juillet 20, 2025

Katatonia – Nightmares as Extensions of the Waking State

Avis :

Plus un groupe dure dans le temps, plus sa musique risque de muter, et de partir vers d’autres contrées, au risque de se défaire d’une partie des fans de la première heure. C’est un peu ce qui est arrivé à Katatonia, groupe suédois de Doom/Death dans les années 90, et qui va aller vers le Gothic progressif au fil des ans. Cependant, on sait d’avance qu’avec ce groupe, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très agressif, et que les compositions seront très mélancoliques. Le gros changement ici, il s’opère surtout au niveau du line-up, puisqu’après un court hiatus en 2017, et un retour en 2019, le groupe perd son guitariste Roger Öjersson, et recrute alors deux nouveaux gratteux, issus respectivement de Entombed A.D. et In Mourning. De quoi nous faire saliver d’avance, et pourtant, ce nouveau skeud s’avèrera relativement calme.

Il faut dire qu’avec leur deux derniers albums, Katatonia avait placé la barre très haute, malgré un rythme lent et des mélodies insidieuses. City Burials et Sky Void of Stars étaient de petites pépites mélancoliques, mais desquelles sourdait une colère froide et tacite. Avec Nightmares as Extensions of the Waking State, on est sur quelque de différent, puisque si colère il y a, elle complètement contrôlée, et parfois étouffée par un aspect plus gothique et triste. Est-ce un défaut ? Pas vraiment, mais il faut accepter cet état de fait, et retrouver Katatonia dans un style presque différent, où le gothique prend le pas sur le Doom ou encore le Death, qui est inexistant ici, sans aucun chant growlé. Pourtant Thrice commence sous les meilleurs auspices, avec un début tonitruant via un gros riff, mais tout ça se calme très rapidement avec un joli chant clair.

Par la suite, le morceau joue avec les textures et les sonorités pour offrir quelque chose d’hybride, qui se compose de riffs brutaux, d’une grosse orchestration, et d’un chant qui se veut envoûtant. Ce premier titre est assez déroutant dans sa structure, mais il démontre aussi une volonté d’être progressif, et de ne pas se glisser dans un carcan. The Liquid Eye aurait tendance à poursuivre cela, avec un démarrage assez calme et mélancolique, pour se diriger alors vers quelque chose de plus rugueux, avant de terminer sur une note plus douce et dépressive. Mais c’est avec Wind of no Change que les choses se tassent un peu. Le titre a des côtés très « religieux » dans ses sonorités, mais du côté démoniaque. Les « Hail, Satan » se font entendre, et on retrouve bien l’aspect gothique du groupe. Mais il est évident que le morceau va diviser.

La raison est toute simple, le chant est sur une tonalité similaire, sans grande variation, et forcément, cela donne un côté presque trop calme à l’ensemble. Mais il garde en son sein un aspect insidieux qui refuse de nous quitter par la suite. Lilac rentre parfaitement dans ce même moule, avec des passages plutôt rugueux, mais qui restent très discrets en rapport avec le côté calme et mélancolique. Forcément, les fans de la première heure ne seront pas satisfaits, mais ce n’est pas bien grave. Le groupe poursuit son exploration d’un sentiment qui se doit d’être à la fois doux et sombre, et c’est bien fichu comme cela. Temporal est un peu pareil. Le titre démarre fort avant de se calmer pour embrasser un tempo plus lent et une atmosphère plus délétère. Le résultat peut dérouter, mais il reste maîtrisé à la perfection, avec en prime un excellent refrain.

On peut être plus circonspect avec Departure Fails. Katatonia décide d’aller vers quelque chose de plus jazzy, qui s’éloigne volontairement du métal. On y entend des cuivres, le morceau ne décolle jamais vraiment, et même s’il reste « joli », il lui manque quelque chose de plus sombre. Warden ne parviendra pas forcément à relever le niveau, le titre étant un peu transparent (même s’il fait le taf), et c’est sur The Light Which I Bleed que le groupe dévoile toutes ses billes, dans un superbe élan progressif et tortueux. Le titre se veut plus hargneux que les autres dans ses phases agressives, et les passages plus doucereux se veulent retenir une colère latente. Il est dommage que Efter Solen manque de profondeur et ennuie plus qu’autre chose. Enfin, In the Event Of clôture l’album de belle manière, dans une synthèse parfaite de ce que l’album avait à proposer.

Au final, Nightmares as Extensions of the Waking State, le dernier album en date de Katatonia, ne va pas plaire à tout le monde. Plus doux que les précédents albums, qui étaient déjà des skeuds plutôt calmes, cet effort joue plus sur les textures et les ambiances brumeuses qu’à l’accoutumée, s’amusant alors avec des éléments qui tirent vers le Jazz, et une propension à jongler avec les thèmes gothiques pour s’infuser en nous sur la durée. Certes, ce n’est pas le meilleur album des suédois, mais l’effort est louable, et il s’agit d’un album qui gagne en qualité après plusieurs écoutes.

  • Thrice
  • The Liquid Eye
  • Wind of no Change
  • Lilac
  • Temporal
  • Departure Trails
  • Warden
  • The Light Which I Bleed
  • Efter Solen
  • In the Event Of

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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