Avis :
Quand un groupe atteint une certaine notoriété, chaque album est attendu au tournant, dans l’espoir d’avoir de nouveaux titres à se mettre dans les oreilles, et ainsi trouver une nouvelle pépite. L’ascension d’Avenged Sevenfold s’est faite progressivement, attaquant tout d’abord avec un Metalcore assez classique mais relativement joyeux, puis dérivant doucement mais sûrement vers un Métal plus alternatif, où l’on pouvait retrouver du Heavy, du Thrash et parfois quelques élans plus puissants. On le sait, le groupe américain ne se cantonne pas à un seul genre et il suit une évolution presque logique avec son âge. Pour aboutir à ce huitième album studio, il aura fallu attendre sept ans depuis The Stage et ses saillies prog qui étaient pas mal du tout. Avec Life is but a Dream… les américains entendent bien surprendre les fans, et pas forcément dans le bon sens du terme.
Evoqué à plusieurs reprises lors d’interviews par M. Shadows (le chanteur) et Synyster Gates (le guitariste), le groupe a pour vocation de ne pas céder aux attentes des fans, et de faire un peu ce qu’ils veulent, sans trop se préoccuper de ceux qui aiment leur musique, malgré les détours effectués depuis leur début. Ainsi, avec ce huitième effort, le groupe laissait sous-entendre qu’il serait différent et parlerait de thèmes liés à la vie et à la philosophie. Des sujets profonds donc, qui s’allieraient à un Métal qui l’est tout autant, sans jamais sombrer dans une complexité rebutante. Et pourtant, on va rester sur le carreau à plus d’une reprise, rendant cet effort décevant, parfois proche de l’expérimentation, mais délaissant de côté tout le sel qui faisait le charme d’Avenged Sevenfold.
Pourtant, le début de l’album fait clairement illusion avec les quatre premiers morceaux. Game Over démarre tout doucement, avec quelques références à Stairway to Heaven, avant de lâcher les riffs agressifs et d’offrir un chant ultra rapide à la System of a Down pour ensuite ressembler à ce que les compères faisaient à l’époque de Bat Country ou encore Beast and the Harlot. Seule la conclusion du titre laisse un goût amer, avec un côté sirupeux dont on se serait bien passé. Par la suite, Mattel va taper fort, avec un riff remarquable, et une énergie qui est communicatrice. Même si on peut regretter un manque de liant entre les couplets très calmes et les passages pleins de bravoure du refrain, le morceau est une belle réussite, qui peut se ranger aussi bien dans le Prog que dans un Alternatif virulent.
Nobody, qui est le titre choisi pour représenter l’album à sa sortie, est aussi un bon morceau. On retrouve une belle lourdeur, ainsi qu’une ambiance très particulière qui sied bien à la construction complexe du titre. Avec cette piste, le groupe reste fidèle à lui-même et à l’opus précédent. Enfin, We Love You, malgré tout le bien que l’on peut en penser, va annoncer une dérive inéluctable vers quelque chose de trop différent de ce que le groupe a proposé jusqu’à présent. Ici, les riffs décoiffent, le chant scandé est très addictif, mais entre la batterie électrique et les arrangements un peu électro, on a la sensation que le groupe veut trop bousculer les codes pour afficher sa différence. Et même si ici, l’équilibre est tenu, on sent que l’on est sur une brèche que les américains vont rapidement franchir pour faire n’importe quoi.
Cosmic annonce la couleur avec un long titre de plus de sept minutes qui n’arrive jamais à décoller et à nous coller une quelconque émotion. Et puis le final qui part en eau de boudin avec un vocoder dégueulasse et des allures de Daft Punk, c’est vraiment rageant. Beautiful Morning trompe son auditoire avec un démarrage tonitruant, mais on va rapidement se lasser du morceau qui oublie toute mélodie et délivre une fin au piano que l’on a l’impression d’avoir entendu un peu partout. Easier donne l’impression que le groupe se fout royalement de notre gueule avec sa voix transformée et ses aspects électro qui reviennent dans les refrains, alors que les riffs des couplets sont bons. Mais le pire viendra du triptyque qui est initié par G. Ce premier titre évoque le Free Jazz avec sa basse qui claque et ses solos de gratte qui partent n’importe comment.
On aura même droit à des chœurs féminins en guise de refrain, qui arrivent à sonner faux. Avenged Sevenfold fait le choix d’une rupture nette avec ce qu’ils font d’habitude, et ce n’est pas forcément agréable. D’ailleurs, on regrette presque la folie des débuts du groupe. Parce que derrière ça (O)rdinary est un morceau électro qui rappelle le faux Funk des Daft Punk (ça pourrait faire une bonne musique d’ascenseur ceci étant), ou encore (D)eath qui est une ballade sirupeuse à base de violons et de piano. Le groupe se perd complètement dans ces essais ringards, dont même un vieux crooner ne voudrait pas. Et que dire de Life is but a Dream, une outro au piano qui fait écho à la musique classique. Où est passée la rage ? La ferveur ? Le côté vif et vivifiant ?
Au final, Life is but a Dream…, le dernier album d’Avenged Sevenfold, est une grosse déception. Le groupe ne veut pas refaire la même chose, ce qui est honorable, mais il tombe dans une sorte de « tout ou rien » où chaque titre s’éloigne un peu plus de ce qui a fait leur succès. Passer du Métal à de l’électro ou encore à une sorte de Funk que l’on a déjà entendu ailleurs, c’est très frustrant, d’autant plus que cela bouffe les trois quarts de l’album. Bref, ce dernier effort ne restera pas dans les annales, et on préfèrera alors se replonger dans les anciens albums, en attendant un autre skeud plus réussi.
- Game Over
- Mattel
- Nobody
- We Love You
- Cosmic
- Beautiful Morning
- Easier
- G
- (O)rdinary
- (D)eath
- Life is but a Dream
Note : 08/20
Par AqME