avril 20, 2024

Nothing

De : Vincenzo Natali

Avec David Hewlett, Andrew Miller, Marie-Josée Croze, Andrew Lowery

Année : 2003

Pays : Canada

Genre : Fantastique, Comédie

Résumé :

Co-locataires et amis d’enfance, Dave et Andrew vivent en marge de la société. Parce qu’ensemble, ils se sentent plus forts face à ce monde qui les rejette et les oppresse, ils partagent une vieille maison coincée entre deux bretelles d’autoroute.
Alors que les ennuis s’abattent sur eux, que leur maison, leur seul refuge, doit être détruite, Dave et Andrew se retrouvent soudain projetés dans un autre monde.
Sont-ils au paradis ? en enfer ? dans une dimension parallèle ? Toujours est-il que leur nouveau monde ne présente pas que des avantages…

Avis :

Vincenzo Natali est un réalisateur à part dans le paysage du cinéma américain. Passionné de science-fiction, Natali réalise son premier court-métrage avec une histoire tournant autour de la science-fiction à l’âge de onze ans. Pour son premier film, Vincenzo Natali frappe fort et réalise le désormais culte « Cube« . Mais une fois ce film, même si le réalisateur tient ses admirateurs, il ne trouvera plus vraiment le succès, et demeurera confidentiel au final, ses films sortant en toute discrétion, ou même directement en DVD.

« Nothing« , c’est le troisième long-métrage de Vincenzo Natali et c’est peut-être son film le plus tripé de sa carrière. Film à concept quasi-inconnu, « Nothing » est un délire qui vaut sacrément le détour. Délirant, audacieux, limite expérimental, « Nothing » est un ovni qu’il fallait oser. Filmant l’amitié de deux hommes contre le monde entier, Vincenzo Natali entraîne ses personnages dans un néant dont ils vont être les maîtres, et cette idée, un peu folle, quelque part entre comédie, science-fiction et thriller tripé et psychologique, démontre encore une fois l’envie de surprendre et le talent de ce metteur en scène est bien trop sous-estimé. Bref, on adore ou l’on déteste, on entre dedans avec jouissance ou l’on passe à côté, mais dans un cas comme dans l’autre, « Nothing » ne laissera personne indifférent.

Dave et Andrew sont deux amis qui se connaissent depuis l’enfance. Cet après-midi, après que la matinée se soit acharnée contre eux, les deux hommes souhaitent plus que tout voir le monde qui les entoure disparaître, et c’est bien ce qui va leur arriver. D’un coup d’un seul, sans explication, Dave et Andrew se retrouvent seuls, et dans le monde qui les entoure, il ne reste plus que leur maison…

Après « Cube » et « Cypher« , Vincenzo Natali a décidé, une fois n’est pas coutume, d’offrir un film qui sorte de l’ordinaire. D’ailleurs, ce « Nothing » est tellement hors norme dans ce qu’il raconte, qu’il devient une expérience et comme toute expérience, cette dernière va diviser.

Pour ma part, l’expérience de « Nothing » est bien l’une des meilleures qu’a pu proposer son réalisateur. « Nothing« , c’est un film qui ne ressemble à rien de connu. « Nothing« , c’est un film osé et qui n’a pas de limite pour assurer et assumer son délire. Imaginez un matin, qu’une fois après avoir voulu voir le monde disparaître, vous ouvriez les portes de chez vous que vous n’y trouviez rien. Mais vraiment rien, un blanc immaculé qui s’étend à perte de vue.

Voilà, ça, c’est la base du délire que Vincenzo Natali va mettre en scène, entre film fantastique et comédie délirante. Une idée pareille est très osée et surtout elle est très difficile, car il faut dépasser cette simple idée. Oui, si Vincenzo Natali ne proposait rien d’autre, son film s’essoufflerait vite, mais heureusement, le metteur en scène américain sait exactement ce qu’il veut faire avec cette idée et c’est ainsi qu’il va prendre comme sujet le monde qui entoure, la pression de la société, puis derrière ça, il va aborder l’amitié entre ces deux hommes, il va la tester, puis encore une fois, derrière ça, il va aussi étudier la psychologique humaine face à cette situation absurde, folle, tripée, et au-delà de l’étrange.

Puis encore et enfin, derrière tout ça, le réalisateur va aborder un sujet inédit, le néant, ou plutôt comme son titre l’indique, le « rien ». Qu’est-ce que le rien, et plus encore, peut-on tenir un film avec « rien » et force est de constater qu’entre délires, folie, et trip, « Nothing » aborde très bien tous ces sujets. Vincenzo Natali offre quelque chose de drôle, d’intéressant, de réflexif et qui ne cesse de piquer l’intérêt, car au beau milieu de « ce néant », on ne sait pas jusqu’où celui-ci va pouvoir s’étendre et dans quelle direction il va bien pouvoir aller. Avec cette idée de « rien », Vincenzo Natali livre-là peut être son film le plus riche et le plus intéressant et c’est vraiment dommage que ce « Nothing » soit si peu connu.

L’idée de « rien », le réalisateur l’explore dans sa mise en scène qui ne cesse de surprendre. « Nothing« , c’est presque une idée, un plan. Vincenzo Natali s’amuse du néant, il enferme et libère ses personnages avec rien et dans rien. C’est assez fou, et ça donne un film complétement tripé, un film qui visuellement ne ressemble à rien de connu. Unique donc, hilarant face à quelques séquences qui peuvent prétendre à être cultes, « Nothing » est aussi osé, esthétiquement impeccable et très intéressant, on est accroché, étonné, et presque émerveillé, car ce film aurait presque un côté poétique, avec ses plans composés de rien. Bref, c’est fou ce qu’a fait là Vincenzo Natali.

Enfin, pour ce film, Vincenzo Natali s’est entouré de deux potes pour tenir son film et ces deux acteurs sont purement géniaux. Franchement, David Hewlett et Andrew Miller tiennent parfaitement ce film avec drôlerie et émotion et mieux encore, ils tiennent parfaitement ce film face à son concept et cette idée, qui aurait pu prendre toute la place.

Ovni total, film conceptuel et expérimental, tripant et tripé, Vincenzo Natali passe le cap du troisième film avec brio, intelligence et audace. L’expérience est excellente, et même meilleur que « Cube« , mais comme toute expérience, on entre dedans ou l’on reste sur le côté et du coup, avec un tel délire, on aurait envie de dire que si vous voulez vous laisser tenter, alors sachez que c’est le mec qui a donc fait « Cube » (qui était déjà une sacrée expérience) et pour le reste, laissez-vous la surprise.

Note : 16/20

Par Cinéted

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