
Titre Original : September 5
De : Tim Fehlbaum
Avec Peter Sarsgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Leonie Benesch
Année : 2025
Pays : Allemagne, Etats-Unis
Genre : Drame, Thriller
Résumé :
5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l’époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l’histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
Avis :
Tim Fehlbaum est un réalisateur suisse assez méconnu. Il faut dire qu’à quarante-trois ans, il livre avec « 5 Septembre » son troisième film, et ses deux précédents films sont passés totalement inaperçus, du moins aux yeux du public. Le réalisateur a rencontré un certain succès en festivals, notamment avec son premier film « Hell« , qui est un terrible thriller post apocalyptique. Franchement, si vous n’avez pas vu « Hell« , le film mérite vraiment qu’on s’y arrête. Pour son troisième film, Tim Fehlbaum a choisi de s’arrêter sur l’attentat des Jeux olympiques de Munich en 1972.

Outre l’histoire, les événements, on les connaît plus, parce que Steven Spielberg leurs a consacré un film. Ce film, c’est « Munich » et s’il aborde bien les vingt et une heure de la prise d’otages, « Munich« , c’est surtout un film qui se consacrait à l’après-attentat, où l’on suit un agent du Mossad qui fut missionné afin de venger le pays. Avec « 5 Septembre » comme son titre l’indique, Tim Fehlbaum va lui consacrer l’heure et demie de son film à la prise d’otages en elle-même. Enfin, il va surtout s’arrêter sur le point de vue de la presse, à travers les journalistes d’ABC, qui ont raconté les faits en direct. Passionnant et intelligent, aussi bien dans ce qu’il raconte que dans sa démarche, « 5 Septembre » arrivera à nous tenir d’un bout à l’autre de son histoire, alors même qu’on en connaît déjà l’issue.
« Tim Fehlbaum nous immerge totalement dans cette histoire »
05 Septembre 1972, alors que les Jeux olympiques de Munich sont une parenthèse enchantée, très tôt ce matin-là, des coups de feu sont entendus dans le village olympique. Très vite, des rumeurs parlent d’une prise d’otages et de morts, et ça se passerait dans l’appartement de l’équipe d’Israël. Parmi les journalistes sur place, ceux de la chaîne ABC vont couvrir l’événement comme jamais, et un événement de cette ampleur n’avait jamais été couvert…
Allez, on laisse janvier 2025 derrière nous, et l’on se lance dans le petit mois de Février et pour cette première semaine, si « Les Tuche« , « Paddington« , Angelina Jolie et Steven Soderbergh sont de retour, la première surprise va donc venir du suisse Tim Fehlbaum qui reconstitue de manière incroyable la prise d’otage des JO de Munich. Pour raconter cet évènement, il y a beaucoup d’angles d’attaque, et parmi tous, Tim Fehlbaum a choisi l’œil de la presse, qui va couvrir l’événement en direct, devenant le premier attentat suivi par des millions de personnes en temps réel.
Pour cela, le réalisateur s’est incroyablement documenté, et ça se sent d’un bout à l’autre de son film. Offrant une reconstitution bluffante, Tim Fehlbaum nous immerge totalement dans cette histoire, et comme je le disais, alors même que l’on en connaît l’issue, le cinéaste arrive à nous la faire tristement redécouvrir. Ici, on est mis au même niveau que les journalistes, découvrant en direct, en même temps qu’eux, l’ampleur des dégâts ainsi que l’horreur et la terreur des images. Le scénario va de grandes lignes en grandes lignes et met en avant le travail des journalistes.
« »5 Septembre » est un huis clos en studio de télévision. »
Alors, bien sûr, l’ensemble est partagé, car au sein de cette histoire, le film interroge les limites, les ambitions, ce qui est juste, le poids du métier et l’information, ou encore la difficulté de rester neutre, ou du moins le fait de ne pas avoir d’affecte dans une telle situation. De plus, au travers des conversations, des découvertes, du poids de l’image, le film va parler des séquelles de la Seconde Guerre mondiale, des tensions qui résistent entre certaines nationalités, puis plus loin encore, le film aborde évidemment le conflit israélo-palestinien. Cette histoire a beau avoir plus de cinquante ans, elle reste encore tristement d’actualité, et aujourd’hui plus que jamais, et ça, c’est terrible.
Ce qui fait aussi que le film fonctionne très bien, c’est la minutie avec laquelle Tim Fehlbaum a reconstitué l’époque, l’ambiance et la tension au sein du studio, d’ailleurs, on pourrait très bien dire que « 5 Septembre » est un huis clos en studio de télévision. Dans sa mise en scène, il y a quelque chose qui va chercher de l’ordre du documentaire, et dans l’anti-sensationnel, et ça, ça fait une très grande partie de la saveur passionnante du film. Il faut aussi mentionner que « 5 Septembre » est un film qui s’arrête beaucoup sur le métier de journaliste et comme je le disais, s’il sonde les consciences de chacun, il prend aussi du temps pour filmer et montrer les métiers de l’ombre et comment un direct dans de telles circonstances pouvait être fait.

Si l’on ajoute à cela un casting parfait, où chacun trouve sa place, « 5 Septembre » se pose comme l’excellente surprise de ce début Février. Avec « 5 Septembre« , Tim Fehlbaum livre un film passionnant d’un bout à l’autre. Le réalisateur offre une nouvelle vision de cet attentat, et il le fait avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, en plus de nous offrir un sacré thriller journalistique. Bref, « 5 Septembre« , c’est excellent et c’est à voir !
Note : 18/20
Par Cinéted