juillet 20, 2025

Fallujah – Xenotaph

Avis :

Peut-on faire plus niche que le Technical Death Métal ? Il faut dire que ce sous-genre du Death est assez difficile d’accès, avec notamment un côté très pointu dans les compositions, et une envie de démonstration d’un point de vue technique. D’ailleurs, la plupart des groupes qui évoluent dans ce style ne sont pas très reconnus à l’international, sinon par des adeptes de musiques extrêmes, qui ne jurent que par le métal dans sa globalité ou le rock. Fallujah est un groupe américain qui s’est formé en 2007, et qui va signer sur le label Unique Leader Records en 2011 pour leur premier album, The Harvest Wombs. Seulement, la vie du groupe sera assez décousue, car malgré des albums qui sortiront de manière plus ou moins régulière, le line-up connaîtra des changements intempestifs, jusqu’à n’avoir aujourd’hui plus qu’un seul membre d’origine, le guitariste Scott Carstairs.

Depuis quatre albums maintenant, et pas moins de neuf ans, les américains ont signé chez Nuclear Blast Records, leur permettant alors une meilleure mise en avant. Xenotaph est leur sixième effort studio, et il présente un changement de guitariste rythmique, avec Sam Mooradian qui fait son arrivée pour ce nouvel opus. Sortant trois ans après Empyrean qui fut acclamé par la presse spécialisée et le public, autant dire que Fallujah était attendu au tournant, et forcément, cela véhicule quelques craintes, qui seront bien présentes sur ce nouvel album. Non pas que Xenotaph soit mauvais, bien au contraire, mais il reste un disque assez creux, presque factice, qui manque de profondeur et de variations dans ce qu’il propose. Pourtant, tout commence sous les meilleurs auspices avec In Stars we Drown, qui pourrait presque faire office d’introduction avec son petit « trois minutes ».

Le titre démarre doucement, pour offrir par la suite un gros passage nerveux, avant de se radoucir un peu. On entend bien le mélange des chants, et d’un point de vue technique, il n’y a pas de souci, on est bien dans du Technical Death. Kaleidoscopic Waves enclenche alors la première vitesse, avec une introduction qui frappe fort en nous balançant un premier solo qui fait mouche, et une batterie qui blaste comme une malade, jusqu’à devenir presque programmatique. Et c’est là un problème, car on a vraiment l’impression d’avoir un ordinateur qui frappe sur les fûts. Bien évidemment, par la suite, le groupe joue avec les textures et les sonorités. Le chant clair croise le growl, les riffs sont hyper rapides, et malheureusement, c’est un peu le bordel. Si on aura bien un break un peu frais, l’ensemble manque cruellement d’émotions.

Ce sentiment, comme quoi il manque des émotions, il va être constant durant toute l’écoute. Techniquement, c’est irréprochable, mais on se sent éloigné de tout ce bazar. Par exemple, on ne peut qu’être subjugué par la qualité de Labyrinth of Stone, mais il lui manque un petit truc en plus pour vraiment nous embarquer dans son délire. Les passages en chant clair manque d’impact, et encore une fois, la batterie est bien trop rapide pour ce genre d’exercice. The Crystalline Veil tend à aller vers quelque chose de plus limpide, et d’un peu plus structuré. D’autant plus que l’ambiance est plus prononcée, avec une envie de repousser les limites, avec beaucoup de tapping sur les grattes, et un refrain en chant clair plus intéressant que sur les titres précédents. Puis Step Through the Portal and Breathe essaye de continuer cette exploration avec plus ou moins de succès.

Là encore, l’ensemble est impressionnant, mais ça manque d’un aspect humain. C’est compliqué à expliquer, car cela est du pur ressenti, et forcément, c’est très subjectif. On ne peut renier toute la qualité des morceaux, mais on reste en dehors, ce qui fait que l’on écoute cela sans s’investir un peu plus dans l’écoute. A Parasitic Dream pourrait presque passer comme un interlude suffoquant avant d’attaquer les deux gros derniers morceaux qui sont très réussis. The Obsidian Architect possède une bonne narration, en faisant un titre intéressant à plus d’un titre, malgré sa complexité. Puis Xenotaph clôture l’ensemble avec un déluge de violence, et une forte envie d’en découdre. Malheureusement, certains passages sont trop rapides pour offrir une mélodie qui reste en tête, et il est difficile de se faire à l’idée que derrière les fûts de la batterie se trouve une vraie personne.

Au final, Xenotaph, le dernier album de Fallujah, plaira certainement aux fans de Technical Death Métal qui ne recherchent que de la technique, et rien d’autre. Les musiciens sont des tueurs, ça ne fait aucun doute, mais ils ont oublié de fournir de l’émotion à leurs compositions, et de faire rentrer quelque chose de plus humain à l’intérieur. Il en résulte un album qui remplit sa fonction première, mais qui ne touche pas, et reste finalement un skeud sympathique, mais loin d’être marquant.

  • In Stars we Drown
  • Kaleidoscopic Waves
  • Labyrinth of Stone
  • The Crystalline Veil
  • Step Through the Portal and Breathe
  • A Parasitic Dream
  • The Obsidian Architect
  • Xenotaph

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.