avril 24, 2024

Code Red – Fang of the Sun

Avis :

On pense, souvent à tort, que le Thrash Métal est une affaire de bonhommes provenant de pays anglo-saxons, comme les Etats-Unis ou l’Angleterre. Mais cela est faux, puisque, comme pour tous les autres styles, la musique est universelle et on retrouve tous les sous-genres dans tous les pays. Code Red en est un exemple flagrant, puisqu’il s’agit d’une formation japonaise qui voit le jour à la fin des années 90 à Yokosuka, dans la préfecture de Kanagawa. Tout d’abord nommé Mind Field jusqu’en 2001, cela fait maintenant vingt-deux ans que le groupe existe. Mais on ne peut pas dire qu’il soit prolifique, puis Fang of the Sun, qui nous préoccupe entre ces lignes, n’est que leur second album paru en 2017. Si on veut retrouver un album studio du groupe, il faut remonter en 2007 avec Wolves of Warfield. Mais d’où peut provenir ce manque de productivité ?

En premier lieu, il convient de se pencher sur le line-up du groupe. En effet, seulement deux membres originels sont encore en activité, le guitariste (qui chante aussi) et le batteur. C’est en 2012, soit cinq ans après le premier album, que deux membres s’en vont et sont remplacés, puis c’est en 2021, soit quatre ans après le présent album, qu’un nouveau chanteur est dégoté. Bref, tout cela a l’air tumultueuse, ce qui peut expliquer le peu d’efforts sortis. Ensuite, le groupe officie aussi dans un genre particulier, le Thrash, qui suit des codes nerveux et assez violents, ne bénéficiant pas forcément d’une mise en avant, notamment dans leur pays, le Japon. Bref, tout ceci converge vers une productivité faiblarde, mais peut-être pas de là à faire deux albums en dix ans, surtout que ce dernier ne dépasse pas les quarante minutes…

Si au moins la qualité était présente, on aurait pu à demi pardonner cette fainéantise à peine feinte. Mais force est de constater que Fang of the Sun est un album très dispensable, qui souffre de la comparaison avec d’illustres pairs, mais qui n’arrive vraiment à se sortir d’un carcan sans grande ambition, si ce n’est de beugler dans un micro. Pourtant, l’introduction, Repatriated Body Bags, laisse entrevoir un hymne guerrier qui joue beaucoup sur une ambiance un peu délétère. Il n’en sera rien, le groupe balançant la sauce dès le deuxième morceau avec Rise of the Avenger. Dès le départ, on sent une production qui n’est pas au top, une batterie qui va blaster à tout va et des riffs lourds, mais qui seront un peu en arrière-plan par rapport au chant. Un chant qui prend trop de place, où ça beugle plus qu’autre chose.

Et si ce titre dépasse allègrement les trois minutes, ce ne sera pas forcément le cas pour les autres morceaux qui visent essentiellement l’efficacité et la brutalité. Toward the South va rapidement faire mal à la tronche, tout comme Freezing Cold, qui part à toute berzingue, en oubliant en cours de route la mélodie. On aura aussi cette sensation d’entendre plusieurs fois le même morceau, tant il manque des variations pour mieux nous intéresser. Là, ça vise la violence, la rapidité, mais en aucun cas le mélodieux ou le grâcieux. On retrouve cela dans quasiment tous les titres de l’album, de Hunger Island à Warzone, en passant par Disappointed et Die ! Mother Fucker Die !!! Toute cette violence non maîtrisée amène finalement à un sentiment d’ennui et de lassitude. Ce qui est dommage, car d’autres morceaux arrivent à tirer leur épingle du jeu.

A partir du moment où le groupe décide de travailler un peu son ambiance et ses compos, on se retrouve face à des morceaux intéressants et plus maîtrisés. Et cela, que ce soit d’un point de vue vocal ou technique. Le premier titre à venir en tête est Chaos/Salvation, qui aborde un rythme plus lent, des riffs plus lourds et un chant crié mais qui ne vise pas à hurler à toute vitesse. De ce fait, le titre fait son effet, et fonctionne à plein régime, malgré les baisses de régime du frontman qui galère sur les phases plus « calmes ». August 6th 1945 profite aussi de cette construction plus maline et mieux écrite. Une atmosphère se pose, en faisant écho à la Seconde Guerre mondiale et au bombardement de Hiroshima, et c’est vraiment là-dedans que le groupe s’en sort le mieux et nous cueille avec maestria.

Au final, Fang of the Sun, le dernier album en date de Code Red, est une petite déception, même si on n’en attendait pas grand-chose. Si l’on excepte deux titres qui sont vraiment bien, le reste n’est qu’un déluge de violence mal maîtrisée, de Thrash binaire et sans épaisseur, où le chanteur beugle tellement qu’il en gâche les qualités techniques de ses musiciens. Bref, un album décevant, qui ne fera pas long feu dans le monde du Thrash, et du Métal tout court…

  • Repatriated Body Bags
  • Rise of the Avenger
  • Toward the South
  • Freezing Cold
  • Chaos/Salvation
  • Hunger Island
  • Warzone
  • Disappointed
  • Die ! Mother Fucker Die !!!
  • August 6th 1945
  • Destroy
  • Blaze Resistance

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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