avril 30, 2024

Borgo – La Prison Corse

De : Stéphane Demoustier

Avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau

Année : 2024

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

Avis :

Dans la famille Demoustier, aujourd’hui, on demande le frère Stéphane. Après de brillantes études et un bon job au ministère de la Culture, à la fin des années 2000, Stéphane Demoustier bazarde tout pour essayer de vivre pleinement de sa passion, le cinéma. S’ensuit alors pas mal de courts-métrages avant un premier long, « Terre battues« , en 2014. Depuis, le réalisateur a mis en scène trois films, dont l’excellentissime « La fille au bracelet« , film qui figurait d’ailleurs dans mon top cinéma français de cette année-là.

Après avoir fait un tour du côté du petit écran en réalisant plusieurs épisodes de la série « Opéra« , voici que Stéphane Demoustier est de retour sur les grands-écrans avec « Borgo« , un film carcéral qui vient de remporter le Prix du jury au festival Reims Polar. S’inspirant d’un fait réel, Stéphane Demoustier réalise un film très intéressant de par ce qu’il raconte avec l’histoire de cette jeune femme fraîchement installée en Corse. Si le metteur en scène frappe moins fort qu’avec « La fille au bracelet« , il livre toutefois un film qui sera prenant et intrigant, et surtout, qui arrivera à garder notre intérêt jusqu’à sa dernière scène, et rien que pour cela, en aucun cas, je regrette de m’y être arrêté.

«  »Borgo » crée quelque chose qui nous tient. »

Mélissa s’est installée en Corse avec son mari et ses enfants depuis peu. La famille a quitté la banlieue parisienne pour tout recommencer. Mélissa est gardienne de prison, et aujourd’hui, elle prend ses fonctions à Borgo, une prison corse particulière, notamment dans le quartier deux de la prison, qui réunit tous les détenus corses. Très vite, Mélissa voit son intégration facilitée par Saverui, un jeune détenu qui a l’air d’être influent.

Ce qui est très bien avec Stéphane Demoustier, c’est son envie de renouvellement. En dix ans, le cinéaste a réalisé quatre films, et aucun d’eux ne se ressemblent, tout comme aucun d’eux n’a le même sujet, ou quelque chose qui s’en approche. Après un film de procès, voici donc que le réalisateur se lance dans un film carcéral, mais pas que, car son « Borgo« , c’est un peu comme s’il y avait deux films en un. Ainsi, dans sa première partie, Stéphane Demoustier nous entraîne dans un film de prison. Une prison corse, et un quartier dit ouvert, qui est loin d’être comme ceux qu’on a déjà vu auparavant. Ici, les détenus sont quasiment en autonomie, et comme le dit l’un des personnages dans le film « – Ici, ce sont les détenus qui surveillent les gardiens ».

Cette première partie présente bien ses personnages et l’arrivée de cette jeune femme de banlieue parisienne, dans un monde qu’elle connaît bien, et qui est très différent de tout ce qu’elle a pu connaître dans son métier jusqu’alors. Bien écrit, bien documenté et surtout intriguant, « Borgo » crée quelque chose qui nous tient, d’autant plus que le film offre une intrigue autour d’un double meurtre. Un double meurtre qui, on le comprend très vite, sera un événement à venir, et ainsi, tout le scénario de « Borgo » entraînera son personnage dans cette implication, ou non.

«  »Borgo » est aussi un film qui navigue sur plusieurs genres. »

Là encore, cette idée est intéressante, et surtout, avec cette trajectoire, ça va amener « Borgo » à quitter la prison, pour aller en dehors des murs du centre carcéral, dans la vie privée de cette jeune femme. Cette deuxième partie sera tout aussi intéressante, que ce soit dans le portrait qu’elle dresse de la Corse, que dans l’espèce d’étau dans lequel se retrouve le personnage. Il y a un engrenage qui se met en route, et l’on reste presque impuissant, dans un premier temps, à ce qui va arriver. Puis une fois ceci fait, Stéphane Demoustier met très bien en scène l’intérêt autour du « destin » de cette jeune femme, dans le sens où il tient son suspens sur ce qui va bien pouvoir lui arriver.

Toujours du côté de l’écriture, au cours de sa trame, « Borgo » est aussi un film qui navigue sur plusieurs genres, car tout en se posant en thriller carcéral, il se fait aussi cinéma social, abordant des thèmes intéressants, à commencer par l’idée de « découvrir » le milieu carcéral au travers du regard d’une surveillante de prison, et plus ou moins une continentale.

Après, malgré tous les bons côtés que le film peut avoir, malgré l’intérêt pour les personnages et l’histoire, malgré ses bons acteurs, notamment Louis Memmi qu’on découvre, il manque quelque chose à « Borgo » pour pleinement passionner et marquer les mémoires, comme ce fut le cas avec « La fille au bracelet« .

Ainsi, ce nouveau Stéphane Demoustier se pose comme un bon film sur les prisons, sur la Corse, et sur un personnage assez trouble, tenu par une excellente Hafsia Herzi. Intéressant de bout en bout, loin des clichés et des facilités, même si « Borgo » n’est pas aussi puissant et terrible qu’il aurait pu être, il n’en demeure pas moins un film qui sait tenir son spectateur et qui offre du bon cinéma. À voir donc.

Note : 14/20

Par Cinéted

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