avril 18, 2024

Doubles Vies – Triple Echec

De : Olivier Assayas

Avec Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Christa Théret

Année : 2019

Pays : France

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d’édition, où son ami Léonard, écrivain bohème publie ses romans. La femme d’Alain, Séléna, est la star d’une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu’ils soient amis de longue date, Alain s’apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer.

Avis :

Depuis le milieu des années 80, Olivier Assayas est l’un des réalisateurs français les plus prolifiques. Cet ancien critique de cinéma a réalisé en trente-deux ans de carrière pas moins de dix-sept films, et le suivant est déjà en préparation. Bref, éclectique, varié et cohérent, Assayas s’est forgé une solide réputation.

Quatre ans après avoir fait tourner Juliette Binoche dans « Sils Maria« , le réalisateur retrouve l’actrice pour un film choral qui se veut être une comédie. D’ailleurs, comment ne pas penser à une comédie, son affiche, son titre, ses acteurs, et même les dires de son réalisateur, « Doubles vies » laissait entrevoir la petite comédie de mœurs amusante, faite de quiproquos amusants, qu’on fantasme déjà grâce à ce casting fabuleux qu’a réuni le réalisateur pour l’occasion… Malheureusement pour nous, il ne sera question de rien de tout ceci et à la place d’une comédie enjouée, « Doubles vies » va être un drame pompeux, interminable et finalement agaçant. Quelle déception !

Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d’édition où son ami Léonard, écrivain bohème, publie ses romans. La femme d’Alain, Séléna, est la star d’une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu’ils soient amis de longue date, Alain s’apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer.

Il est assez difficile de parler du nouveau film d’Olivier Assayas tant je suis totalement resté hermétique à ce dernier et ça, dès sa scène d’ouverture. Avec « Doubles vies« , Olivier Assayas a voulu, par le biais de la comédie (je la cherche encore…), aborder un sujet très intéressant, l’évolution d’une société et comment ne pas rester en marge de celle-ci. Pour cela, il nous propose de suivre Alain, un éditeur qui doit faire face à la disparition du livre matérialisé. À travers ce personnage et ceux qui l’entourent, Olivier Assayas se livre donc à une réflexion sur la société de masse, de consommation, et plus largement sur l’être humain, les rapports humains et bien entendu, comment cette société finit par les rendre individualistes. Le sujet est donc fort et a vraiment sur le papier de quoi être passionnant, et encore plus passionnant quand on sait que c’est Olivier Assayas qu’on trouve derrière la caméra et à l’écriture du scénario.

Mais voilà, cette idée et ce discours, chez Olivier Assayas, aurait fait un superbe court-métrage d’un bon quart d’heure. Oui, car une fois la chose acquise, une fois la réflexion et les questions posées, « Doubles vies » ne va faire que se répéter encore et encore et encore. C’est bien simple, le film tourne en boucle pendant près de deux heures (qui finissent par en paraître le double). Olivier Assayas essaiera bien de changer un peu la donne, partant sur d’autres sentiers, notamment sur les tromperies, avec ces personnages qui finissent par un peu tous coucher ensemble, mais sur le fond, c’est encore cette idée que le réalisateur martèle encore et encore, au point de finir par ne plus rien dire du tout. On notera quand même la qualité des dialogues. Des dialogues qui sont le point fort du film, « Doubles vies » est particulièrement bien écrit, avec des mots précis, qui sont aussi un point faible, puisque finalement, à force de parler, parler et parler encore de la même chose, le tout finit par être inaudible.

« Doubles vies » décevra aussi par sa mise en scène. Si le film n’a aucun début et aucune fin, il sera aussi très terne, laissant apparaître aucune ambition. On ne trouvera pas grand-chose de marquant ou d’attachant dans « Doubles vies« . La photographie est sombre, tout a déjà été vu et revu, parfois même on ne comprend pas les choix d’Olivier Assayas. « Doubles vies » n’est pas un drame, mais ce n’est pas non plus une comédie, « Doubles vies » finalement est un peu à l’image de ce qu’il raconte, c’est-à-dire qu’on ne sait pas ce qu’il est, comme on ne comprend plus de quoi il parle…

Dans ce triste paysage, on aurait pu alors se rattraper avec ses comédiens, mais là encore, ça ne fonctionne pas, parce que d’une part, les personnages s’écoutent parler, et d’autre part, ils ne sont pas attachants et touchants. Seule Nora Hamzawi dans un personnage naturellement drôle tire son épingle du jeu. Un personnage qu’on apprécie suivre, alors même qu’il est en dehors de toute intrigue dans ce film. Pour le reste de ce très beau casting, on repassera malheureusement…

La séance fut donc interminable et insupportable. « Doubles vies« , c’est deux heures d’un scénario qui tourne en rond. C’est deux heures de discours lourds qui auraient pu tenir en un quart d’heure. Partant d’une très bonne idée, osant un sujet fort et intéressant, Olivier Assayas livre un film lourd, qui s’écoute parler. Je crois que rarement un film m’a mis aussi vite sur le carreau. C’est bien simple, la première scène du film avec son discours caricaturé anticapitaliste, donne le ton… Tout le reste de « Doubles vies » sera ainsi… Bref, une très belle et très grande déception !

Note : 05/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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