mars 29, 2024

Prison 77

Titre Original : Modelo 77

De : Alberto Rodriguez

Avec Miguel Herran, Javier Gutierrez, Jesus Carroza, Catalina Sopelana

Année : 2022

Pays : Espagne

Genre : Drame

Résumé :

Espagne, 1977 : à la fin du franquisme, le pays vit l’un des plus grands moments de liberté de son histoire. Mais le passage à la démocratie ne change rien dans les prisons. Le jeune comptable Manuel risque une peine de 6 à 8 ans pour détournement de fonds, une sanction disproportionnée par rapport au crime commis. Avec son compagnon de cellule, Pino, il s’associe au COPEL, un collectif qui lutte pour les droits des prisonniers de droit commun et demande l’amnistie. Commence alors une véritable révolution qui bouleversera le système carcéral espagnol. Inspiré de faits réels, ce thriller est un récit sur l’amitié, la solidarité et la liberté.

Avis :

Réalisateur espagnol qui s’est joliment installé dans le paysage du cinéma ibérique, Alberto Rodriguez débute au début des années 2000, avant de se faire remarquer à l’international en 2014 avec l’impérial thriller qu’est « La Isla Minima« . D’ailleurs, le film lui vaudra en 2015 les Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur (entre autres, parce que sinon, le film décroche neuf Goya). Avec un tel succès, on aurait pu se dire qu’Alberto Rodriguez allait très vite être de retour et finalement, le metteur choisit de se faire rare, avec seulement deux films depuis 2014 (« Prison 77 » inclus).

Après s’être arrêté sur une affaire d’arnaque dans l’Espagne des années 90, Alberto Rodriguez a décidé de déplacer sa caméra d’une vingtaine d’années en arrière pour la poser dans les années 70 à la fin du Franquisme.

« Précis, intéressant aussi bien pour son univers carcéral que pour le contexte politique. »

Si l’époque est extrêmement intéressante, Alberto Rodriguez va la rendre encore un peu plus, car à l’heure où le pays vit une grande période de son histoire avec la liberté retrouvée, c’est dans les prisons que le réalisateur va s’enfermer, pour s’intéresser à la condition des prisonniers, pour qui l’arrivée de la démocratie dans le pays ne changera pas grand-chose.

Précis, intéressant aussi bien pour son univers carcéral que pour le contexte politique qu’il explore, le nouveau film d’Alberto Rodriguez se laisse regarder avec un intérêt croissant, même s’il faudra toutefois noter que les deux heures de film, au bout d’un moment, commencent en à se faire longues.

Espagne, 1977, le pays est en pleine révolution. Francisco Franco est mort deux ans plus tôt, et petit à petit la démocratie s’installe. Manuel est un jeune comptable de trente ans qui vient d’être arrêté pour détournement de fonds. Il sera jugé, mais il ne sait pas quand. Emprisonné, il risque jusqu’à huit années de prison, une peine qui est démesurée au vu de l’infraction qu’il a commise. En prison, il découvre la violence de ce milieu, zone de non-droit où les gardiens font la loi. Avec son codétenu, il découvre aussi la COPEL, qui est un collectif de lutte pour les droits des prisonniers. C’est à cette époque que commence une révolution du système carcéral espagnol.

« La démarche d’Alberto Rodriguez est passionnante. »

« Prison 77 » est un film carcéral, et dans ses grandes lignes, c’est un film qu’on a déjà vu, car il emmène avec lui tous les passages obligés du film de prison. De ce côté-là, il n’y a rien de vraiment neuf. Confrontations entre détenus, confrontations avec les gardiens, petits trafics, espoir de sortir ou encore des rêves d’évasion sont au programme. Avec ce constat, on aurait pu croire que ce « Prison 77 » se poserait comme un film de prison lambda (qu’il soit bon ou mauvais), mais là où il se démarque évidemment, c’est bien sûr sur tout le contexte de son époque, et derrière, de la politique du pays.

La démarche d’Alberto Rodriguez est passionnante, car à l’heure où l’Espagne retrouve la liberté dans les rues et les foyers, le cinéaste décide d’aller filmer ce qui se passe en prison, lieu de privation de liberté. Et dans ce lieu, là aussi l’envie de liberté se faire grandement sentir. C’est là, piégé entre quatre murs que le réalisateur filme un combat assez dingue. Un combat pour retrouver des droits, et cette confrontation entre détenus et l’administration est vraiment intéressante. Que faire et comment faire pour se faire entendre, et derrière, fédérer ce combat entre les détenus, mais aussi en dehors de la prison ? Puis derrière ça, quels peuvent être les moyens de pression ? Ce combat nous est alors présenté du point de vue d’un « touriste » de prison, puisque Manuel, jeune homme de trente ans, n’a, entre guillemets, rien à faire en prison.

« Le film jouit d’une reconstitution impeccable. »

Avec cette vision et la découverte de ce lieu avec ce personnage, Alberto Rodriguez pose aussi un parcours initiatique où un personnage va devoir s’endurcir, se blinder et garder espoir, face à un système judiciaire qui évolue lentement et n’offre que peu de perspective d’avenir. Si ce côté-là peut résonner comme déjà-vu et évident même avec ce genre de film, le metteur en scène arrive à garder notre intérêt jusqu’au bout de son film, même s’il faut souligner, comme je le disais, que le film, à un moment donné, parait longuet, car comme ses détenus, à un moment, il tourne en rond. Après, le réalisateur sait toutefois nous garder et derrière ça, il nous entraîne vers un final évident et touchant (d’autant plus avec les cartons qui concluent le film avec une prolongation de contextualisation).

Si le film a ses longueurs, « Prison 77 » est un film qui fonctionne bien grâce à la mise en scène de son cinéaste qui fait nous enfermer en prison au plus près de ses personnages, des tensions qui y règnent, des combats et des émeutes. De plus, le film jouit d’une reconstitution impeccable. Que ce soit son époque, ou encore la prison en elle-même, le film respire le souci du détail.

Ainsi, ce nouveau Alberto Rodriguez, qui revient après six ans d’absence, est un bon cru, qui aurait très largement mérité une sortie sur grand écran. Intéressant dans ce qu’il raconte, très bien tenu par ses acteurs, notamment son duo d’acteurs (Miguel Herrán et Javier Gutiérrez) et de personnages auxquels on s’attache, et pour lesquels on ne cesse d’avoir de l’intérêt et du suspens, ne sachant trop où leur histoire va bien pouvoir aller.

Note : 15,5/20

Par Cinéted

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