septembre 16, 2024

Leprous – Melodies of Atonement

Avis :

On a tous nos chouchous. Des groupes qui pourraient chier dans un Tupperware et que l’on trouverait cela génial. Et souvent cela se retrouve dans des bandes qui font un style musical alambiqué, alliant le Prog avec d’autres styles, que ce soit le Rock ou le Métal. Et dans ce registre, Leprous s’est petit à petit imposé comme une référence. Avec un line-up stable depuis 2017, notamment avec l’arrivée du batteur fou Baard Kolstad, le groupe norvégien a sorti masterpiece sur masterpiece, de Malina à Pitfalls, sans oublier Aphelion, et aujourd’hui, c’est Melodies of Atonement qui retient notre attention. Huitième album studio, Einar Solberg, le chanteur à la voix monumentale, avait annoncé qu’il revenait à un son plus lourd et qu’il s’agissait de leur album le plus Heavy, ce qui allait changer par rapport aux deux précédents qui laissaient beaucoup de champ au violoncelle.

Et rapidement, on ne peut que donner raison au frontman, puisque dans sa globalité, Melodies of Atonement est plus rigide que les albums précédents. Il n’y a plus du tout de violoncelle, les riffs sont plus agressifs, la basse est plus présente, et il s’agit de l’album le plus court de la discographie de Leprous, dépassant à peine les cinquante-et-une minutes. Cependant, cela ne veut pas dire que l’album soit totalement différent de l’esprit du groupe, puisque l’on peut retrouver plein de petits éléments des efforts plus anciens, allant de la violence insidieuse de Coal en passant par des moments éthérés plus proche d’un Pitfalls. En un sens, ce huitième skeud pourrait être une synthèse de tout ce qu’a fait le groupe auparavant, mais les norvégiens vont beaucoup plus loin, affichant une volonté de pousser les limites des musiciens et d’explorer de nouvelles contrées.

Très clairement, on peut dire que cet album est divisé en deux grandes parties. La première moitié est relativement lourde, avec cinq titres courts, du moins lorsque l’on parle de Leprous. Silently Walking Alone, qui fut le deuxième single à paraître, montre toutes les ambiguïtés du groupe, avec d’un côté des riffs très lourds, une rythmique saccadée et des sonorités qui sont là pour marquer, mais avec une sorte de maîtrise totale des sentiments. Einar Solberg joue avec sa voix pour parfaire des moments impressionnants, et une orchestration monumentale lors du refrain. Et tout cela en à peine plus d’une minute. Atonement vient en deuxième position, et ce fut le premier titre à sortir pour vendre l’album. Point de surprise à l’horizon, on retrouve un groupe en totale maîtrise, qui offre un morceau à la fois lourd et puissant, possédant un refrain qui reste bien en tête.

La surprise viendra plutôt de My Specter, qui n’arrive pas à quatre minutes mais qui délivre une puissance ahurissante. L’ambiance se fait plus gothique, plus malsaine, tout an gardant une certaine luminosité dans la mélodie. Les coups de rein dans le deuxième refrain forcent le respect, et les riffs, d’une lourdeur incroyable, démontrent bien que Leprous reste un groupe de métal avant tout. I Hear the Sirens débute avec la voix cristalline du chanteur qui propose un exercice de style dont lui seul a le secret, et il nous embarque dans un titre tortueux, touchant, qui révèle sa pleine puissance sur sa fin, montant crescendo pendant plus de quatre minutes. Un titre qui file les poils à plus d’une reprise. Puis Like a Sunken Ship se veut plus simple, plus puissant, avec notamment un growl qui revient pour emplir tout l’espace le temps de quelques secondes.

Sur la seconde partie, le groupe lâche alors ses cinq morceaux les plus longs. Et cela commence avec Limbo, qui est une petite pépite. Débutant de façon presque jazzy, le titre se dévoile petit à petit, offrant alors un refrain catchy en diable et une mélodie hypnotique qui reste un long moment en tête (difficile de ne pas chanter de petits « fireball, fireball »). Faceless va encore plus loin dans l’aspect Jazz, notamment avec une ligne de basse très typique, ainsi qu’un clavier qui scande une jolie mélodie relativement cosy. Mais avec Leprous, les choses ne sont jamais ce qu’elles semblent être, et le titre va évoluer au fur et à mesure, devenant alors un chemin tortueux dans lequel on va adorer se perdre. Et cela s’annonce avec les riffs lourds qui arrivent en sourdine, jusqu’à nous exploser en pleine figure.

Et on a droit à un Einar qui module sa voix de façon incroyable, jouant de ses cordes vocales comme d’un instrument en plus. Le milieu du titre est tout simplement formidable et les changements de rythmes, ainsi que les émotions qui vont avec, sont absolument sublimes. Et tout ça sans oublier un côté Pink Floyd avec un solo de gratte éthéré et aérien. Bref, une petite merveille. Sur les deux titres suivants, les norvégiens vont nous surprendre une fois de plus. Starlight est un morceau très calme, qui monte petit à petit, mais qui s’avère relativement planant, où l’on ressent encore le côté Rock Prog que peut avoir le groupe. Et tout le délire autour des mélodies qui évoquent Pink Floyd ressurgit ici. Quant à Self-Satisfied Lullaby, on part presque dans un trip Blackgaze à la fois planant et relativement sombre.

Le groupe sort de sa zone de confort et propose tout simplement quelque chose de nouveau. Alors, bien évidemment, on retrouve tout ce qui fait la quintessence même de Leprous, mais le groupe montre qu’il peut se renouveler, proposer de nouvelles choses, tout en gardant son talent. Einar et sa voix de zinzin, Tor Oddmund Suhrke et sa technique de malade à la gratte, la basse implacable de Simen Daniel Borven ou encore cette batterie folle de Baard Kolstad, tout cela permet de faire tout et n’importe quoi et d’afficher un titre ultra addictif à la lisière du Shoegaze. Enfin, Unfree my Soul clôture l’album de façon magistrale. Le titre peut se voir comme une synthèse globale de tout ce que l’on a écouté auparavant. C’est à la fois touchant, planant, on a un break de folie ultra solide, et l’ensemble forme une cohésion massive et impressionnante.

Au final, Melodies of Atonement, le huitième album studio de Leprous, est tout simplement époustouflant. Les norvégiens sortent clairement de leur zone de confort et proposent une autre facette de leur talent de musicien. En montrant une première partie plus accessible et sans doute plus lourde, le groupe fait la part belle aux morceaux plus tortueux et alambiqués dans une seconde partie de dingue, tout en rendant l’ensemble facile d’accès à n’importe quel néophyte. Bref, album après album, Leprous démontre qu’il est résolument composé de génies de la musique, offrant un mélange de Métal et de Rock progressif dont eux seuls ont le secret.

  • Silently Walking Alone
  • Atonement
  • My Specter
  • I Hear the Sirens
  • Like a Sunken Ship
  • Limbo
  • Faceless
  • Starlight
  • Self-Satisfied Lullaby
  • Unfree my Soul

Note : 20/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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