novembre 7, 2024

Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet

De : Steven Spielberg

Avec Robin Williams, Dustin Hoffman, Julia Roberts, Bob Hoskins

Année : 1992

Pays : Etats-Unis

Genre : Aventure, Fantastique

Résumé :

Peter Banning alias Peter Pan est devenu un brillant avocat d’affaires qui a tout oublié de ses merveilleuses aventures. Mais le terrible capitaine Crochet, lui, n’a pas oublié. Pour enfin régler leur compte, il enlève une nuit Jack et Maggie, les enfants de Peter. C’est en compagnie de Tinkerbell que Peter s’envole à nouveau pour le pays de Nulle Part.

Avis :

Depuis son plus jeune âge, Steven Spielberg est un fan absolu de Peter Pan de J.M. Barrie. Dès l’âge de onze ans, il met en scène l’histoire pour son école, et on retrouve de nombreuses références au roman à travers les autres films de Spielberg, comme par exemple dans E.T. où la mère raconte l’histoire à sa fille pour qu’elle s’endorme. A quelque part, il était presque logique que le réalisateur mette son nez là-dedans pour en faire une autre histoire, voire même une suite. Et c’est ce qu’il va faire au début des années 90 en tournant Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet, suite presque directe à l’histoire originelle. Aujourd’hui, le film est considéré pour beaucoup comme l’un des plus mauvais films de son réalisateur. Pourtant, malgré des défauts évidents, Spielberg arrive encore à nous faire rêver et à passer un joli message.

Il faut dire que dans son écriture, le film n’a rien d’exceptionnel, et on sait exactement comment il va finir. On suit tout d’abord un Peter devenu adulte, qui a complètement oublié qu’il a été un enfant perdu, et qui se noie dans le travail, loupant par la même occasion les matchs de baseball de son fils, ou écoutant à moitié la pièce de théâtre de sa fille. Bien évidemment, on y voit déjà la critique du monde du travail et cette aliénation que l’on a en rapport au boulot, comme si travailler était plus important que vivre et profiter de ses proches. Un message qui résonne fort aujourd’hui, où l’on voit une sorte d’obsession autour du travail et du monde du chiffre. Ici, Spielberg chausse de gros sabots, mais d’un autre côté, on sait que le film est à destination des enfants, et que parfois, l’explicite est plus compréhensible.

« On aura droit à un récit initiatique plutôt plaisant. »

Un message qui se renforce sur son final, où un homme retrouve sa part d’enfant et comprend qu’il a perdu une partie de son âme dans un boulot qui lui prend trop de temps. Bien sûr, il y a d’autres messages importants dans ce long-métrage, notamment à destination des adultes. Lorsque Peter part dans le monde imaginaire, il doit renouer avec ses instincts d’enfant et retrouver une âme heureuse, joueuse et imaginative. Ce qu’il a perdu en devenant adulte, père de famille et travailleur stakhanoviste. Tout le déroulement du film joue alors sur la quête de la redécouverte de son âme d’enfant, de son imagination débridée pour donner vie à toutes sortes de folies. On aura droit à un récit initiatique plutôt plaisant, balisé, mais qui va montrer qu’il ne faut pas perdre cette part d’espièglerie en nous, au risque de devenir aigri et d’oublier l’essentiel.

Là où le film bat un peu de l’aile au niveau de son script, c’est sur sa caractérisation du grand méchant. Le capitaine Crochet est un personnage volubile, atypique, mais qui n’a qu’une seule motivation, celle de défaire Peter Pan, quitte à lui piquer son fils. Si c’est grâce à lui que Peter découvre qu’être père est un réel bonheur et une voie essentielle pour vivre sa vie, il est aussi un protagoniste exubérant pour rien, qui ne représente pas vraiment un danger. Si ce n’est sur la fin, où l’on va voir que cet homme peut tuer, même des enfants. Mais il manque cruellement une touche soit romantique, soit émotionnelle au personnage, qui se perd dans des gestuelles pénibles ou des tergiversations qui ne sont pas vraiment drôles. On retrouve la même scorie à travers le personnage de Mouche, qui se veut juste être une touche comique.

« On ne retrouve pas forcément l’inventivité d’un Jaws ou la ferveur d’un Duel. »

Au niveau de la mise en scène, Steven Spielberg va faire moins impressionnant que pour ses autres films. Il faut reconnaître que parfois, certaines scènes ne sont pas très intéressantes et manquent d’impact. Le moment où Robin Williams fuit les enfants au sein de l’arbre, on a l’impression de regarder un quelconque film familial réalisé par n’importe quel quidam. Le coup des skateboards, de cet espèce de char à voile sur rail, ou encore les flèches en sucre, tout cela manque d’impact et d’implication. Cependant, difficile de faire la fine bouche autour des combats à l’épée, qui sont lisibles et plutôt bien shooté. Tout comme les effets visuels qui fonctionnent encore aujourd’hui, malgré quelques incrustations un peu désuètes. Et l’autre point positif concerne les décors, qui sont splendides, notamment la cabine du capitaine Crochet. Mais on ne retrouve pas forcément l’inventivité d’un Jaws ou la ferveur d’un Duel.

Reste alors le casting, qui est plaisant. Bien évidemment, difficile de trouver quelqu’un d’autre que Robin Williams pour jouer le grand enfant. L’acteur, qui manque énormément, est très bon dans ce registre, et semble se régaler. Il est touchant et semble être né pour ce genre de rôle. Dustin Hoffman est aussi intéressant en capitaine crochet, dans un rôle un peu à l’opposé de ce qu’il propose d’habitude, et malgré son surjeu perpétuel, en accord avec le personnage de base, il reste plaisant. C’est surtout Julia Roberts qui sera sous exploitée. L’actrice devra se contenter de quelques plans sur elle où elle va sourire et rire aux bêtises des enfants, mais son rôle reste assez factice. Et même si elle détient l’une des plus belles phrases du film, elle reste trop discrète. Quant aux divers enfants, on reste sur une certaine naïveté qui concorde avec l’un des thèmes de l’histoire.

Au final, Hook est un film qui ne se démarque pas forcément de la filmographie de Steven Spielberg. Malgré des défauts évidents, il ne faut pas oublier que le long-métrage est à destination première des enfants, et que pour cela, le réalisateur semble assagir sa mise en scène. S’il manque des éléments marquants et une réelle inventivité dans la réalisation, il n’en demeure pas moins que les différents messages sont beaux et résonnent encore aujourd’hui comme d’actualité. Alors certes, ce n’est pas le meilleur du cinéaste, mais ce n’est pas non plus son pire, surtout qu’il est difficile de dire non à ce petit voyage naïf et onirique.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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