juillet 20, 2025

Chime – Pour qui Sonne le Carillon?

De : Kiyoshi Kurosawa

Avec Mutsuo Yoshioka, Seiichi Kohinata, Tomoko Tabata, Ikkei Watanabe

Année : 2025

Pays : Japon

Genre : Horreur

Résumé :

Tashiro entend un carillon que personne d’autre n’entend.

Le “Chime”résonne.

Il affirme qu’une machine s’est greffée à son cerveau.

Le “Chime” résonne. Encore.

Matsuoka, son professeur de cuisine, tente de l’aider.

Le “Chime” résonne. Plus fort.

Tashiro se saisit d’un couteau.

Avis :

Dans le paysage du cinéma japonais, Kiyoshi Kurosawa est l’un de maîtres de l’angoisse. S’il commence dans les années 80, c’est à la fin des années 90 que le réalisateur se fait remarquer avec le très sombre « Cure« . Depuis, le réalisateur s’est imposé en touchant à tous les genres, même s’il a toutefois une prédisposition pour l’horreur, l’angoisse et le psychologique.

Cette année 2025, pour Kiyoshi Kurosawa, est une année qui s’avère être chargée. Alors qu’il ne nous avait pas sorti de film chez nous depuis 2021, voici que le metteur en scène japonais revient cette année avec deux longs-métrages et un moyen métrage. Aujourd’hui, on s’arrête sur ce moyen métrage.

«  »Chime » est un film à l’atmosphère froide à tendance paranoïaque. »

Moyen métrage de quarante-cinq minutes, « Chime » est un film à l’atmosphère froide à tendance paranoïaque. Jouant avec l’angoisse d’un quotidien, « Chime » se fait intéressant dans la descente en enfer de son personnage et tout ce qu’elle propose. Si le film ne dure qu’une quarantaine de minutes, Kiyoshi Kurosawa joue très bien avec son sujet, posant de bonnes questions, et surtout, au-delà de ça, il nous laisse libre d’interprétation de ce qu’il nous a montré, et ça, c’est très bien.

Takuji est un homme parfaitement ordinaire, professeur dans une école de cuisine où chaque geste est précis, chaque journée réglée. C’est un homme calme, un peu distant, qui mène une vie stable avec sa femme et son fils. Mais un jour, l’un de ses étudiants lui confie un secret étrange : il entend, sans cesse, une sorte de « carillon » dans sa tête. Une musique métallique, répétitive, impossible à ignorer. Il va même jusqu’à affirmer que la moitié de son cerveau n’est plus humaine.

Premier moyen métrage de Kiyoshi Kurosawa à sortir au cinéma (enfin chez nous), « Chime » est un film d’ambiance. C’est un film qui, plus qu’une intrigue où l’on va avoir les réponses, nous tient grâce à son atmosphère malaisante. Une atmosphère qui installe petit à petit de l’horreur et de l’angoisse dans un quotidien ultra routinier. En un sens, et de manière plus retenue, « Chime » m’a fait penser à « Chute libre » de Joel Schumacher. Ou comment un homme sans histoire part en vrille. Ici, on est moins dans la démonstration et le grandiose. Non, ici, c’est plus sournois, c’est plus « subtil ».

« il faut noter le travail exemplaire sur la photographie »

Ici, le réalisateur s’amuse avec nous, spectateurs, pour installer le doute sur ce que l’on est en train de suivre. Le personnage de Tashiro, joliment tenu par Mutsuo Yoshioka, devient-il fou ? Dérive-t-il ? Ou entent-il vraiment cette chose ? On peut pousser le vice de l’interrogation encore plus loin, est-ce que tout ce qui se passe « est vrai » ? Je me suis posé la question, et c’est en partie ça, et d’autres éléments, qui m’ont rendu le film intéressant et prenant.

Puis au-delà de ça, Kiyoshi Kurosawa n’apporte pas de réponse à cela. Non, il enfonce son personnage dans « son délire » et conclut son film de manière glaçante, nous laissant finalement seul juge de ce que l’on vient de voir. Seul juge finalement de ce que l’on a aussi envie d’en conclure.

L’autre atout du film, c’est sa mise en scène. S’il est très bien filmé, s’il offre une ambiance glaçante, il faut noter le travail exemplaire sur la photographie, les tons gris, les décors, la cuisine en acier, ou encore le manque de vie des rues, ou des endroits où se déroule l’intrigue. Il y a quelque chose de froid, presque détaché, qui se dégage en permanence de l’histoire et l’ambiance, et c’est ce qui donne ce ton particulier qui captive autant qu’il angoisse.

« Chime » est donc un film d’angoisse et de malaise qui lorgne entre plusieurs genres. S’il n’est pas facile d’accès, car il demande une attention particulière, il n’en reste pas moins une bonne proposition de cinéma de la part d’un maître japonais, qui ne cesse de surprendre. Pour le coup, je me referais bien une séance, juste pour m’arrêter sur telle ou telle scène, maintenant que je connais l’histoire, car au premier visionnage, l’atmosphère prend tant de place, que peut-être que des indices me seraient passé à côté. À voir.

Note : 13/20

Par Cinéted

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