Titre Original : Wallace & Gromit : The Curse of the Were-Rabbit
De : Nick Park et Steve Box
Avec les Voix Originales de : Ralph Fiennes, Helena Bonham Carter, Peter Sallis, Mark Gatiss
Année : 2005
Pays : Angleterre
Genre : Animation
Résumé :
Une « fièvre végétarienne » intense règne dans la petite ville de Wallace et Gromit, et l’ingénieux duo a mis à profit cet engouement en inventant un produit anti-nuisibles humain et écolo, qui épargne la vie des lapins. L’astuce consiste simplement à capturer, à la main, un maximum de ces rongeurs et à les mettre en cage.
A quelques jours du Grand Concours Annuel de Légumes, les affaires de Wallace et Gromit n’ont jamais été aussi florissantes, et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si un lapin-garou géant ne venait soudain s’attaquer aux sacro-saints potagers de la ville. Pour faire face à ce péril inédit, l’organisatrice du concours, Lady Tottington, se tourne vers nos deux « spécialistes » et leur demande d’appréhender le monstre.
Avis :
Durant les années 90 et 2000, le studio Aardman, spécialisé dans l’animation à la pâte à modeler, propose de nombreux courts-métrages, mettant en scène plusieurs personnages qui deviendront cultes par la suite. Si Shaun le Mouton aura droit à sa petite série et même à deux films d’animation par la suite, il n’est, à la base qu’un personnage secondaire dans l’univers de Wallace & Gromit. Premier long-métrage concernant cet inventeur de génie et son chien, Le Mystère du Lapin-Garou va frapper un grand coup dans la fourmilière de l’animation. Oscar du meilleur film d’animation en 2005, les studios Aardman vont déployer tous leurs talents dans ce film qui fait de multiples références au cinéma horrifique des années 30/40 de chez Universal et qui va, plus de vingt ans plus tard, restait une référence dans le film d’animation. A quoi cela est-il dû ?
Des légumes ou la vie
Ce qui est intéressant dans ce film, c’est qu’il n’est pas obligatoire de connaître le background de Wallace & Gromit pour rentrer dedans. Une introduction va nous montrer que les deux compères protègent les jardins des gens contre les lapins, et on va vite voir que Wallace est un inventeur de génie. Un génie un peu ingénu qui a du mal à reconnaître les sentiments des autres. Gromit, le chien, est comme un père pour Wallace, et c’est lui qui a les pieds sur terre et tente d’arranger les choses à chaque fois. Alors que Wallace tente de créer une machine qui ne donnerait plus des envies de légumes aux lapins, un pépin intervient et Wallace va se transformer en lapin-garou, ravageant les jardins, juste avant le concours du plus gros légume. Une chasse au monstre se met alors en place et Gromit va avoir du pain sur la planche.
A partir de là, le film va partir très loin dans son délire. L’histoire va alors reprendre certains poncifs du film d’épouvante, et notamment de l’histoire du Loup-Garou. Sauf qu’ici, ce ne sont pas les habitants qui craignent pour leur peau, mais ils craignent pour leur jardin et leur potager. Il s’agit certainement du premier film d’horreur végan comme aiment à dire les deux réalisateurs du métrage. Néanmoins, toutes les références vont servir une intrigue qui va brasser beaucoup de thèmes et qui va lorgner vers d’autres genres. Car si le fantastique est de mise, avant cela il y a une part d’enquête de la part de Gromit, puis il y a une pointe de romance avec Lady Tottington. On peut donc facilement parler de film complet, qui digère bien toutes ses références, trouvant en plus des idées à la seconde.
Le génie à l’œuvre
Le plus impressionnant dans ce film, c’est clairement son aspect technique. Outre le fait que ce soit de la pâte à modeler et que chaque jour de tournage ne consistait qu’à tourner dix secondes de film, il y a quelque chose de magique qui se dégage de l’ensemble. La mise en scène est complètement folle. Wallace & Gromit le Mystère du Lapin-Garou fourmille d’idées, de séquences folles et d’une animation d’une rare qualité. Il réside, dans cette pâte à modeler, un côté artisanal qui fait mouche à chaque fois. Des imperfections qui rajoutent un charme dingue à l’ensemble, et qui confèrent d’ailleurs un aspect cartoon qui manque parfois cruellement à l’animation d’aujourd’hui. En plus de ce côté technique parfaitement maîtrisé, on notera des séquences d’action folles et d’une belle densité. On pense à la course-poursuite à la fin du film, par exemple.
En plus de cela, Wallace & Gromit le Mystère du Lapin-Garou propose aussi un humour déluré absolument savoureux. Si le film part très loin dans ses délires et propose des moments ubuesques, cela tombera toujours à point nommé et suscitera des rires hilares. Outre la naïveté de Wallace qui l’amène dans des situations peu confortables, la méchanceté du bad guy de l’histoire est savoureuse, mais c’est surtout Gromit qui volera la vedette à tout le monde. Très expressive, il ressemble à un acteur de film muet et détiendra des moments délectables. On pense bien sûr à la poursuite en avions de manège, ou encore lorsqu’il poursuivra la lapin-garou avec sa voiture. A noter aussi un lapin qui deviendra comme Wallace et qui sera absolument hilarant dans sa bêtise et ses expressions aux plus mauvais moments.
La forme, mais aussi du fond
Bien évidemment, les aspects techniques ont tendance à faire passer en arrière-plan les différents thèmes brassés par le film. Cependant, le film n’est pas avare en messages intéressants et intelligents. La différence est vue ici comme une force. Wallace, inventeur de génie, a du mal à comprendre les autres, mais cela ne l’empêche d’être très sympathique et même de trouver l’amour. Son duo démontre toute la force de l’entraide. Et bien entendu, la méchanceté n’est jamais récompensée. Lord Victor n’accepte pas la différence, il est vénal et cela va lui jouer bien des tours. On trouvera aussi un petit tacle envers la religion chrétienne, qui se vautre dans des croyances stupides. Et on aura quelques petites références à Frankenstein, avec ces habitants armés de fourches et de torches pour tuer la bête. King Kong aura aussi droit à sa parodie.
Au final, Wallace & Gromit le Mystère du Lapin-Garou est une véritable réussite sur tous les plans. Le film de Nick Park et Steve Box n’a pas volé son Oscar et demeure aujourd’hui encore une référence dans le domaine de l’animation. Avec une vraie patte visuelle, un univers propre et des références à gogo, le film reste, encore aujourd’hui, un petit bijou qui n’a pas pris une ride. Bref, du bonheur en barre qu’il faut absolument avoir vu au moins une fois dans sa vie.
Note : 19/20
Par AqME