Avis :
Est-il encore besoin de présenter Nightwish, groupe finlandais de Métal Symphonique qui s’est formé en 1996 sous l’impulsion de Tuomas Holopainen, qui pose ses petits doigts sur le clavier. Le groupe perce vraiment avec les prestations impressionnantes de Tarja Turunen, puis après l’avoir évincée à cause de son mari (qui était aussi son manager), le groupe embauche Anette Olzon, qui apportera un côté un peu plus Pop, avec une voix un peu moins puissante. Néanmoins, la chanteuse quittera le groupe en 2012, laissant sa place à Floor Jansen, qui va donner énormément de sa personne pour faire vivre le groupe, avec aussi Marko Hietala, le bassiste, mais aussi la voix masculine du groupe. Yesterwynde est un effort un peu particulier, car il marque plusieurs changements au sein du groupe, qui sont relativement importants.
En premier lieu, il s’agit d’un album qui clôture un cycle autour de la nature et des humains. Après un Endless Forms Most Beautiful vraiment grisant et un Human :II: Nature clairement pas à la hauteur des attentes, ce dixième album était plus ou moins attendu au tournant. Ensuite, c’est le premier album qui s’est fait Marko Hietala, figure incontournable du groupe. La bassiste a tiré sa révérence pour rejoindre Tarja sur sa tournée, preuve, sans doute possible, que l’ambiance au sein de la formation finlandaise n’est pas au beau fixe. Et s’il fallait une preuve de plus, le groupe a annoncé se mettre en pause à la sortie de cet album, ne voulant pas faire de tournée pour le défendre. Oui, quelque chose pue au royaume de Nightwish. Mais c’est aussi dans la douleur que l’on accouche parfois de petites pépites, et est-ce le cas ici ?
Autant rentrer dans le vif du sujet, il s’agit d’un bon album, mais qui possède encore des relents du précédent. C’est-à-dire qu’aussi bonnes soient les compositions, elles ne marquent pas et manquent d’une identité propre. Le groupe semble en panne d’inspiration, et ne fait que ressasser des sons plus ou moins connus. Et tu as beau faire des titres qui dépassent les neuf minutes, ce n’est pas la longueur d’un morceau qui fait sa qualité. Car après Yesterwynde qui pourrait se voir comme une sorte d’introduction, on a droit à la pièce maîtresse, An Ocean of Strange Islands qui dépasse les neuf minutes, pour une conclusion qui tire en longueur. Tout le titre est plutôt bon, il y a même un moment vraiment solide, mais tout ça se conclut de façon insipide, comme s’il fallait mettre de la roue à vielle à tout prix.
Par la suite, on va assister à des morceaux plutôt plaisants, mais qui manquent cruellement d’intention. The Antikythera Mechanism pourrait posséder de bons moments, mais il reste un Nightwish mineur, qui ne propose pas vraiment de montée en tension. La production est toujours aussi solide et l’orchestration reste volumineuse, mais en dehors de ça, on est sur quelque chose de trop classique, qui ne sort pas de la masse métal symphonique que l’on peut avoir maintenant. Même les fulgurances arabisantes sont bien trop timides pour convaincre et s’imposer. The Day Of arrive à faire illusion grâce à son côté régressif, évoquant presque un titre Eurodance des années 80. Mais là encore, d’un point de vue musical, ça reste très pauvre, voire facile. Et tout cela manque d’envolées, quelles soient lyriques, nerveuses ou atmosphériques. Les finlandais semblent assez éteints et c’est dommage.
Perfume of the Timeless peut faire pencher la balance du bon côté. Le titre est plutôt bon malgré sa longueur, et même s’il met du temps à démarrer, on a enfin des instruments folkloriques qui servent à quelque chose. L’ambiance est plus recherchée, on a un vrai côté « cinéma » et grandiloquent qui fait plaisir à écouter. Sway va revenir à des fondamentaux plus simples et épurés. La guitare sèche est de sortie, le duel de voix féminine/masculine fonctionne bien, et même si ça manque d’originalité, c’est beau et c’est plaisant. The Children of ‘Ata pourrait presque se voir comme le meilleur titre de l’album, avec son côté popisant qui n’oublie pas les grattes, et c’est dans ces moments-là que l’on tutoie ce qu’aurait pu être cet album avec un peu plus de travail (et certainement une ambiance plus apaisée au sein du groupe).
Something Whispered Follow Me est un titre assez transparent au sein de l’album. Il a beau durer plus de six minutes, c’est un morceau agréable, mais qui manque d’ambition et de moments qui frappent plus. On prendra plus de plaisir sur Spider Silk qui manque progressivement autour d’une belle rythmique et de quelques moments vraiment pêchus. Là, au moins, la gratte sert à quelque chose, et s’associe parfaitement à la batterie. Hiraeth est aussi un bon titre, mais il met trop de temps à décoller et à vraiment prendre de l’ampleur. Et puis il faut reconnaître que le chant de Marko Hietala manque vraiment, avec son grain si particulier. The Weave tente une percée un peu plus nerveuse, notamment via la double-pédale, mais tout cela manque d’un côté plus franc du collier. Enfin, Lanternlight clôture l’album en douceur. La ballade est belle, même si elle ressemble à du… Disney !
Au final, Yesterwynde, le dernier album de Nightwish, est un peu mieux que le précédent, mais il n’est pas à la hauteur des précédentes productions du groupe. Si on retrouve quelques élans de nervosité et une orchestration toujours aussi imposante, il y a trop de morceaux transparents, qui montrent que le groupe a un peu perdu de son mojo, de sa motivation, et qu’il se délite petit à petit. Bref, il en résulte un album plaisant, peut-être symptomatique de la tension résidant au sein du groupe, qui veut faire trop grand, trop gros, quitte à se perdre dans une narration qui n’a plus vraiment d’intérêt musical au bout du compte.
- Yesterwynde
- An Ocean of Strange Islands
- The Antikythera Mechanism
- The Day Of
- Perfume of the Timeless
- Sway
- The Children of ‘Ata
- Something Whispered Follow Me
- Spider Silk
- Hiraeth
- The Weave
- Lanternlight
Note : 15/20
Par AqME