avril 16, 2024

Avengers Endgame – Pour Qui Sonne le Glas?

De : Anthony et Joe Russo

Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Chris Hemsworth

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Super-Héros

Résumé :

Thanos ayant anéanti la moitié de l’univers, les Avengers restants resserrent les rangs dans ce vingt-deuxième film des Studios Marvel, grande conclusion d’un des chapitres de l’Univers Cinématographique Marvel.

Avis :

Onze ans. Cela fait maintenant onze ans que l’on se tape du Marvel au cinéma depuis l’arrivée d’Iron Man dans les salles obscures. Doit-on s’en plaindre ? Non, puisque cela a bercé de nombreuses adolescences et qu’au final, rarement une aussi grande saga n’aura été aussi épique et variée. Doit-on alors s’en réjouir ? Peut-être pas puisqu’on ressent aussi une sorte de main mise sur le blockbuster et même le septième art en général, le MCU ayant en quelque sorte lissé les films à gros budgets pour qu’ils ne sortent pas qu’un carcan bien précis. Et si on rajoute à cela un abattage médiatique massif et bien lourd, occultant tout sur son passage, on se demande bien qui peut survivre à un tel chamboulement. Quoiqu’il en soit, que l’on aime ou pas Marvel et ses films, il faut reconnaître que la firme a mené son barque avec vigueur et un certain talent. Si les films sont inégaux, les fresques épiques qui en sont souvent sorties donnent une certaine splendeur au cinéma, même si c’est tout le contraire de la finesse. Un cinéma pop-corn, grandiloquent, souvent très con, mais foutrement divertissant. Ainsi donc, Marvel arrive à son premier grand final (on se doute bien que la poule aux œufs d’or ne va pas s’endormir de sitôt) et les attentes sont énormes.

Il faut dire que nous avions quitté un Infinity War diablement généreux et surprenant de par sa fin, qui mettait le grand Thanos en vainqueur, éliminant la moitié de la population vivante d’un claquement de doigts. De ce fait, les frères Russo savaient qu’ils n’avaient pas tellement le droit à l’erreur et la campagne marketing qui a accompagné le film fut dévastatrice. Bande-annonce énigmatique, affiches à ne plus savoir qu’en faire, jouets qui commençaient à se dévoiler avant la sortie du film, rumeurs autour des contrats des acteurs, bref, il fallait que l’on parle à tout prix d’Avengers Endgame, jusqu’à évoquer la durée du métrage, trois heures, comme si faire un film long était un gage de qualité et de scénario touffu. Mais comme on le sait, quand une campagne de pub est aussi martelée, c’est souvent pour cacher un loup et est-ce le cas avec ce gros blockbuster qui défonce tous les box-offices du monde ?

Avengers Endgame est découpé en trois actes bien visibles. Le premier tiers se déroule de suite après les évènements du premier et s’avère l’élément dramatique du métrage, montrant l’évolution de certains personnages et le mal-être qui habite tous les super-héros, se sentant dépassés par les évènements. Le deuxième tiers concerne les différentes méthodes que les héros vont trouver pour se sortir de cette situation de crise. Puis le dernier tiers concerne la bataille finale et la conclusion de dix ans de MCU. En agissant ainsi, les frères Russo déroulent un scénario assez simpliste, compréhensible dans sa trame générale et faussement complexe dans sa réalisation. Le plus étrange dans tout ça, c’est que ces trois parties sont complètement déséquilibrées, que ce soit dans la tonalité, dans la réalisation ou encore dans l’esprit dégagé. A force de jouer sur plusieurs tableaux, de vouloir faire du gimmick aux fans de la licence, Avengers Endgame va perdre petit à petit de sa saveur, malgré de bonnes idées et des moments franchement réjouissants. On peut dire que le film est réussi en soi, qu’il clôture parfaitement cette grande réunion, mais il possède aussi des défauts qu’il ne faut pas perdre de vue devant son « euphorisme » ou son côté fan absolu de Marvel.

Le premier acte est assez déroutant. On va suivre des héros en quête de rédemption, en quête de pardon auprès d’un peuple qui est devenu presque fantomatique. Très posée, très calme dans ses propos, cette première phase laisse planer le doute sur les actions des Avengers et sur la possibilité d’un changement soudain. On se rend vite compte que le but des deux réalisateurs est ici de toucher le spectateur avec des personnages supposés surhumains, qui se rendent soudain compte de leur impuissance face à une force qui les dépasse. Si cette première partie est très intéressante dans son déroulement, elle l’est beaucoup moins dans son rythme et dans sa façon d’aborder l’élément déclencheur. En effet, tout cela va provenir de Scott Lang et d’une idée complètement farfelue. On va alors voir les changements de vie de chacun et ce que les actes de Thanos ont entrainé par la suite. Certains protagonistes y ont gagné au change alors que d’autres sont dans une dépression totale. Si le travail sur le background des personnages est plutôt bien fichu, même si on notera de grosses préférences, il n’en sera pas de même sur le ton. Et ce sera un problème récurrent dans le métrage. On passe très vite d’une tonalité dramatique, et même pathos, à quelque chose de rigolo et d’insouciant. Si on doit cela au personnage d’Ant-Man, c’est aussi celui de Hulk qui prend cher. Non seulement le personnage est moins intéressant, mais il devient une sorte d’idole des jeunes qui semble bien vivre sa défaite auprès de Thanos. Bref, il y a un vrai manque de rigueur là-dessus.

