De : Didier D. Daarwin
Avec Camille Razat, Olivier Barthelemy, Tibo Vandenborre, Féodor Atkine
Année : 2022
Pays : France
Genre : Horreur
Résumé :
Après la mort brutale d’un proche lors d’une séance d’hypnose qu’elle animait, Louise, jeune psychiatre tente de se reconstruire en s’installant dans un petit village de l’Aubrac. L’arrivée d’un nouveau patient au comportement étrange va la plonger dans une spirale infernale. Sa vie et celles des autres vont devenir un véritable enfer.
Avis :
Quand on évoque le cinéma de genre français, on a souvent tendance à grincer des dents et à être réticent. Cela provient de quelques films qui n’ont pas permis au cinéma d’horreur français de briller, mais on retrouve tout de même quelques pépites, à l’image de Haute Tension d’Alexandre Aja ou encore Martyrs de Pascal Laugier. Le principal souci que l’on peut éprouver dans le cinéma horrifique français, c’est qu’il faut constamment qu’il instaure des éléments d’auteur, des passages un peu bizarres pour tenter de se démarquer de la concurrence américaine, surtout depuis les films d’Ari Aster et autres productions A24. Julia Ducournau en est un parfait exemple, mettant le paquet sur la forme en oubliant le fond, préférant sans doute choquer, percuter la rétine, que de raconter quelque chose de pertinent.
Sorti en toute discrétion dans quelques salles en 2022, Mastemah est un drame horrifique qui se déroule entre Marseille et le plateau du Larzac. Premier film de Didier D. Daarwin, on va faire face à une jeune psychanalyste qui tente une nouvelle méthode de guérison via l’hypnose, mais dont le premier patient va se suicider en se jetant par la fenêtre. Le début nous met directement face à deux choses qui sont très claires. Le film sera mou. Et le film sera dans une démarche de mise en scène stylisée, cherchant à faire du « beau ». Et il faut toujours se méfier du beau au cinéma, car ce dernier sert souvent de cache-misère face à un scénario creux, ou encore face à des histoires qui ne tiennent pas la route. C’est tout à fait le cas avec Mastemah, mot hébreu qui veut dire animosité.
« On reste dans une démarche de slowburn. »
D’un point de vue purement narratif, on reste dans une démarche de slowburn, avec cette volonté de faire monter la tension crescendo, et de garder un mystère autour de cette femme qui traite plusieurs patients, malgré des insomnies et des trucs bizarres autour d’elle. Assez cryptique, on va comprendre que cette femme accepte de prendre un patient pour sa schizophrénie, et va petit à petit se douter qu’il est possédé. On rencontre alors tous les codes du genre, avec le prêtre qui y croit moyen, le type qui devient zinzin en changeant sa voix et les morts qui se succèdent autour de la nana. Le film ne s’embête pas avec des flashbacks ou une narration éclatée, il a déjà suffisamment à faire avec des cauchemars et une marmite pleine à ras la gueule de symboliques.
Le problème, c’est que l’on ne va rien comprendre à tout ce bazar. Entre les patients qui s’enchainent, les cauchemars qui se font de plus en plus envahissant, la toile d’araignée dégueulasse qui grossit au coin de la porte, ou encore ce pauvre paysan qui découpe du lapin en parlant une langue étrangère, on ne sait plus où donner de la tête. Ce grand bazar ne semble pas trouver de logique implacable, et on va subir pendant près d’une heure quarante des tergiversations inintéressantes entre personnages détestables. Des personnages qui n’ont pas de fond et qui ne trouveront aucun intérêt à nos yeux. Comment ressentir de l’empathie pour cette jeune femme arriviste, égoïste, percluse de névroses, mais qui s’entête à faire de la merde ? Et l’actrice ne nous aide pas en tirant la gueule du début à la fin.
« Mastemah est un film froid. »
Mastemah est un film froid. C’est un film qui n’arrive jamais à se donner vraiment les moyens de parfaire une ambiance malsaine et satanique. Alors oui, on a des éléments de montage qui semblent être de vagues bonnes idées, à l’image de ce plateau herbeux qui devient rouge. Ou encore à ces cauchemars clipés dont on ne comprend goutte. Le réalisateur s’évertue à vouloir faire un film mystérieux et cryptique, mais il ne fait que perdre son spectateur dans des effets de style inutiles, qui desservent en plus une intrigue qui n’avait pas besoin d’être complexifiée. On sait bien que c’est un premier film, et que pour le coup, Didier D. Daarwin a certainement voulu marquer le coup, mais absolument rien ne fonctionne là-dedans. Jusqu’aux acteurs qui sont absolument abominables, Camille Razat en tête, même si elle dévoile un peu plus son potentiel sur la fin.
Mais alors, que dire d’Olivier Barthelemy en paysan bourru, taiseux et violent. C’est bien simple, il rentre dans tous les clichés du genre, et on ne comprend absolument rien quand il parle. Le type semble faire une allergie à une plante, avec ses yeux boursouflés et son nez constamment pris. Et au rayon des rôles secondaires, c’est à se tirer une balle. Féodor Atkine joue un prêtre qui semble sortir d’un remake Wish de L’Exorciste, et tous les autres personnages qui végètent autour de l’actrice principale sont tout bonnement catastrophiques. Bref, il n’y a rien pour se raccrocher aux branches, et apprécier un petit peu ce film.
Au final, ce n’est pas avec Mastemah que l’on va se réconcilier avec le cinéma d’horreur français. Voulant jouer dans la cour des grands avec des effets de style qui se veulent arty mais qui sont d’une mocheté âpre, Didier D. Daarwin n’arrive jamais à nous passionner, ni même à tisser une histoire qui a du sens et qui pointe du doigt quelque chose d’intéressant. Il rentre dans cette démarche « d’auteur » qui veulent que l’image parle plus que la narration, mais on sent vite les limites budgétaires, ainsi que les limites d’un scénario qui a dû s’écrire sous acide. Bref, un mauvais film qui n’a pour lui que l’affiche.
Note : 04/20
Par AqME