septembre 16, 2024

Ripper – Le Slasher Opportuniste

De : John Eyres

Avec A.J. Cook, Bruce Payne, Ryan Northcott, Claire Keim

Année : 2001

Pays : Canada

Genre : Horreur

Résumé :

Molly, unique survivante d’un massacre, intègre un groupe d’étudiants qui enquête sur un tueur en série agissant sur le campus. Les méthodes de ce criminel ressemblent étrangement à ceux de Jack l’éventreur…

Avis :

Lorsque Scream est sorti en 1996, il a enclenché une vague sans précédent de slashers à toutes les sauces. On a eu du bon, avec notamment Souviens-Toi l’Eté Dernier… et Urban Legend, mais on a aussi eu droit à de terribles navets qui ont continué à envahir nos écrans jusqu’au milieu des années 2000. Si aujourd’hui, le slasher existe toujours, le genre essaye de trouver d’autres pistes scénaristiques pour nous piéger et apporter un peu de fraîcheur. Mais revenons au début des années 2000, ou un canadien du nom de John Eyres a cru bon de nous asséner d’un slasher s’inspirant de la légende de Jack l’éventreur. Sorti en 2001, on ne peut pas dire que Ripper a marqué son époque, et à la revoyure, il a terriblement mal vieilli.

En fait, de Jack l’éventreur, il n’en sera question que de façon factuelle. Il n’y a pas de rapports filiaux dans l’histoire, mais simplement des étudiants qui travaillent autour des serial killers, et qui vont se faire dézinguer les uns après les autres, jusqu’à ce que l’une d’entre eux découvre que le tueur fait les mêmes blessures que le célèbre maniaque. Rien de bien mirobolant, mais la structure du film essaye de nous surprendre. En effet, on entre dans le vif du sujet avec une jeune femme qui s’enfuit d’une île alors que tout son groupe s’est fait tuer. Cinq ans plus tard, on retrouve cette personne dans une université, entrant dans un groupe de travail autour des tueurs en série. Forcément, elle est marquée par ces meurtres, et elle est un peu rebelle sur les bords, avec des vêtements gothiques et une attitude très méfiante.

« Les personnages ne sont pas mal écrits, ils ne sont pas écrits du tout. »

De suite, on va rentrer dans des petits chaussons, avec un cours magistral sur les tueurs, par un professeur énigmatique (et qui s’écoute parler), où la caméra nous présente tous les personnages qui vont se faire buter au fur et à mesure. Le problème, c’est que c’est fait de manière très rapide, à un tel point que l’on n’a pas le temps de mémoriser les noms de chacun. Le film ne reviendra pas particulièrement sur eux, sinon sur le groupe, et on n’oubliera rapidement qui est qui, surtout qu’ils sont tous de la chair à canon. En ce sens, il sera très difficile de ressentir de l’empathie pour qui que ce soit, et donc de rentrer concrètement dans le film. Les personnages ne sont pas mal écrits, ils ne sont pas écrits du tout.

Du coup, on ne va attendre que trois choses, une mise en scène intéressante, des meurtres graphiques et un twist surprenant. Mais sur tout cela, le film va se gaufrer dans les règles de l’art. Le film accuse le poids des années. S’il accumule plus de vingt ans, même pour l’époque, la réalisation évoque plus un téléfilm qu’un vrai film taillé pour le cinéma. L’image n’est pas forcément belle, certains éléments manquent d’envergure, et d’un point de vue global, on reste sur quelque chose de gris dont le montage et le découpage sont aux fraises. Il suffit de voir la course-poursuite en bagnoles pour se rendre compte de la supercherie. Et histoire de faire durer le film lors des meurtres, la réalisation revient inlassablement sur les mêmes plans, dans l’espoir de créer de la peur (le premier meurtre en est un exemple flagrant).

« Le scénario est très maladroit et très brouillon. »

On sera aussi déçu au niveau des meurtres, tout du moins au début. Alors ils ne sont pas impactants, tout simplement parce qu’on ne ressent rien pour les personnages. Ils ont beau mener l’enquête et avoir des caractères plus ou moins différents, on se fout de ce qu’il leur arrive. Les débuts sont fastidieux, avec des morts classiques, à base de coups de couteau, mais vers la fin, on va retrouver un peu de nervosité. Le fait que l’action se déroule dans une scierie va permettre de jouer avec les lieux et de fournir des meurtres plus gores. Alors ça reste très léger, mais au moins, on a un semblant de tension, et une mise en scène qui évite de remettre plusieurs fois la même scène pour tenter de créer un sentiment de danger. Après, ce n’est pas non plus mirobolant, mais on se raccroche à ce que l’on peut.

Enfin, on ne pourra pas vraiment compter sur un twist implacable. Le scénario est très maladroit et très brouillon, avec plusieurs moments qui arrivent comme des cheveux sur la soupe. Par exemple, lorsque l’héroïne casse tout chez elle par désarroi et que son prof arrive pour la réconforter, on ne comprend pas vraiment comment cela est possible. D’autant plus que ça crée une pseudo tension sexuelle assez malaisante. Mais au-delà de ça, le final essaye de jouer au petit malin avec le spectateur, et là aussi, c’est le gros bordel. On a l’impression que le film se précipite pour rentrer dans un cadre horaire fixe (ici, 1h30) et se déleste d’une révélation trop rapidement, à un tel point que l’on ne comprend plus rien. Et certains personnages prouvent leur inutilité à l’instar de l’inspecteur (pauvre Jürgen Prochnow) qui n’aura eu aucun impact sur l’histoire.

Au final, Ripper est donc un mauvais slasher. S’il tente de petite chose pour se sortir de la masse, avec une paire de meurtres graphiques et un semblant de liant à l’histoire de Jack l’éventreur, on ne peut pas dire que tout le reste soit réussi. Le scénario est brouillon, les personnages ne présentent aucun intérêt, la mise en scène est digne d’un téléfilm, et les acteurs sont désespérants… Bref, hormis si l’on aime le métal alternatif de la fin des années 90, les tenues émo kitschouilles et les slashers sans saveur, alors il vaut mieux éviter ce film…

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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