Mais le pire viendra clairement de la deuxième phase du film. Ce deuxième acte correspond aux membres restant qui décident de partir dans le passé pour récupérer les pierres d’infinité avant Thanos. Ainsi donc, on va avoir trois groupes qui se forment pour réaliser des missions d’infiltration. La quête est importante, d’autant plus que le film rajoute un ultimatum sur la tête du groupe, ne leur laissant qu’une seule et unique chance. Bref, c’est dans ce moment qu’il faut de la tension, qu’il faut du drame et de la puissance émotionnelle. Malheureusement, le film se plante complètement sur cette phase. Au lieu de fournir un semblant d’aventure et de moments tendus, on partira dans une gaudriole qui ne vaut pas vraiment le coup. On aura droit à des remarques sur le cul de Captain America,(et même lui, pourtant si pragmatique et sérieux, se permettra quelques punchlines pétées) un Hulk qui fait semblant d’être agressif, un Thor poltron et même un War Machine qui se permet de faire des vannes à un Nebula circonspecte. Bref, le film enfile les blagues potaches et les situations gênantes en une heure de temps, sans jamais créer de tension. Le seul groupe qui aura un peu de drame et d’émotion, c’est celui de Black Widow et de Hawkeye, impliquant un moment assez fort et inattendu. Mais c’est trop peu de chose pour relever le niveau de cette partie qui loupe complètement le coche. Il est d’ailleurs très surprenant de retrouver des moments comme ça, des blagues ratées, alors que le film a rassemblé une équipe aussi énorme.

Fort heureusement, le troisième acte va rehausser largement le niveau. Comme on s’en doute, c’est dans cette partie que la bataille finale va avoir lieu. Une bataille intéressante, épique, et qui va montrer toute l’étendue des pouvoirs d’un Thanos serein au départ, mais qui va se faire surprendre. Le temps passe très vite devant ces moments frénétiques mais qui ne sont pas désagréables. Les frères Russo ont calmé le jeu au niveau de la shaky cam et des montages cut au niveau des combats. C’est plus lisible et de ce fait, les impacts sont plus forts et on craint pour les personnages. Cette fois-ci, comme il n’y a pas de suite, que des rumeurs sur les acteurs ont circulé et que l’on ne sait pas trop les plans de Disney pour la phase quatre, on ne connait pas forcément le sort des protagonistes et on a peur pour eux. Il y a une mise en tension qui est bien présente et qui est bien foutue. Pour le coup, les réalisateurs ont bien réussi leur coup sur ce final dantesque et notamment sur une séquence en particulier, sur un grand rassemblement, qui donne des frissons et qui s’avère poignant pour le fan de Marvel. La musique, la mise en place, les apparitions, tout est fait pour caresser dans le sens du poil le fan de Marvel et il serait hypocrite de dire que ce n’est pas bien fait, car cela touche et fonctionne à merveille. Néanmoins, on va rester sur notre faim, car le film va en faire des caisses sur son final, au point d’en oublier l’émotion et de repartir sur une gaudriole à deux balles, dédramatisant l’ensemble et nous laissant avec un goût rance dans la bouche, alors que deux secondes avant, on avait les larmes aux yeux.

Au final, Avengers Endgame est une bonne conclusion à la phase 3 du MCU et marque, qu’on le veuille ou non, un grand moment de cinéma. Le film clôture une énorme saga, inégale certes, mais qui aura fait vibrer des millions de spectateurs et fait venir des gens dans les salles de cinéma. Le film rend un vibrant hommage d’ailleurs au septième art dans diverses références méta et pop, et même si cela peut paraître opportuniste, on peut aussi y voir un certain amour du cinéma et de ce qu’il véhicule. Avengers Endgame est imparfait, il est trop long, se voulant trop grandiloquent, il est mal équilibré au niveau de ses tonalités, de son scénario qui prend souvent des raccourcis, mais globalement, le film fonctionne, offre des personnages attachants avec des évolutions logiques, un rythme effréné et surtout, un dernier acte qui correspond parfaitement à la définition du mot épique.

Note : 14,5/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Une réflexion sur « Avengers Endgame – Pour Qui Sonne le Glas? »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.