Auteurs : Steve Niles, Dennis Calero, Diego Olmos et Nat Jones
Editeur : Panini Comics
Genre : Horreur
Résumé :
On se retrouve dans un laboratoire pour voir comment nait l’infection. Puis on suit les tribulations d’une famille dans Londres qui commence à se faire dévastée. Et enfin, on évolue avec un survivant dans un Londres envahit de contaminés.
Avis :
Il fut un temps où l’industrie du comics s’amusait grandement à surfer sur les succès des films qui sortaient dans les salles de cinéma. Et si bien souvent, cela touchait le cinéma d’horreur (notamment avec des sorties concernant Leatherface, Jason Vorhees ou encore Freddy Krueger), on pouvait voir popper d’autres sorties plus incongrues. Bien évidemment, cela occulte toute la partie super-héros dont les films sont en partie inspirés des comics. Bref, revenons à nos moutons, et à ces sorties qui espèrent attirer le chaland, ou tout du moins celui qui a aimé le film, et qui souhaite prolonger l’expérience à travers d’autres histoires dans le même univers. C’est donc en 2007 qu’arrive chez nous 28 Jours Plus Tard le Contrecoup, un comic dont l’action se déroule avant, pendant et après l’épidémie, se concentrant sur quelques personnages. Et comme on peut s’en douter, l’opportunisme ne paie pas.
Le scénario est écrit par un seul homme, Steve Niles, que l’on connait pour son travail sur 30 Jours de Nuit. On peut donc espérer une nouvelle réussite avec ce spin-off, mais on va tomber de haut. En effet, ici, l’histoire se compose en quatre chapitres, et les trois premiers se basent sur des protagonistes différents, qui se retrouveront dans le quatrième et dernier chapitre. En premier lieu, on va donc suivre deux scientifiques qui mènent une expérience pour inhiber la violence chez les humains, et après un échec sur un homme, ils décident de mener l’expérience sur un singe, qui va s’échapper du laboratoire. Ce premier chapitre se clôt sur le suicide d’un des deux scientifiques qui vient de balancer les expériences à un groupuscule d’activistes qui souhaite protéger les animaux. Bref, le démarrage est tout ce qu’il y a de plus classique dans une histoire d’infectés.
Le deuxième chapitre s’axe alors autour d’une famille tout ce qu’il y a de plus banal. On voit donc un couple avec trois enfants qui font un pique-nique, et alors que tout se passe pour le mieux, le plus jeune des enfants se fait attaquer par le singe qui s’est échappé du laboratoire, et c’est comme cela que la maladie va se répandre. Dès lors, ce couple va tout faire pour protéger les deux adolescents qui leur reste, quitte à se sacrifier pour qu’ils puissent survivre. Et dans le troisième chapitre, on va juste suivre un type, seul, qui considère que Londres lui appartient, et qui prend la décision de buter tous les infectés à lui tout seul. Seulement, il découvre qu’un autre type erre dans les rues, et il va alors tout faire pour le tuer. Manque de bol, l’armée arrive à ce moment-là.
Comme dit auparavant, tout ce petit monde se retrouve dans le dernier chapitre, qui posera une conclusion complètement à côté de la plaque. On se retrouve alors dans une zone de quarantaine dirigée par l’armée, et les deux ados aident à la bonne gestion du lieu, tandis que le survivaliste fait des esclandres à tout va, puis le scientifique que l’on pensait mort s’est raté et va révéler de terribles secrets. Et tout ce petit monde va se dire des choses qu’il valait mieux taire, pour terminer dans un bain de sang qui n’aura aucun intérêt. Et c’est bien là tout le problème de ce comic, qui ne propose rien de nouveau, pas même un thème intéressant, ou la moindre réflexion.
Les plus entêtés diront qu’il y a le sacrifice des parents pour sauver leur futur, ou encore le nihilisme d’un homme blessé par la perte de proches, mais tout cela se perd dans un grand sentiment de vacuité. La dernière planche est un vrai foutage de gueule, et il n’y a rien de pire que de refermer un bouquin et de se dire : « tout ça, pour ça ». Et c’est ce qui se passe ici, avec un scénariste qui veut jouer au plus malin, mais qui n’arrive même pas à saisir l’ambiance effroyable du film de Danny Boyle, car on ne sent jamais ce sentiment d’insécurité, d’urgence et de méfiance de l’autre. On ne tremblera même pas pour les personnages, qui sont tous antipathiques, entre cette famille un peu dysfonctionnelle, ce type esseulé revanchard, ou encore ces scientifiques prêts à sacrifier des vies pour leurs expériences.
Et histoire de rajouter une petite cerise sur le gâteau, les dessins seront complètement incohérents. Ici, on retrouve trois dessinateurs différents. Pour le premier et le dernier chapitre, c’est Dennis Calero qui s’y colle. Son trait est assez réaliste et sombre, comme pour X-Men Noir, et sied plutôt bien à l’ambiance recherchée, mais il va y avoir une rupture avec les deux autres dessinateurs. Tout d’abord, le trait de Diego Olmos est plus rond et plus coloré, ce qui ne va pas du tout avec l’ambiance de 28 Jours Plus Tard, mais en plus, ne matche pas avec le chapitre précédent. Puis le troisième chapitre est dessiné par Nat Jones, et là encore, on a un nouveau changement, avec un trait plus vif, plus brouillon, qui pourrait aller avec l’atmosphère apocalyptique, mais qui dénote trop avec les autres dessinateurs, ne créant pas de liant.
Au final, 28 Jours Plus Tard le Contrecoup est un très mauvais comic, qui ne sert strictement à rien, et surfait à l’époque sur le succès de la franchise initiée par Danny Boyle. Creux, n’offrant rien d’intéressant dans l’univers, pas même des personnages attachants, on peut dire que le scénario de Steve Niles est une purge opportuniste qui ne restera pas dans les annales. Et que dire des changements de dessinateurs, qui ont des styles tellement opposés que la rupture entre les chapitres est trop abrupte. Bref, une amère déception…
Note : 05/20
Par AqME