octobre 5, 2024

Filles Perdues Cheveux Gras

De : Claude Duty

Avec Marina Foïs, Amira Casar, Olivia Bonamy, Charles Berling

Année : 2002

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Itinéraire croisé de trois jeunes femmes perdues : Elodie veut retrouver sa fille, Natacha son chat et Marianne son âme. Elles trouvent l’amitié et l’amour non sans avoir rencontré sur leur chemin un méchant séducteur, un ethnologue accueillant, un thérapeute musclé, un guerrier Massaï, un aborigène, des Incas, des femmes girafes et autres animaux.

Avis :

Dans le paysage du cinéma français, Claude Duty est un cinéaste au parcours très atypique. Passionné de cinéma, pendant presque trente ans, Claude Duty, pendant son temps libre, va réaliser des courts-métrages. À force d’envie et d’amour de cinéma, il finit par se faire connaître dans le milieu du court-métrage. Il faut dire que sa carrière se compose de pas moins de vingt-quatre films entre 1974 et 2000, alors forcément, Duty commence à se faire un nom. Puis c’est en 1996 que la carrière du réalisateur amateur prend un tout autre tournant, puisque Olivier Assayas fait appel à lui pour « conclure » son « Irma Vep« . Dès lors, Claude Duty entre chez Canal + et s’occupera de 1996 à 2001, du département court-métrage de la chaîne.

Après tant d’années passées dans le cinéma non-professionnel, et puis professionnel, c’est en 2000 que Claude Duty réalisera son premier long-métrage, « Filles perdues, cheveux gras« . Un titre pour le moins énigmatique, pour un film qui va être une belle déception. Oui, on parle là d’une belle déception, car « Filles perdues, cheveux gras » est un film qui multiplie les envies de cinéma et il dégage un véritable amour pour ce dernier, mais malheureusement, ça ne suffira pas pour nous intéresser et sortir ce métrage du désastre dans lequel il se trouve.

Elodie, Natacha et Marianne n’ont rien en commun, si ce n’est d’être totalement paumées dans leur vie. À force de se croiser, les trois jeunes femmes ont lié une amitié et elles essaient de s’entraider pour que chacune d’elles arrive à retrouver ce qu’elle a perdu. Mais entre des situations compliquées, des envies de chanter, et des procédures lourdes et embarrassantes, arriver au bonheur n’est pas si facile que ça…

À l’aide ! C’est méchant, voire même horrible, mais c’est bien cette sensation qui m’a tenue pendant la difficile, très difficile, heure et demi que ce premier film de Claude Duty m’a fait ressentir.

Claude Duty est un cinéaste dont le cinéma, enfin dont le deuxième film, est somme toute sympathique (« Bienvenue au gîte« ) et du coup, c’est avec crainte que je me suis lancé dans ce premier film. « Filles perdues, cheveux gras » est un film qui dégage un amour certain pour le cinéma et surtout une envie d’oser essayer des choses et mélanger les genres. Se voulant frais, le film de Claude Duty est une sorte de melting pot de toutes sortes d’envie et d’amour. Ainsi, « Filles perdues, cheveux gras » sera à la fois une comédie et un drame. Il sera aussi une comédie musicale, tenu par un humour absurde. Duty ira chercher aussi du côté du conte fée avec un final qui navigue entièrement dans ces eaux-là. Osant l’animation en plein milieu de film. Par-dessus tout ceci, « Filles perdues, cheveux gras » sera un film générationnel, qui peint des portraits de femmes qui ont l’envie de s’en sortir, de reprendre leur vie en main et de rêver plus haut. Ainsi, avec toutes ces envies mélangées, conjuguées et incrustées les unes dans les autres, il y avait une certaine matière à faire une petite comédie sympa, et au-delà de ça, même si le film est complétement raté, il demeura sympathique pour la démarche et l’envie de cinéma de son metteur en scène.

Mais voilà, cette sympathie existante ne suffira pas à sauver le film de son naufrage et ça, on va très vite s’en rendre compte. Il est difficile de placer des mots sur ce film conceptuel, tant finalement rien ne va, et rien ne va ensemble. Cette histoire par exemple a tendance à partir dans tous les sens, et plus elle avance et plus elle se fait incompréhensible et ubuesque dans un sens, et totalement dénuée d’intérêt dans l’autre. Entre des gags qui tombent à plat, et cette idée de comédie musicale qui fait sombrer le film dans des abysses de nullité, on ne sait pas vraiment à quoi se raccrocher pour éviter de se noyer.

En plus d’avoir du mal avec cette histoire, qui n’en est pas une au final, Claude Duty offre aussi des personnages on ne peut plus agaçants. Des personnages vides, qu’on peine vraiment à comprendre et ils finissent par nous épuiser avec leurs chansons et leur humour pesant et loin d’être drôle. Exemple, « Quand t’as d’la peine, pense aux Kurdes, aux Tchétchènes, tes problèmes à côté, c’est d’la crème » … voilà, voilà, merci pour la rime et l’on ne parlera pas de la chanson autour des cheveux gras d’Olivia Bonamy. Sérieusement, c’est envahissant, c’est lourdingue, et ça a le don de nous laisser pantois et bouche bée. Bouche bée face à des paroles écrites par des enfants de petite section, et histoire d’aller jusqu’au bout des choses, les dîtes chansons qui sont là pour raconter les malheurs de nos personnages sont vraiment très mal interprétées par ces trois filles qui sont définitivement perdues.

D’ailleurs, au-delà des paroles, côté comédien, malgré un très beau casting ( Amira Casar, Marina Foïs, Olivia Bonamy, Charles Berling, Sergi López (si quelqu’un a compris son rôle, je veux bien de plus amplement informations)Romain Duris), hormis Léa Drucker, il n’y a pas un acteur pour rattraper l’autre, c’est assez dingue à regarder.

Si « Bienvenue au gîte » avait son petit charme, ici, Claude Duty se rate aussi dans sa mise en scène, qui n’a pas grand-chose pour elle. Insipide, long, laborieux, se cherchant une identité, essayant tant de choses qui ne fonctionnent pas, hormis une séquence animée bien fichue, mais qui arrive comme un cheveu sur la soupe, franchement, « Filles perdues, cheveux gras » est un chemin de croix pour arriver jusqu’à son générique.

Bref, si l’envie de cinéma et l’amour est bien là, l’ensemble est malheureusement raté de bout en bout. Incompréhensible, agaçant, épuisant, ennuyant, dérangeant (et tout plein d’adjectifs se finissant avec « ant »), ça faisait longtemps que je n’avais pas vu quelque chose de la sorte. Et finalement, ce qui transparaît, c’est l’envie que Claude Duty a de sortir des sentiers battus et de surprendre le public, et en un sens, la surprise est belle et bien là, mais malheureusement pour lui, pour ces actrices, ces filles perdues, et pour nous aussi, la surprise n’est pas arrivée dans le bon sens. Bref, pour finir, j’ai envie de citer l’une de mes répliques préférées, tiré de « Il était temps » de Richard Curtis, qui illustre bien ce que j’ai pu ressentir face à ce film :

« – C’est un désastre.

– Le mot est faible. C’est le Titanic des soirs de première. Et on ne compte aucun survivant : ni femmes, ni enfants… Ni même Kate Winslet. Aucun survivant. »

Note : 04/20

Par Cinéted

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