avril 29, 2024

La Résurrection du Christ

Titre Original : Risen

De : Kevin Reynolds

Avec Joseph Fiennes, Tom Felton, Peter Firth, Cliff Curtis

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Péplum

Résumé :

Clavius, un puissant tribun militaire romain, et son aide de camp Lucius sont chargés de résoudre le mystère entourant ce qui est arrivé à un Hébreu nommé Yeshua après sa crucifixion. S’ils veulent empêcher une insurrection à Jérusalem, ils doivent à tout prix mettre fin aux rumeurs assurant qu’un Messie est revenu d’entre les morts…

Avis :

S’attaquer à la Bible pour en faire un film, c’est un pari très risqué qui, à chaque fois, a suscité des réactions de tout bord. Que ce soit de grands réalisateurs, à l’image de Martin Scorsese ou Mel Gibson, n’y change pas grand-chose, si on s’éloigne trop de l’ouvrage, ou si on a le malheur de critiquer une religion, on se prend une volée de bois vert. Mais ce ne fut pas tellement le cas avec La Résurrection du Christ de Kevin Reynolds. Après neuf ans de pause suite à des échecs critiques et commerciaux, Kevin Reynolds, le papa de Robin des Bois Prince des Voleurs, revient en 2016 avec un projet assez ambitieux sur le papier (et pas sur le budget qui avoisine les 20 millions de dollars) afin d’évoquer le retour du Messie et la mise en danger du polythéisme de Rome.

Se voulant être une sorte d’enquête dans un péplum maquillé, on comprend vite pourquoi le film n’a pas suscité de polémique à sa sortie. Ici, on va suivre Clavius, un tribun romain qui va avoir pour mission de résoudre le mystère autour de Yeshua, un homme crucifié qui est promis à la résurrection par son peuple. Cette rumeur mettant en danger toutes les croyances romaines, le tribun va devoir mener son enquête afin de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. Le pitch de base aurait pu être intéressant, s’il avait été pensé comme un film policier historique, et non pas comme une lecture basique d’un passage de la Bible. En effet, ici, on suit scrupuleusement ce qui est écrit dans le bouquin, sans jamais remettre en question la moindre chose.

« Le film s’enlise dans une sorte de mélo chrétien. »

Oui, il faut partir du principe que tout ce que dit la Bible est vrai, et que Jésus multiplie presque les pains (et malheureusement, pas dans la gueule). Et c’est un très gros problème puisqu’à force de ne point vouloir froisser les égos ésotériques de chacun, de ne pas dire du mal de tel ou tel peuple, le film s’enlise dans une sorte de mélo chrétien complètement à côté de la plaque. Le début laissait pourtant présager quelque chose de tout au plus sympathique. Le tribun mène son enquête, on y voit la dure loi romaine autour du peuple juif, ainsi que toutes les manipulations pour ne pas se mettre la population à dos. C’est plutôt bien filmé, et globalement, cette partie « policière » fait le job. Jusqu’au moment où Jesus se fait la malle en revenant d’entre les morts. Là, le film part en eau de boudin.

Il faut accepter donc que Jesus est le véritable messie, qu’il peut apparaitre et disparaitre, qu’il invoque des poissons, ou encore qu’il montre la voie pour aller prêcher la bonne parole. On tombe donc sur un film à la limite du fantastique, où ce pauvre Clavius va se retrouver embrigader dans cette bande, afin de suivre celui qu’il croit vraiment être un sauveur. Le retournement de situation s’opère en quelques secondes, et le film de ne jamais mettre en doute les évangiles de la Bible. Forcément, en faisant ainsi, scénaristes et réalisateur n’allaient pas s’attirer les foudres des croyants, qui sont bien plus intolérants qu’on ne le pense. Mais c’est le spectateur qui en pâtit. En effet, on ne s’attachera jamais à Clavius, qui change d’avis en un rien de temps, et qui ne parvient pas à se rendre empathique.  

« Le scénario est plein de vide et manque cruellement d’intérêt. »

Il y a un réel problème au niveau des personnages, qui sont complètement transparents. On pense à Lucius, joué par Tom Felton, qui n’a qu’un rôle secondaire, et se laisse distraire lui aussi en quelques paroles. Quant aux apôtres de Yeshua, ils passent complètement à la trappe, n’ayant même pas des traits de caractère intéressants. Un seul aura quelques dialogues avec le personnage central, mais c’est pour dire des inepties qui ne feront pas avancer l’intrigue. Même Jesus est ridicule. Cliff Curtis n’essaye pas de faire du surjeu, puisqu’il n’a qu’à ouvrir les bras pour faire tomber ses disciples dedans. Cela en devient carrément ridicule Et que dire du méchant sénateur, qui ne fait que donner des ordres, mais se prélasse dans sa fainéantise qui lui coûtera certainement très cher. Bref, le scénario est plein de vide et manque cruellement d’intérêt.

Un intérêt qui peut, à la rigueur, se retrouver dans la mise en scène de Kevin Reynolds. Ce dernier a choisi Malte et l’Espagne pour donner un caractère chaud à son film, et c’est globalement réussi. Même si cela manque de moments marquants, et de plans qui restent en tête, l’ambiance caniculaire est bien rendue, et on sent la poussière qui traine de partout. Il est dommage que d’un point de vue lumière et éclairage, ce soit le vide, préférant alors une luminosité naturelle, mais qui manque de caractère. L’autre choix judicieux provient, bien évidemment, d’une quasi absence d’effets numériques, permettant au film de ne pas tomber dans un truc vraiment ringard. D’un point de vue artistique, le film se tient, même s’il ne révolutionne en rien le genre.

Au final, La Résurrection du Christ est un long-métrage ennuyant et qui n’arrive jamais à se sortir du pétrin dans lequel il s’est fourré. Suivant presque scrupuleusement la Bible, ne sortant jamais des sentiers battus pour faire un peu réfléchir sur ce texte et son histoire abracadabrante, Kevin Reynolds ne prend pas de risque et ne veut froisser personne, ce qui est un tort. Un tort qui se traduit à l’image, dans un film innocent, qui pêche par des choix linéaires et une absence de surprise flagrante. Bref, un autre film raté de la part du réalisateur, qui devrait peut-être songer à la retraite.

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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