.
- The Living
- The Queen
- The Hawthorn
- The Harvest
- The Festival
- The Ghost
- The Crow
- The Reaper
- The Children
- The Changeling
- The Witch
- The Dead
Note : 15/20
Par AqME
Une réflexion sur « Cruachan – The Living and the Dead »