
Titre Original : Phii Khon Pen
De : Monthon Arayangkoon
Avec Pitchanart Sakakorn, Apasiri Nitibhon, Penpak Sirikul, Chokchai Charoensuk
Année : 2006
Pays : Thaïlande
Genre : Horreur
Résumé :
En jouant les rôles de victimes sur les reconstitutions de scènes de crime, une jeune actrice commence à se faire connaître et participe à toutes les enquêtes policières. L’une de ses reconstitutions ne se passe pas tout à fait comme prévu et la jeune femme commence à entendre des voix et distinguer des personnes… Petit à petit, elle perd le contrôle, mettant sa vie en danger.
Avis :
Dès que l’on commence à aborder la Thaïlande et son cinéma d’horreur, la première chose qui vient en tête, c’est bien évidemment le film de fantôme. Il faut dire que le pays a sorti de nombreux films qui font écho aux spectres, et cela que ce soit sous la forme de récits plus ou moins historiques, ou encore d’horreur plus frontale et contemporaine. En même temps, la Thaïlande est un pays où les légendes vont bon train avec les croyances, et forcément, cela donne beaucoup d’idées aux scénaristes. The Victim prend place dans un contexte assez différent. Premier film pour Monthon Arayangkoon, qui ne confirmera pas forcément par la suite, The Victim met en scène une jeune femme qui fait tout pour être actrice, et va trouver ses meilleurs rôles en jouant les victimes de scènes de crime pour participer aux enquêtes policières.

Le postulat de base est assez novateur. Datant de 2006, le film va tenter de parler de la recherche du succès à tout prix, mais que jouer les morts a lui aussi un prix. Le début est assez calamiteux. La mise en scène est cheap au possible, et on va vite se rendre compte des limites budgétaires d’un tel projet. Les acteurs jouent mal, et il sera très compliqué de ressentir de l’empathie pour cette jeune femme prête à tout pour devenir célèbre. Elle est dérangeante dans la façon de s’accaparer les attentions de tout le monde, et surtout, elle ne se rend pas compte qu’elle est envahissante, et crée une certaine gêne. Dès lors, il sera difficile de rentrer dans le long-métrage, tant elle est hystérique dans sa composition, et n’apporte rien de vraiment attachant, pas même lorsqu’elle s’excuse auprès des âmes des victimes.
« le côté fauché empêche le réalisateur de nous accrocher «
Cependant, le film va profiter de son côté kitsch pour rapidement mettre en place des fantômes, et créer une atmosphère pesante. Lors de la deuxième reconstitution, la jeune femme brûle de l’encens pour s’excuser auprès du défunt, et de façon subtile, le film va mettre en scène le premier fantôme. C’est à la fois sale (le fantôme n’a plus de tête), mais aussi étrange, car le côté mal maquillé fait qu’il règne un sentiment presque crédible. Et petit à petit, les esprits vont se faire de plus en plus présent, vivant dans l’ombre des murs, dans de petites alcôves, suivant alors cette actrice qui va se sentir de plus en plus obligée de rentrer pleinement dans le rôle des morts. C’est fait de façon insidieuse, et les teintes grisâtres, ternes, ne font que rajouter du poids à ce sentiment d’insécurité.
Seulement, cette ambiance ne va pas tenir lorsqu’il va falloir aborder le dernier cas, celui d’une femme tuée dans sa baignoire, alors qu’elle prenait des cours de danse, et jouait un double-jeu avec une concurrente. Le problème, c’est que le côté enquête se met en arrière-plan pour parler de possession, et d’une équipe de tournage qui vire au sensationnalisme. On ne comprend pas bien comment se déroule les choses, c’est trop long, trop complexe, et surtout, le côté fauché empêche le réalisateur de nous accrocher avec quelque chose de visuellement intéressant. C’est constamment moche, mal filmé, avec une actrice qui fait des crises, et une équipe qui veut faire taire ces rumeurs pour continuer dans le sensationnalisme. Tout cela manque de subtilité, et c’est bien trop long pour expliquer quelque chose que l’on sait déjà. Et par-dessus le marché, il va falloir compter sur une vengeance.
« The Victim aurait pu être bien plus intéressant »
Là où le film aurait pu gagner des points, c’est lorsque des membres de l’équipe commencent à voir des choses sur le montage, et se font zigouiller par un esprit. The Victim aurait pu être bien plus intéressant en travaillant cet aspect visuel, où la qualité de l’image importe peu, jouant alors sur les textures, et les apparitions fugaces. Oui, ça aurait pu ressembler à The Ring, mais avec toujours le côté reconnaissance recherché par cette « actrice » qui trouve des rôles de composition en jouant les mortes. Mais le film préfère se saborder en jouant sur une dualité entre deux femmes que l’on repère mal, et en mettant en avant une narration éclatée qui n’a aucun intérêt, sinon celui de nous perdre dans un scénario nébuleux. En bref, on ne peut que constater ce que le film aurait pu être, à défaut de ce qu’il est…

Au final, The Victim est un film qui fait de belles promesses, mais qui se saborde tout seul, comme un grand. Trop long pour ce qu’il raconte, baignant dans une mise en scène cheap et moche au possible, le film compose de beaux tableaux lorsqu’il faut mettre en avant des fantômes encombrants et bénéficie d’une bonne ambiance plutôt oppressante. Il est dommage de voir tout ce potentiel gâché par une direction douteuse, et un scénario qui ne demandait rien d’autre que d’être affiné et simplifié. Bref, les amateurs de fantômes asiatiques seront certainement contents, moins les autres…
Note : 10/20
Par AqME