décembre 10, 2024

Duel – Monstre Mécanique

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De : Steven Spielberg

Avec Dennis Weaver, Lucille Benson, Eddie Firestone, Jacqueline Scott

Année : 1971

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Sur une route californienne, un modeste employé de commerce se voit pris en chasse par un énorme camion. Une course-poursuite effrénée s’engage…

Avis :

Souvent décrié comme un sous-genre du cinéma. Souvent moqué pour des réalisations caduques et des scénarios à la ramasse, le film d’horreur est perçu par beaucoup de monde comme quelque chose de malsain et de profondément stupide. Et pourtant, il est amusant de constater que de nombreux réalisateurs aujourd’hui intouchables ont commencé leur carrière dans ce genre. James Cameron, Peter Jackson ou encore Steven Spielberg, tous ont fait leur petit film d’épouvante ou thriller à tendance horrifique. Duel est considéré pour beaucoup comme le premier film de tonton Spielby, mais ce n’est pas tout à fait vrai. En effet, après quelques courts-métrages, il a réalisé Firelight en 1964 et un épisode de la série Night Gallery, l’Envers du Décor. Quoiqu’il en soit, c’est avec le thriller Duel qu’il commence à se faire un nom et on comprend aisément pourquoi tant les années n’ont pas eu de gros impacts sur lui et le film demeure toujours une satire acide de l’avènement des nouvelles technologies.

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Le film se déroule sur une route aride perdue au beau milieu des Etats-Unis. Un homme, seul, doit se rendre à un rendez-vous avant de rentrer chez lui. Il double un camion-citerne en piteux état, mais il se rend vite compte que celui-ci est conduit par un malade mental qui va se lancer dans une course-poursuite mortelle. Le pitch est court, il tient sur un post-it et pourtant Steven Spielberg va en faire un film culte, lui ouvrant les portes du succès et de la reconnaissance. Comment ? En plusieurs points essentiels pour tout cinéaste. Tout d’abord, il va livrer une réalisation sans faille, inspiré et qui va inspirer par la suite d’autres réalisateurs. Il ne mise pas tout sur la vitesse, mais lorsque des scènes requièrent ce genre de sensation, alors la caméra est au plus près de la route, le long de la carlingue du camion afin de rendre cette sensation plus prégnante chez le spectateur. Et force est de constater que cela marche du tonnerre, rajoutant une dose de d’adrénaline au film et montrant que malgré un scénario mince, une réalisation inspirée peut faire la différence. Mais ce n’est pas tout. Steven Spielberg alterne des scènes d’action avec des scènes plus intimistes, plus stressantes, avec une aisance ahurissante. De ce fait, le héros de ce film n’est jamais à l’abri et même lorsqu’il est entouré ou hors de sa voiture, le danger est toujours présent.

Fort de cette réalisation impeccable, Dennis Weaver livre lui aussi une prestation sans faille. Seul véritable acteur à l’écran, il réussit le triple-jeu entre angoisse, énervement et incompréhension. Cependant, et c’est une grande force du film, on aura du mal à sentir de l’empathie pour ce père de famille. Bien qu’il ne fasse rien de mal, il sera agaçant à plusieurs reprises et aura du mal à se faire entendre à cause de sa propension à la panique et à la suspicion. A différents moments, il est à la limite de l’irrespect, ce qui fait que l’on se demande s’il n’a pas mérité son sort. Un sort qui nous est inconnu et qui prend la forme d’un camion rouillé conduit par un inconnu. Encore une fois, le fait de ne pas voir le visage du meurtrier est une excellente idée, personnalisant le véhicule comme un être vivant. Ainsi, il y a comme une humanisation du véhicule qui devient un tueur avide de sang.

Et c’est la volonté première du réalisateur qui souhaitait donner une dimension critique à son film. Loin de la bête course-poursuite, le film se veut un moyen de montrer que les nouvelles technologies sont dangereuses et que l’homme risque fort d’en être dépendant. Visionnaire ? Certainement. D’autant plus que le camion semble boosté pour avoir une vraie vitesse, ce qui aura peut-être une influence sur d’autres films lorgnant vers le même genre comme Mad Max de George Miller par exemple. On remarquera aussi que le film jongle parfaitement avec les genres, et notamment le film de genre, avec des moments de tension (la scène du bar avec les différents suspects) et des moments de vraies frayeurs, comme lorsque le camion essaye de pousser la voiture contre un train en pleine vitesse. Enfin, on peut aussi voir dans ce film une certaine déshumanisation de l’homme. Outre la projection du camion et du chauffeur qui ne font plus qu’une machine mécanique infernale, les rapports entre les humains sont limités au strict minimum et toujours sujets à des contradictions ou des discussions animées. Encore une fois, Steven Spielberg montre un côté visionnaire et une réelle envie de faire plus intelligent qu’il n’y parait.

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Au final, Duel est un grand film qui marquera toujours les esprits par son intelligence alors que son pitch est aussi maigre qu’un anorexique. Entre des courses-poursuites de grande qualité et des moments de thriller intenses, le film de Steven Spielberg, considéré à ce jour comme son premier, reste un indémodable du genre, qui inspirera bien d’autres réalisateurs à suivre la même route par la suite.

Note : 18/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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