janvier 17, 2025

Bird – Les Bonnes Fréquentations

De : Andrea Arnold

Avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams, Jason Buda

Année : 2025

Pays : Angleterre, Etats-Unis, France, Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.

Avis :

Cinéaste anglaise, Andrea Arnold s’est fait une très jolie place dans le paysage du cinéma britannique et mondial. Après une carrière à la télévision, c’est à la fin des années 90 qu’elle se met à la réalisation et qu’elle commence à se faire remarquer. Habitué du festival de Cannes dès son premier court, c’est en 2004 qu’Andréa Arnold se fait grandement remarquer avec « Wasp« , son troisième court, avec lequel elle gagne l’Oscar du meilleur court-métrage. Depuis, ses films sont attendus par une partie des cinéphiles, et avec « Bird« , elle fait son retour en salle près de huit ans après son dernier film de fiction, « American Honey« . Oui, entre temps, la réalisatrice avait sorti un documentaire en 2022.

Comme toujours ou presque, c’est du côté de la détresse sociale qu’Andréa Arnold revient avec « Bird« , mais cette fois-ci, tout en gardant ce style qui lui est propre, la metteuse en scène anglaise réinvente son cinéma, en lui injectant quelque chose de surprenant. Mais si l’idée est bonne, et si « Bird » est parcouru de très beaux moments de cinéma, notamment son final qui est purement magique, dégageant une sublime ambiance, il y a aussi quelque chose qui fait que « Bird » ne décolle jamais vraiment. Il y a quelque chose qui fait que « Bird » nous laisse sur le côté, comme s’il y avait trop de choses, trop d’idées, dans le récit et tout ne s’emboîte pas totalement.

«  »Bird« , c’est la conjugaison entre le cinéma social et le cinéma de genre »

Bailey a douze ans. L’adolescente vit avec son frère, Hunter, quatorze ans, sa petite sœur, et son père, Bug, qui s’apprête à se marier à la fin de la semaine. La petite famille habite dans un appartement qui ressemble plus à un squat qu’autre chose. Alors que Bailey ne se réjouit pas forcément du mariage de son père, la jeune fille fait la connaissance d’un homme perdu, Bird. L’homme a quelque chose d’attachant et c’est ainsi que la jeune fille décide de l’aider dans sa quête, et cette dernière va changer beaucoup de choses pour elle, et chez elle…

Au fil de sa carrière, Andréa Arnold s’est bâtie une superbe réputation. Il faut dire que son cinéma est une bouffée de liberté, comme si la réalisatrice n’avait aucune contrainte, faisant ce qu’elle veut, quand elle veut, et surtout, comme elle le veut, et « Bird« , même s’il s’est fait moins fort qu’on ne l’avait imaginé, en est encore une très belle preuve.

« Bird« , c’est encore une fois une plongée dans un cinéma social, qui veut s’approcher au plus près de la vie d’une partie d’une population, que l’on pourrait appeler des laissés-pour-compte. Dès son ouverture, la réalisatrice nous présente ses personnages, et il y a quelque chose de solaire qui s’échappe d’eux, même s’ils croulent sous les problèmes, les désaccords, ou encore la misère, essayant comme ils le peuvent de s’en sortir. Puis arrive Bird, et tout le mystère qui va avec, et c’est petit à petit qu’Andréa Arnold fait basculer son film vers quelque chose de plus fantastique. « Bird« , c’est la conjugaison entre le cinéma social et le cinéma de genre, un peu comme si on pouvait le résumer avec des hommes et des oiseaux.

« le film tient une spontanéité qui est propre au cinéma d’Andréa Arnold« 

Plein d’idées et doté d’une superbe mise en scène, même si le film a ses longueurs, ce qui va décevoir finalement avec « Bird« , c’est la confusion de ce qu’il raconte. Faisant l’effet d’un accordéon, « Bird » offre parfois de l’extraordinaire, parfois de l’intrigant, beaucoup d’intrigue, ce qui ne cesse de piquer la curiosité, mais avec ça, il y a aussi ce scénario qui veut raconter trop de choses à la fois, et même si le côté fantastique du film est bien mis en scène, dans ce récit-là, avec ces personnages-là et cette ambiance-là, il y a comme un blocage, comme si l’ensemble avait du mal à se conjuguer.

Après, c’est dommage, car le film tient une spontanéité qui est propre au cinéma d’Andréa Arnold, et ça, ça fait que même si on n’adhère pas à tout, et que le film peut nous relâcher de temps en temps, sur l’ensemble, le moment passé est intéressant. Évidemment, avec ce scénario, la réalisatrice en profite pour décrire au plus près un moment où les personnages ont bien du mal vivre pleinement, partagés entre de vrais moments de bonheur, où il faut savoir profiter de ces instants-là, et des moments plus sombres, où la violence prédomine. Famille recomposée, alcoolisme, misère sociale, violence faite aux femmes, débrouille, éducation, le film est riche, comportant tout ce qui fait le cinéma d’Andréa Arnold.

Comme toujours, la réalisatrice a fait le choix de mélanger acteurs professionnels et acteurs non professionnels, et si Barry Keoghan est extraordinaire dans la peau de ce très jeune père de famille, si Franz Rogowski est étrange au possible, comme souvent, « Bird« , c’est surtout la révélation Nykiya Adams. Andréa Arnold a découvert la jeune fille dans une école du Kent, et même si parfois, on peut être perplexe face à certaines réactions du personnage, la jeune fille est extraordinaire, crevant l’écran à tout instant.

Au bout du compte, « Bird » est un film qui respire le cinéma d’Andréa Arnold à plein poumon, et tout en respirant ce cinéma, il arrive à réinventer le cinéma de sa cinéaste. Alors, c’est vrai que parfois, le tout a du mal à se conjuguer, ce qui peut laisser un goût de déception, mais sur l’ensemble, « Bird » est une belle proposition de cinéma, qui se laisse suivre avec intrigue, et au-delà de ça, qui nous entraîne vers un final ô combien magnifique.

Note : 14/20

Par Cinéted

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