
Autrice : Magali Ségura
Editeur : Bragelonne/Milady
Genre : Fantasy
Résumé :
Il est un royaume mystérieux que l’on nomme Leïlan, le pays des Illusions. Depuis qu’un drame affreux a frappé la famille royale, ses frontières sont fermées et son peuple est opprimé par l’infâme duc Korta. Une rencontre pourrait tout changer : celle d’un jeune messager, Axel, et d’une fascinante jeune fille aux yeux bleus. Mais un secret entouré de sorcellerie les sépare, et rend leur amour impossible. Pourtant, autour d’eux, l’espoir renaît : un justicier insaisissable met les hommes du duc en échec. Qui est ce héros dont l’identité cachée est jalousement défendue ? Quelle est cette étonnante compagnie qui partage ses exploits ?
Avis :
Innover dans la Fantasy semble être un défi de taille, surtout lorsqu’on a tous été baignés par Tolkien et les adaptations réussies de Peter Jackson. Pourtant, de nombreux auteurs et autrices ont tenté l’expérience, et ont fait les beaux jours de certaines maisons d’édition. Il va sans dire que malgré des univers nouveaux, avec de nouveaux lores et des ambiances qui se veulent différentes, on a toujours tendance à retrouver les mêmes codes, les mêmes archétypes de héros, et une finalité sensiblement identique à ce que l’on connait déjà. Cependant, comme pour un bon David Gemmell, on a toujours espoir de trouver un esprit épique et une aventure digne de ce nom, faisant alors du roman de Fantasy un bon page turner et un bon moment de lecture. Est-ce le cas avec ce premier tome de Leïlan, qui s’intitule les Yeux de Leïlan ?
Eh bien pas vraiment. Docteure en biologie, Magali Ségura plonge dans l’écriture au début des années 2000 avec Contre la Fatalité qui sera récompensé. C’est l’année suivante qu’elle entame sa trilogie de Leïlan, avec donc ce premier tome, qui essaye tant bien que mal de mélanger trois genres distincts, le conté de fée, la fantasy et une pointe de cape et d’épée. Seulement, à la lecture de ce roman, il ne va pas nous en rester de grands souvenirs, la faute à une intrigue assez maigre, à une romance qui prend trop de place, et surtout à un univers dont on ne connait rien, et qui manque cruellement d’explications, ou tout du moins d’investigations. C’est assez pénible de lire un livre avec des termes spécifiques, une géographie spécifique, des peuples particuliers, avec des pouvoirs, sans que cela ne soit clairement présenté, pas même lors du récit.
On commence l’aventure en suivant Axel, un jeune messager qui part de Pandème pour aller en Leïlan, donner un courrier au roi. On y apprend succinctement que Pandème est un royaume très prospère, alors que Leïlan est en proie à des guerres intestines, mais que Axel et ses deux frères sont promis à trois princesses de Leïlan. On y apprend aussi, à travers quelques allusions, que les destinées des personnages sont tracées par des fées, établissant alors un semblant de mythologie. Le début est donc laborieux, avec des éléments qui se mettent en place alors qu’Axel se bat avec des fantômes dans une brume opaque. Rien de bien neuf, avec des histoires de magiciens, d’esprits gardiens et autres joyeusetés. Les choses se décantent quand il arrive dans le royaume de Leïlan, et qu’il découvre une jeune femme mystérieuse qui maîtrise des plantes tueuses.
La rencontre va alors permettre de mettre en avant une amourette plus ou moins attendue, mais aussi de tisser une intrigue plus grande avec le roi de Leïlan et la légende autour de ses trois filles. Le problème, c’est que l’ensemble est assez décousu, alors même que l’histoire est très simpliste, reprenant tous les codes d’un genre que l’on connait par cœur. En gros, un roi soumis à un mauvais duc, qui le manipule pour gagner du pouvoir, un héros masqué qui lutte contre ce duc, et un prince altier (Axel) qui vient mettre la pagaille dans tout ça, et qui va devoir prendre parti pour son honneur. Bref, rien de bien neuf, sinon que le méchant duc est très méchant, n’hésitant pas à kidnapper des enfants, et à frapper des femmes, tout en s’acoquinant avec un peuple de barbares qui peut lire dans les pensées.
On est vraiment dans les petits souliers d’une fantasy basique. Le seul élément qui peut prêter à de la nouveauté provient de deux choses. La première concerne les amalyses, une plante tueuse qui peut être apprivoisée et former une sorte d’armure sur le corps, arme utilisée par le héros de cette histoire, puis par Axel qui va apprendre la technique. C’est assez novateur et permet quelques libertés intéressantes. La seconde concerne un personnage étrange, métamorphe, qui ressemble à un monstre dans sa vraie nature, et qui est le père d’adoption de l’héroïne que l’on surnomme le masque. Sauf que ce dernier a un comportement étrange envers elle, il est jaloux d’Axel, et cela promet une sorte de complexification dans les relations entre les personnages dits gentils. Pour le reste, on sent qu’il y a des choses à aborder, mais le roman va trop vite pour offrir plus de profondeur.
Au final, ce premier tome de Leïlan s’avère assez décevant. Magali Ségura essaye de trouver des nouveautés dans son univers pour nous surprendre, mais in fine, ce premier tome n’est qu’une première aventure qui tente de poser des bases conflictuelles entre différents personnages, pour, on le sait très bien, se finir en amour incandescent. En ce sens, on lit cela de manière assez détachée, retombant souvent sur un Fantasy attendue et sans surprise, malgré quelques éléments novateurs. On espère que les deux tomes suivants seront de meilleure facture…
Note : 11/20
Par AqME