avril 27, 2024

Sage-Homme – Un Métier aussi au Masculin

De : Jennifer Devoldere

Avec Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sage-femmes en cachant la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Avis :

Jennifer Devoldere est une cinéaste française qui passe quelque peu sous les radars. Ayant fait un court-métrage en 1997, Jennifer Devoldere a du mal à monter ses projets et il se peut qu’il y ait beaucoup d’années de silence entre deux films. Ainsi, après ce premier court, il lui faudra presque dix ans avant d’en réaliser un suivant. Puis trois ans encore avant de sortir enfin un premier long-métrage. Ce premier long, c’est « Jusqu’à toi« , une petite comédie avec Mélanie Laurent autour d’une valise perdue. Si le film n’est pas incroyable, il permet toutefois de passer un petit moment amusant, et il va en être de même avec son deuxième film, « Et soudain tout le monde me manque« . Puis on n’avait plus vraiment de nouvelles de la réalisatrice depuis ce deuxième film sorti en 2011.

Il aura donc fallu attendre près de douze ans pour avoir un nouveau film signé Jennifer Devoldere, et cette attente en valait bien la peine, car comme le dit l’expérience, « la réalisatrice est comme le bon vin, elle se bonifie avec le temps ». « Et soudain tout le monde me manque » était déjà mieux que « Jusqu’à toi » et ce troisième film, « Sage-homme« , se pose alors comme bien meilleur que sa seconde réalisation.

« Jennifer Devoldere offre une comédie dramatique aussi efficace qu’elle est touchante. »

S’aventurant dans un milieu qu’on voit rarement, l’univers des sage-femmes, pour son troisième long, Jennifer Devoldere offre une comédie dramatique aussi efficace qu’elle est touchante. Alors, certes, le film a son lot de défauts, d’ailleurs son ouverture pouvait laisser craindre une histoire terriblement clichée, avec le traditionnel jeune de banlieue qui va s’en sortir, et heureusement, même s’il y a un peu de cela, « Sage-homme » s’aventure plus loin, et surtout, il déjoue certains pièges, et au bout du compte, on se laisse entraîner avec émotions.

Léopold veut être médecin, mais il rate son concours. Pour se rattraper, il ne lui reste plus que l’école de sage-femme, qu’il prend comme une passerelle, afin que d’ici deux ans, il arrive en médecine. Ainsi, il commence cette formation sans aucune conviction. Que pourrait-il faire dans ce métier qui est presque exclusivement féminin ? D’ailleurs, c’est un peu la honte pour un homme d’être dans cette branche-là. Sa rencontre avec Nathalie, sa formatrice, va le bousculer et changer son regard sur ce métier.

« Sage-homme » est donc le film de la confirmation pour sa réalisatrice, et même s’il ne se pose pas comme le film de l’année, l’ensemble demeure suffisamment original, entraînant et touchant pour se poser comme une bonne surprise, et derrière ça, comme un bon petit moment passé au cinéma.

Pour ce nouveau film, ce qui est très intéressant, c’est l’idée et l’axe de vue que la réalisatrice va mettre sur le métier de sage-femme, car en plus de poser le point de vue d’un étudiant, c’est surtout l’idée de montrer le métier avec un regard masculin qui intéresse. Un regard qui a ses préjugés et ses barrières face à un métier qu’on imagine exclusivement réservé au féminin.

« Jennifer Devoldere filme très joliment ce métier. »

Le scénario, dans ces grandes lignes, réserve assez peu de surprises, et se fait moins intéressant quand il s’aventure dans la vie de son personnage principal, car là, on tombe avec plus ou moins de mesure dans le film de jeunes de banlieue qui a envie de s’en sortir. Heureusement, « Sage-homme » n’est pas que ça, et ses grandes lignes ne sont que le schéma d’une ligne directrice pour emmener son personnage d’un point a à un point b et ce n’est vraiment pas le principal du scénario de Jennifer Devoldere. Ainsi, si l’on met quelques réserves de ce côté-là, on se laisse totalement emporter entre sourires et émotions, lorsque le film se concentre sur le métier de sage-femme.

De ce côté-là, le film est vraiment intéressant, respirant la passion et la sincérité pour aborder ce métier assez méconnu finalement. Qu’est-ce qu’une (ou qu’un) sage-femme ? (car oui, on peut dire un sage-femme lorsque le métier est exercé par un homme) Qu’est-ce ce métier implique ? Comment se pratique-t-il et pourquoi faire ce métier ? Ici, il y a beaucoup d’écoute, il y a beaucoup de temps d’attente, beaucoup d’éléments à gérer, puis il y a la prise en charge des patientes, mais aussi « des patients », il y a des problèmes de sous-effectif, il y a plus de gestes à apprendre qu’on ne le pense… Bref, le métier est bien plus complexe que, là encore, on ne l’imagine. Jennifer Devoldere filme très joliment ce métier, et au travers des scènes et des moments, on rit ou l’on est ému, d’autant plus que la réalisatrice s’approche au plus près de l’intimité d’un accouchement.

« Le film construit une jolie relation entre l’étudiant et sa formatrice. »

De plus, le film construit une jolie relation entre l’étudiant et sa formatrice, alors certes, de ce côté-là, l’ensemble est attendu et l’on peut dire que parfois, le film donne dans le cliché, mais face à cela, il y a l’alchimie qui s’impose entre un Melvin Boomer qui est vraiment touchant, et une Karin Viard qui est comme à son habitude parfaite.

Ce troisième film de Jennifer Devoldere nous fait passer un bon petit moment de cinéma dans un milieu qu’on aime apprendre à connaître. Il est vrai que son scénario est inégal, avec d’un côté une histoire banale, et de l’autre quelque chose de totalement original, qui prend le temps de bien raconter son milieu et l’importance d’un métier plus fort et plus complexe qu’on l’imagine. Si le film n’évite pas certains clichés, il offre surtout de jolis moments, du rire et des émotions, et derrière ça encore, il nous offre un joli duo de cinéma qu’on apprécie suivre dans les couloirs de ce CHU. Ce retour de Jennifer Devoldere est de bon augure et l’on espère maintenant ne pas attendre autant de temps pour revoir un film de sa cinéaste.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

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