septembre 16, 2024

Le Téléphone de M. Harrigan – Connexion Plate

Titre Original : Mr. Harrigan’s Phone

De : John Lee Hancock

Avec Jaeden Martell, Donald Sutherland, Kirby Howell-Baptiste, Joe Tippett

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller, Fantastique

Résumé :

Dans une petite ville, l’amour des livres et de la lecture rapproche Craig, un adolescent, et M. Harrigan, un vieux milliardaire reclus. Mais quand M. Harrigan décède, Craig découvre que tout n’est pas mort et terminé. Il se retrouve étrangement capable de communiquer avec son ami par-delà la mort grâce à son iPhone. Cette histoire d’apprentissage surnaturelle prouve que certains liens sont indestructibles.

Avis :

Stephen King est certainement l’auteur le plus adapté au cinéma, mais aussi en série télé. Les exemples sont nombreux, et il n’est pas la peine d’en faire une liste exhaustive, on connait tous une paire d’œuvres adaptées du maître de l’horreur. Bien évidemment, parmi toutes ces relectures, il y en a de très bonnes, que l’on doit principalement à Frank Darabont et Mike Flanagan, et d’autres qui sont complètement aux fraises. Et puis il y a le ventre mou. Ces adaptations qui ne sont ni bonnes, ni mauvaises, qui rentrent dans un moule attendu et qui ne surprennent guère. En ce sens, les plateformes de streaming sont alors les acteurs privilégiés pour ce genre de production, et Netflix s’est jeté dedans, avec des films comme 1922 ou Dans les Hautes Herbes. Des adaptations moyennes, qui ne marquent pas, mais ne sont pas un déshonneur.

Paru dans le recueil Si ça Saigne, Le Téléphone de M. Harrigan n’était peut-être pas la plus adaptable des nouvelles du King. Il faut dire que cette histoire, aussi intéressante et profonde soit-elle, manque de rythme, ou tout du moins d’action qui aurait pu en faire un bon film. Ici, on va suivre un jeune garçon qui fait la lecture à un vieil très riche, et lorsque ce dernier meurt, le garçon place l’Iphone du type dans son cercueil. Les choses deviennent étranges quand le garçon reçoit des messages depuis le téléphone du défunt, et que ceux qui ont fait du mal au petit meurt de façon accidentelle. Nous faisons face ici à une histoire tout ce qu’il y a de plus « kingien », avec notamment un adolescent, un fantôme, un rapport touchant entre deux personnes de génération différente, et bien entendu, quelques monstres qui sortent du placard.

« On ne peut que blâmer la politique mensongère de Netflix qui met le film dans la collection horreur,. »

Néanmoins, tout cela manque de mordant, d’action, de passages effrayants, et on ne peut que blâmer la politique mensongère de Netflix qui met le film dans la collection horreur, alors qu’il s’agit clairement d’un drame fantastique avec une pointe de thriller. Le démarrage est peut-être le point d’ancrage le plus intéressant là-dedans, avec un jeune garçon qui vit avec son père. Ce dernier a du mal à faire le deuil de sa femme, et le petit garçon va nouer une amitié indéfectible avec ce vieux monsieur qui lui demande de lui faire la lecture. Pendant près de trois quarts d’heure, le film s’évertue à rendre cette rencontre touchante, montrant un homme impitoyable dans les affaires, qui va trouver là un fils de substitution. C’est relativement touchant, et il y a une belle alchimie entre les deux acteurs que sont Donald Sutherland et Jaeden Martell.

A la mort du vieux monsieur, les choses fantastiques entrent en ligne de mire. Tout d’abord avec des messages d’adieu qui vont trouver des réponses cryptées, puis avec des confessions autour du mal-être adolescent, qui vont se répondre par la violence. On n’échappe pas aux sempiternels voyous qui harcèlent les plus faibles, ou encore aux relations amoureuses qui peuvent ne pas trouver de belle fin. C’est assez cliché, et on connait déjà le déroulement. Il est presque dommage de ne pas apporter de nuances dans le portrait de l’harceleur, même si le contexte social doit y être pour quelque chose, avec une petite ville assez pauvre où l’on s’ennuie vite. On repassera sur le côté horreur, puisque les quelques morts ne seront jamais montrées, et même dans leur arrivée, on reste juste sur des faits qui rendent l’adolescent malheureux.

« Il est vrai que l’on retrouve des thèmes intéressants. »

Il est vrai que l’on retrouve des thèmes intéressants, autour de l’isolement et du deuil. De l’importance de trouver quelqu’un à qui se confier, pour évacuer certaines mauvaises ondes. Ou encore des liens que l’on peut nouer autour de la lecture, même quand on a deux générations de différence. En poussant un peu plus loin, le scénario pousse à la réflexion autour des objets et de la vacuité de la télévision ou de la radio, ou encore des téléphones. En effet, quand on y réfléchit, ils ne nous appartiennent pas, ce sont eux qui nous tiennent. Là-dessus, le film est assez intelligent sans pour autant être moralisateur. Mais si on pousse vraiment plus loin, Le Téléphone de M. Harrigan n’a pas vraiment de fin. On nous raconte un fait, en voix-off, une tranche de vie, mais qui n’a pas vraiment de moments importants, autre que le fait fantastique.

Et puis il y a un gros défaut là-dedans, c’est d’un point de vue technique. Le film est réalisé par John Lee Hancock, qui n’est pas un débutant, qui a tourné de nombreux films, et même écrit pour Clint Eastwood, et pourtant, Le Téléphone de M. Harrigan reste totalement impersonnel. C’est une habitude avec Netflix, mais le film n’a pas d’ambiance particulière. Il n’y a pas de travail autour de la lumière, la photographie est assez fade, et l’ensemble manque de mordant, à l’image, finalement, de son scénario. Le film aurait pu être réalisé par n’importe qui, et même si tu souhaites mettre un grain naturaliste pour que l’élément fantastique soit plus percutant dans cette réalité crédible, tout cela manque d’un quelque chose pour que l’ensemble soit plus intéressant.

Au final, Le Téléphone de M. Harrigan n’est pas un film désagréable. C’est mou, ça parle beaucoup, on est trop dans la tête du protagoniste qui utilise sa voix-off pour tout expliqué, mais on ressent une certaine empathie pour lui et sa relation avec ce vieux type étrange. Si la réalisation demeure impersonnelle, le film se sauve par ses deux acteurs touchants et une poignée de thèmes intéressants, qui rappellent certaines redondances chez l’écrivain. Bref, sans être un film ennuyeux, on reste sur quelque chose de lisse et qui ne bousculera personne…

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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