avril 18, 2024

Le Diable en Gris – Graham Masterton

Auteur : Graham Masterton

Editeur : Milady

Genre : Horreur

Résumé :

Une jeune femme brutalement taillée en pièces dans sa maison de Virginie… avec une arme vieille de cent ans. Un officier à la retraite éviscéré… par un assaillant invisible. Un jeune homme, les yeux crevés dans sa baignoire… puis bouilli vif. Qu’ont ces victimes en commun ? Quel être de cauchemar les a traqués ? Il n’est pas mort, mais ne vit pas vraiment non plus. Il ne peut être tué, tout juste piégé, comme il l’a été pendant des années, enterré vivant dans une tentative désespérée de mettre fin à la terreur. Mais à présent il est libre à nouveau, libre d’accomplir sa sinistre mission… et de massacrer. Est-il un esprit ? Un dément immortel ? N’a-t-il même jamais été humain ? Qui est… le Diable en gris ?

Avis :

Originellement éditeur pour le magazine pour adulte Mayfair, mais aussi de l’édition britannique de Penthouse, c’est en abandonnant le journalisme coquin que Graham Masterton s’est lancé dans l’écriture de romans fantastiques et horrifiques. Il va connaître un succès fulgurant dès les années 70 avec Manitou, une histoire cauchemardesque qu’il pond en une semaine, et qui va même connaître une adaptation cinématographique avec Tony Curtis. Depuis près de cinquante ans maintenant, l’auteur nous embarque dans des histoires ignobles, où le sang et le sperme font bon mélange, car il est difficile de renier ses premiers amours et son aspect salace. En 2004, Graham Masterton délaisse sa saga Jim Rook pour se lancer dans un roman indépendant, Le Diable en Gris, qui trouve ses origines dans la guerre de sécession et dans la magie africaine. Un mélange détonnant pour une histoire bien sale, comme bien souvent chez l’auteur.

D’ailleurs, l’écrivain pose les bases dès son introduction avec un jeune couple qui va subir des coupures profondes jusqu’à la mort, alors que la femme est enceinte. Une entré en matière fracassante autour d’un « fantôme » qui va faire d’autres victimes au fil des pages, jusqu’à devenir une obsession pour le détective McKenna. Thriller horrifique dans la plus pure tradition du genre, Graham Masterton ne cherche pas vraiment à faire réfléchir autour d’un quelconque sujet, mais il enchaîne les phases de tuerie bien crades avec une enquête qui va s’insinuer entre histoire, religion et un partenariat inédit avec une jeune fille trisomique. On pourrait croire que tout cela ne peut fonctionner ensemble, et pourtant, Le Diable en Gris constitue un bon page turner. Un de ces livres qui se lisent vite tant on veut savoir le fin mot de l’histoire.

Ce qui est aussi malin dans ce roman, outre ses mélanges de folklores assez incongrus, c’est la présence de personnages attachants, et qui vont devoir faire des compromis avec des ennemis pour avancer. Ainsi, McKenna est un type efficace, cynique, qui souffre d’un trauma depuis l’assassinat du seul amour de sa vie. Queutard maladif, on voit qu’il drague tout ce qui bouge pour combler un vide. Et les femmes le lui rendent bien, malgré un aspect romantique qui semble tomber aux oubliettes en milieu d’histoire. A ses côtés, on peut compter sur une jeune trisomique possédants des dons de voyance, avec un fort caractère et qui participer à l’enquête de manière active. On retrouvera aussi un coéquipier noir qui semble renier ses origines et ses religions, ou encore une Reine Aché puissante, maîtresse de la pègre et du trafic de drogue de Richmond, qui va devoir aider bien malgré elle.

Tous ces personnages ont de bonnes interactions entre eux, et ils font front commun autour d’une menace, celle d’un type qui peut se rendre invisible et qui va zigouiller des gens en suivant une logique que l’on comprendra au fil de l’enquête. Là encore, Graham Masterton gère bien son délire, en incluant de la magie d’Afrique noire au sein de la guerre de sécession, avec des généraux qui se feront posséder par des divinités africaines afin de se sortir d’un traquenard. Il y a un bon équilibre entre les deux références, et la seule chose que l’on peut regretter, c’est finalement une enquête qui accepte bien vite le spiritisme et l’improbable pour résoudre un gros problème. Et même si le héros est aidé par sa défunte femme via des apparitions, il accepte bien vite l’impossible pour résoudre les meurtres de la ville.

Enfin, le dernier point noir que l’on pourrait soulever concerne clairement la fin, ou tout du moins la façon dont McKenna va réussir à se sortir d’une situation inextricable. On a l’impression que Graham Masterton ne savait pas trop comment se défaire de cette histoire, et il livre une résolution un peu bizarre, presque enfantine dans son déroulement, où l’on retrouve de l’humour alors que tout devrait être désespéré. On quitte alors le roman avec un sentiment étrange, celui d’une fin un peu moribonde, qui peine à convaincre, surtout quand on voit le côté tenace et violent de la menace.

Au final, Le Diable en Gris est un bon roman signé Graham Masterton. Certes, ce n’est pas son meilleur, et il comporte un peu toutes les scories propres à l’écrivain, avec une fin abrupte et un peu ridicule, ainsi qu’un fond un peu creux autour des personnages ou des thèmes brassés. Cependant, la qualité d’écriture, l’enquête menée tambour battant, les personnages hauts en couleurs ou encore le mélange des folklores font que l’on passe un excellent moment de lecture, comme bien souvent avec cet auteur, qui maîtrise l’horreur comme peu d’autres.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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