
De : Halina Reijn
Avec Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas, Sophie Wilde
Année : 2025
Pays : Etats-Unis
Genre : Erotique, Thriller
Résumé :
Romy, PDG d’une grande entreprise, a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux filles épanouies et une carrière réussie. Mais un jour, elle rencontre un jeune stagiaire dans la société qu’elle dirige à New York. Elle entame avec lui une liaison torride, quitte à tout risquer pour réaliser ses fantasmes les plus enfouis…
Avis :
Halina Reijn est une cinéaste néerlandaise, dont la carrière commence en tant qu’actrice, au début des années 90. Alors qu’elle entame des études de théâtre, Halina Reijn passe les années 90 à jouer pour le petit écran, commençant à se faire sa petite renommée. Avec les années 2000, elle passe aux grands écrans, et joue devant la caméra de la crème des réalisateurs néerlandais. Alex van Warmerdam, Paul Verhoeven, Paula van der Oest, et puis à l’international, Bryan Singer, Peter Greennaway ou Christian Zübert. Avec son amie Carice van Houten, elle monte sa maison de production en 2015, et réalise son premier film, « Instinct : Liaison interdite« , en 2019.

« Babygirl » est le troisième long-métrage d’Halina Reijn, et c’est son premier film qui la fait grandement remarquer. Il faut dire que le prix surprise au dernier festival de Venise pour Nicole Kidman y est pour quelque chose. Puis la presse s’en est mêlée, indiquant là qu’on a même le droit au meilleur film de l’année… Et au-delà de ça, que « Babygirl » se posait comme un petit bijou de féminisme, osant montrer les désirs d’une femme comme on ne l’avait jamais vu.
« sur le fond, « Babygirl » est une horreur. »
Alors oui, c’est sûr que Nicole Kidman, dans ce qu’on lui demande de jouer, est incroyable d’un bout à l’autre, mais alors sur le fond, « Babygirl » est une horreur. Si cela est du féminisme, si cela élève l’image de la femme, qui ici se retrouve rabaissée par un petit con prétentieux et insupportable, alors je reste sans voix. Moche, vulgaire et pénible, ce qui se posait comme un thriller érotique, ou un drame érotique, n’a rien de ça.
Romy, la cinquantaine, est au sommet. Romy est une femme qui est la PDG d’une immense entreprise. Mariée, mère de deux enfants, heureuse en ménage, même si, dans l’intimité, les rapports avec son mari ne l’emmènent jamais jusqu’à l’orgasme, Romy est une femme bien dans son époque, qui est épanouie, même si elle fait avec certaines choses qui ne vont pas. Puis un jour, Romy rencontre à son travail Samuel, un jeune stagiaire ambitieux, énigmatique et magnétique. Commence alors une liaison torride, faite de domination…
« Babygirl » ou comment résonne la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. « Babygirl« , c’est une déception, et plus encore, on pourrait aisément dire que « Babygirl » est une arnaque, mais attention, c’est une arnaque étonnante. En effet, à l’heure de me too, il est vrai qu’oser un film qui rabaisse l’image de la femme dans des jeux sexuels de domination, il fallait le faire.
« ce n’est pas très subtil »
Mais voilà, si on peut saluer la prestation de Nicole Kidman qui est bluffante, tenant un rôle difficile, qui l’emmène dans des scènes où il va être question d’être entièrement soumise à un jeune homme, si, visuellement parlant, le film a son petit cachet, notamment dans sa mise en lumière qui est jolie, pour le reste, « Babygirl » est un film qui ne va absolument pas. C’est un film qui se veut féministe et subversif en même temps, mais finalement, c’est un film qui nous montre ce que l’on connaît déjà, ce que l’on a déjà vu, et surtout, au-delà de ça, entre ce qu’il voulait faire, ce qu’il nous vend, et ce qu’il est, il y a un fossé immense.
Ainsi, là où on nous avait vendu l’émancipation d’une femme, qui va renaître à travers le sexe, l’épanouissement et l’orgasme, on se retrouve devant l’histoire d’une femme, PDG d’une immense entreprise, ce qui signifie une femme de pouvoir, et ici, on va nous raconter comment cette femme qui dirige tout est bloquée et prend alors du plaisir en étant rabaissée plus bas que terre. Il est évident qu’une femme de pouvoir ne peut trouver du plaisir que dans l’inverse de ce qu’elle montre au reste du monde. À la rigueur, pourquoi pas, ce n’est pas très subtil, mais pourquoi pas. Le souci, c’est aussi tout ce qui va autour, à commencer par la relation avec ce jeune garçon, qui se fait ultra prétentieux et insupportable, le personnage n’écoutant que son désir et son plaisir.
« Même dans « Cinquante nuances de Grey« , il y a plus de respect et de consentement «
On essaiera bien de nous faire croire à une relation qui a ses beaux instants, mais la plupart du temps, ce sont surtout des regards hautains, de la non-écoute, de l’égoïsme, et pire encore, à un moment donné, il y a plus qu’un malaise, avec une scène dans une chambre d’hôtel. On nous a toujours appris que le consentement était la base, et qu’un non veut dire non… Et Halina Reijn ne doit pas forcément être au courant de cette règle de base, proposant un film où à un moment donné, le personnage répète non trois fois, se débat quelque peu, mais le masculin s’en fout, puis au-delà de ça, le personnage est tellement emporté par le plaisir de l’instant, de la soumission, que finalement, ces trois non veulent dire oui, oui et oui. Au secours !
Même dans « Cinquante nuances de Grey« , il y a plus de respect et de consentement qu’avec ce film. Après, le film restera constant, car en plus de ça, il va y avoir du chantage, aussi bien masculin, lorsque le personnage d’Iris veut quitter son jeune stagiaire, et même du chantage entre les femmes, car elles ne s’acceptaient pas et débordent de jalousie… Au bout de cela, après avoir fait de sa vie un enfer, tout se conclura bien pour le personnage d’Iris, qui sera libérée de stagiaires, et trouvera enfin une complicité sexuelle avec son mari, le pauvre Antonio Banderas qui en prendra plein la tronche une bonne partie du film.

Au bout de tout cela, cette séance de « Babygirl » fut longue, malaisante, incompréhensible, ringarde, vulgaire, et même dangereuse, avec cette séance d’hôtel où trois non veulent dire oui. « Babygirl » est une arnaque, et personnellement, je reste ultra surpris des avis dithyrambiques de la presse, qui nous vante la vision d’une femme sur le désir féminin, alors que le film est tout l’inverse. Et derrière ça, comment Nicole Kidman a pu autant se faire avoir avec un tel scénario… Bref, ce qui devait être l’une des plus belles séances de Janvier 2025 s’est posée comme l’une des pires !
Note : 06/20
Par Cinéted