Les Ripoux

De : Claude Zidi

Avec Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Régine, Grace de Capitani

Année : 1984

Pays : France

Genre : Comédie, Policier

Résumé :

René, vieux flic adepte des arrangements « à l’amiable » avec les petits truands, se voit adjoindre comme coéquipier François, un jeunot frais émoulu de l’école de police. Avec l’aide de son amie Simone, il entreprend de convertir le rigoureux novice à ses méthodes, et pour cela commence par le mettre en relation avec une jolie call-girl, Natacha…

Avis :

Réalisateur très peu apprécié des critiques, alors qu’il est beaucoup aimé des spectateurs, Claude Zidi est l’un de nos cinéastes les plus populaires qui a ramené entre les années 70 et 2000 des dizaines de millions de spectateurs en salles. Il faut dire que le metteur en scène tient une filmographie des plus drôles avec des films comme « L’aile ou la cuisse« , « Les Bidasses en folie« , « Les sous-doués« , « La moutarde me monte au nez« , « Inspecteur la Bavure« , « La totale ! » ou encore « Astérix et Obélix contre César » (et encore, on ne peut pas tous les citer). Si le réalisateur n’est pas très aimé des critiques de cinéma, il a toutefois été honoré par ses paires en 1985 avec ses « … ripoux« , qui rafle le César du meilleur film, du meilleur réalisateur, ainsi que du meilleur montage.

Énorme succès en salles avec presque six millions de spectateurs, « Les ripoux » est une comédie policière qui dépote et qui derrière ça, se fait surtout très attachante, grâce à un duo d’acteurs au top, Philippe Noiret et Thierry Lhermitte. Reflet d’une époque avec une plongée dans un Paris qui n’existe plus, « Les ripoux« , s’il faut bien dire qu’il a pris un coup de vieux, reste un film succulent, bien tenu, bien monté, et qui nous réserve aussi bien de la bonne comédie que de l’action, ou encore, et ça c’est plus surprenant, de l’émotion. Bref, une jolie réussite qui a pris cette année-là l’académie des César par le cœur.

René est un vieux ripou qui navigue du côté de Barbès comme un poisson dans l’eau. Un soir, avec son collègue Pierrot, il détrousse un proxénète, or le coup ne se passe pas comme prévu et ils se retrouvent poursuivis par la police. René fait alors tomber son collègue, car oui, ce serait con de se faire choper tous les deux. Pour remplacer Pierrot qui va passer quelque temps à la santé, René se fait attribuer un nouveau coéquipier, il s’appelle François, il a la vingtaine, il sort de l’école de police, il est plein d’idéaux et surtout, il veut suivre la loi à tout prix.

Comédie policière qu’on pourrait aisément qualifier de « à l’ancienne » aujourd’hui, « Les ripoux » est un film que j’avais vu comme tout le monde quand j’étais petit, mais depuis une bonne vingtaine d’années, si ce n’est plus, je ne m’y étais pas arrêté de nouveau et c’est bien dommage, car j’ai redécouvert avec plaisir un film qui fonctionne encore très bien. Un film qui, certes, a pris un petit coup de vieux, que ce soit dans son rythme, son visuel, ou encore dans sa mise en scène, mais derrière les rides, ce « … ripoux » demeure encore et toujours à l’image de François qui sort de son école de police, c’est-à-dire frais, mordant, et très, très attachant.

« Les ripoux« , c’est tout d’abord un scénario qui tient bien sa route. Un scénario qui nous offre autant d’humour que d’action, oscillant entre les deux genres, pour finalement nous emmener avec surprise vers un final très émouvant. Un film qui à coup sûr a fait qu’en plus de ses qualités, s’est imposé comme un succès. En un sens, de tous les films que j’ai pu voir de Zidi, « Les ripoux » est sûrement le film qui a sa plus belle conclusion.

Puis derrière ça, « Les ripoux« , c’est un scénario qui nous plonge au cœur d’un Paris qui n’existe plus. Un Paris peuplé de jeux de hasard sous le métro, de petites frappes, de truands à la petite semaine, de PMU, de vieux looks démodés, puis il y a ce côté cool, surréaliste, vraiment enjolivé, mais cool, presque nostalgique, alors même qu’on y parle de rackets, de vols ou de proxénétisme. Bref, Claude Zidi a su capturer quelque chose de Paris avec ce film, qui nous envoûte. « Les ripoux« , c’est aussi un scénario qui fait la part belle à de savoureux dialogues, avec des punchlines balancées avec beaucoup d’assurance et de mordant. Franchement, on se plaît à suivre les pérégrinations de ce duo, au départ très mal assorti, et finalement, on ne peut plus parfait et indissociable.

César du meilleur réalisateur, s’il y avait sûrement mieux cette année-là dans la sélection, le film de Claude Zidi, avec toutes ses idées, avec son côté cool, avec son mélange bien tenu de comédie, d’action et cette touche d’émotion qui s’invite, a su faire vibrer les cœurs de la profession et ce César est mérité. Si le film ne tient pas de grandes scènes (hormis son final), il demeure un métrage savoureusement exécuté, qui sait parfaitement où il va, ce qu’il veut raconter et derrière ça, sait faire la part belle à ses acteurs, qui sont divinement dirigés par Claude Zidi.

« Les ripoux« , du côté de son casting, est un film qui nous gâte avec des comédiens et des comédiennes au top. Bien sûr, le film tient avant tout sur le duo Philippe Noiret et Thierry Lhermitte, qui est le sang, la vie et le cœur de ce film, mais derrière eux, il ne faudrait pas oublier Régine et Grâce De Capitani en compagnes des deux flics, ou encore Julien Guiomar en commandant de Police souvent hilarant, puis toutes les petites frappes qui interviennent au cours de l’intrigue.

Avec « Les ripoux« , Claude Zidi réalise une bonne comédie policière qui réunit bien tous les ingrédients pour nous faire passer un bon moment de cinéma. Certes, le film a pris un petit coup vieux, mais grâce à ce dernier, il a gagné en charme. Amusant, tenu, très bien exécuté, bercé par une belle BO signée Francis Lai, puis les immenses Philippe Noiret et Thierry Lhermitte… Franchement, tous les ingrédients d’un succès étaient réunis et cette redécouverte de ce film aujourd’hui considéré comme culte, fut une très bonne idée. Maintenant, voyons voir ce que ses suites valent, car je ne les connais pas.

Note : 14/20