mai 3, 2024

Le Chemin Sans Retour – La Rando Pour les Nuls

Titre Original : YellowBrickRoad

De : Jesse Holland et Andy Mitton

Avec Cassidy Freeman, Anessa Ramsey, Lee Wilkof, Clark Freeman

Année : 2010

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

En automne 1940, tous les habitants de Friar dans le New Hampshire abandonnent leur maison pour s’engager sur un ancien chemin à travers la forêt. Personne ne reviendra vivant. 70 ans plus tard, leur tragique destin est toujours un mystère. En 2012 un groupe de chasseurs de légendes urbaines découvre le début du sentier et cherche à percer le secret.

Avis :

Si le cinéma d’horreur est le plus prolifique et celui qui ouvre le plus de portes à de jeunes réalisateurs, il faut aussi noter que c’est le genre qui propose le plus de daubes et de mauvais films, allant même jusqu’à sortir des films amateurs en format physique pour flouer le bisseux un peu trop curieux. Ainsi donc, nous ne sommes jamais à l’abri d’une arnaque, qui fut survendu par un bouche-à-oreille incohérent, ou par une campagne marketing sournoise. C’est le cas de Le Chemin sans Retour (ou YellowBrickRoad en version originale). Vendu comme un film d’horreur à la Projet Blair Witch avec un fond un peu zinzin, on va surtout se retrouver face à un film fauché comme les blés qui n’inquiète jamais personne, si ce n’est l’avenir de ses actrices et acteurs, et sûrement celui de ses deux réalisateurs, dont la carrière n’a jamais décollé.

Le scénario est relativement cryptique. On nous raconte qu’en 1940, tous les habitants de la ville de Friar ont emprunté un chemin dans la forêt, et une seule personne en est revenue vivante. 70 ans plus tard, une équipe de chasseurs de légendes urbaines met la main sur des dossiers confidentiels, montrant alors l’accès à ce chemin. Toute la bande prépare alors bagages et caméras pour faire un documentaire autour de ce chemin maudit et de l’histoire des habitants de Friar. Bref, un concept simple, une légende urbaine, des gens trop curieux, un chemin maudit, des bruits étranges et une folie qui va prendre possession des membres du groupe, les uns après les autres. Rien de bien neuf, si ce n’est la volonté des deux auteurs de faire de grosses références au Magicien d’Oz. Pourquoi faire ? On n’en sait rien.

« Les rares références au magicien d’Oz seront expédiées manu militari. »

Le gros problème de ce film provient en premier lieu de son rythme. Dès le départ, les personnages sont marqués par leur fonction et leur lien (en gros un couple, un frère et une sœur et deux types célibataires) et ils vont partir à l’aventure avec quelques passages entrecoupés par des « interviews » face caméra pour tester leur lucidité. Ensuite, tout ce petit monde part crapahuter dans la forêt en faisant une escale dans un cinéma où le leader va faire une rencontre fortuite avec une nana qui connait parfaitement l’accès qui mène au chemin. Et ensuite, hormis des sons qui vont rendre fous tous les personnages les uns à la suite des autres, on n’aura rien à se mettre sous la dent. C’est bien simple, on se fait chier, en voyant des gens péter un câble pour rien.

Bien évidemment, les interactions entre les personnages auront des conséquences, mais on va vite s’en foutre royalement. Les engueulades deviennent redondantes, et n’ont pour point d’appui que de continuer sur le chemin, ou de faire marche arrière pour sauver sa santé mentale. Le groupe va alors se diviser, il va y avoir des meurtres (d’un ridicule presque drôle sans le vouloir), des poursuites et des gens qui vont manger des baies qui rendent zinzin. Bref, on aura tout le panel de la folie, mais sans l’empathie ou l’horreur. Les rares références au magicien d’Oz seront expédiées manu militari, à l’instar de cet épouvantail humain qui s’effrite, mais sans avoir une portée intéressante. Le fond du film se veut labyrinthique et intellectuel, mais c’est bête à manger du foin, et ça ne raconte rien de bien malin. Sinon que la curiosité est un bien vilain défaut.

« Il faut ajouter à ce film une mise en scène complètement ignoble. »

En plus d’un scénario indigent et complètement à côté de ses pompes (même quand il veut faire dans la symbolique à deux balles en commençant et finissant sa balade dans un cinéma), il faut ajouter à ce film une mise en scène complètement ignoble. Certes, le budget est très faible, mais rien ne nous est épargné. On aura droit à des plans d’une grande laideur, aucun travail autour de la lumière, des nuits américaines bien ringardes et une photographie anecdotique. On a vraiment l’impression de voir un film de potes, avec des actrices et acteurs qui sont d’une nullité abyssale. C’est bien simple, dès qu’il faut jouer la folie, on flirte avec l’hystérie et c’est tout bonnement insupportable. Même le travail sur le son est inefficace, alors qu’il est l’un des piliers de cette histoire, avec ces bruits et ces chants qui rendent dingues.

Et puis niveau horreur, frissons et autres sentiments d’insécurité, on repassera. Bien sûr, le fait de ne ressentir aucune empathie pour les personnages a un rôle dans cette absence, mais ce n’est pas tout. Les incohérences du scénario font que certaines séquences n’ont aucun sens. Et les quelques fulgurances gores sont d’un ridicule incroyable. On pense à ce frère qui va zigouiller sa sœur en lui mettant des coups de pierre dans la jambe, jusqu’à lui arracher. On peut aussi évoquer cet épouvantail humain qui se disloque la mâchoire. Mais globalement, c’est très mal fichu et ça ne sert aucunement le récit. Une preuve, si besoin l’en est, de voir la bassesse du script et le peu de moyen mis en avant pour rendre une copie à minima convenable.

Au final, Le Chemin Sans Retour est un très mauvais film d’horreur, qui a fait le buzz dans les années 2010 et on se demande bien pourquoi. Se voulant cryptique et faussement intelligent, le film se fait insupportable tant c’est laid et sans aucun intérêt. Si on comprend vite la folie ambiante et l’envie de faire un conte macabre autour du magicien d’Oz, les deux réalisateurs se fourvoient en filmant n’importe quoi, n’arrivant pas à conjuguer film fauché et effets simplistes. On reste alors constamment dans l’attente d’un truc qui se passe, mais on va vite se rendre compte que rien n’est prévu pour nos yeux, et encore moins pour nos cerveaux. Un bon gros navet des familles.

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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