
Titre Original : Yeohaengjaui Pilyo
De : Hong Sang-Soo
Avec Isabelle Huppert, Hye-Young Lee, Hae-Hyo Kwon, Yunhee Cho
Année : 2025
Pays : Corée du Sud
Genre : Drame
Résumé :
Iris a récemment débarqué à Séoul. Pour faire face à ses difficultés financières, cette femme, qui semble venir de nulle part, enseigne le français à deux sud-coréennes avec une méthode bien à elle.
Avis :
Le très prolifique cinéaste coréen Hong Sang-Soo est de retour six mois à peine après son dernier film, et pour son trente-deuxième film, le réalisateur retrouve Isabelle Huppert. En effet, Hong Sang-Soo et Isabelle Huppert, c’est une histoire qui commence il y a treize ans de cela, avec « In The Country« . Le duo s’était retrouvé par la suite en 2018 avec « La caméra de Claire« . J’ai toujours aimé lorsqu’un metteur en scène est fidèle à des acteurs et des actrices et inversement, et l’idée de revoir Isabelle Huppert chez Hong Sang-Soo me tentait, et ça, bien que le cinéma de ce cinéaste ne soit clairement pas ma tasse de thé. Mais bon, il y a l’optimiste en moi qui ne cesse d’y croire encore et encore.

Mais encore une fois, ce n’est pas avec ce film que le cinéma de Hong Sang-Soo arrivera à me charmer et m’emporter. Film minimaliste, « La voyageuse« , sur le papier, avait quelques arguments pour lui, mais malheureusement, une fois à l’écran, cette « … voyageuse » ne raconte pas grand-chose et pose un ennui si profond, qu’il y a même un moment où je me suis retrouvé à suivre le film de manière totalement déconnectée, n’arrivant même à pas comprendre ce que le scénario cherchait à me raconter. Sorte de déambulation dans les rues de Séoul où l’on suit une Isabelle Huppert déconnectée et alcoolisée, essayant de convaincre ceux qui veulent l’écouter qu’elle a une méthode révolutionnaire pour enseigner le français. Le temps s’allonge, et une fois que le générique libérateur arrive, cette « … voyageuse » s’efface de notre mémoire d’emblée, c’est dire !
« »La voyageuse » est un film qui sonne comme un trou noir »
Iris habite à Séoul depuis peu. Iris enseigne le français et elle a une méthode bien particulière, qui consiste à jouer sur les émotions, car une phrase apprise dans l’émotion restera en mémoire. Entre deux élèves, Iris flâne dans les rues de Séoul, boit un alcool coréen qu’elle adore et mange pas mal de petits plats…
C’est dingue comme parfois une petite heure et demie, ça peut être très, très, très, très long. J’aurais adoré enfin trouver un film de Hong Sang-Soo bien, mais je vais devoir tristement me résigner et admettre que parfois, il y a des cinémas qui ne sont tous simplement pas faits pour nous. Des cinémas qui ne me parlent pas, et plus dur encore, qui m’ennuient profondément.
« La voyageuse » est un film qui sonne comme un trou noir pour moi. C’est un film que je viens tout juste de voir, et qui pourtant, quelques heures après son visionnage, s’efface déjà et il y a cette sensation assez étrange qui s’impose, est-ce que je l’ai vraiment regardé ? Pour écrire ces quelques lignes, je me retrouve obligé de faire un effort, et aller chercher « dans mes souvenirs », c’est dire l’ennui sidérant et surtout la non intrigue que le film de Hong Sang-Soo m’a raconté.
Si je cherche du côté de son scénario, j’aurais presque envie de dire que « La voyageuse » n’en a pas. Le film se pose plus comme une déambulation le temps d’une journée dans la vie d’un personnage, qui ne fait que raconter des banalités, qui picole pas mal, lit, ou plutôt se fait lire, des poèmes gravés sur des pierres, étonne des personnages avec une méthode d’apprentissage de langue qu’elle a inventée. Puis elle joue de la flûte dans un parc, avant d’être retrouvée par un ami, pour partir on ne sait où.
« C’est fade, sans vie »
Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cela face à un film, et alors qu’il n’a pas de fin (comme il n’a pas de début), au moment même où les personnages s’en vont à deux et s’enfoncent dans cette forêt, j’avais accepté que le film se conclut ainsi, juste pour être libéré et retrouvé la vie en dehors de cette salle de cinéma, où la vie justement s’était arrêté. En une heure et demie, aucune émotion ne s’est invitée, pas de rire, pas de joie, pas d’intrigue ou de piquant, même pas un ressenti face à un personnage, sinon l’étrange sensation en regardant les acteurs, que ces derniers sont aussi perdus que nous.
En me renseignant sur le film, j’ai lu que les acteurs avaient généralement leur dialogue la veille pour le lendemain, voire le matin même, et ça se ressent, car à plus d’un moment, ils sont comme perdus, et improvisent comme ils le peuvent, sauf que les conversations tournent en rond. Puis, lorsqu’ils ne savent plus comment animer une conversation, des rires gênés s’imposent. D’ailleurs, peut-être est-ce l’ennui qui m’a fait voir cela, peut-être ai-je voulu me concentrer sur ce que je pouvais, mais il n’y a pas un comédien pour rattraper l’autre. C’est assez aberrant de les voir aussi perdu que ça, le pire étant une scène dans un appartement entre une mère et son fils, autour d’une crise de jalousie où la comédienne est totalement perdue, et entre deux crises, elle rigole et essaie tant bien que mal de se reprendre.
Bref, c’est dingue. Et du côté de la mise en scène de Hong Sang-Soo, c’est plus que compliqué. C’est fade, sans vie, c’est long, ça traîne, et c’est moche…

Au bout du compte, je pense que le cinéma de Hong Sang-Soo n’est pas fait pour moi. Il faut que j’arrête de m’accrocher comme cela. Moi, l’optimiste né, celui qui cherche toujours à se raccrocher à quelque chose, qui cherche toujours le bon côté, ici, il n’y a rien de tout cela, et cette « … voyageuse » arrive à faire l’exceptionnel, c’est-à-dire que c’est vain. Aucune intrigue, aucun intérêt, et finalement, il n’y a que l’ennui et la sensation d’être piégé devant un film qui ne va jamais se conclure
Note : 04/20
Par Cinéted