Avis :
La musique n’a pas d’âge et parfois, on voit sortir des groupes avec des membres qui ont à peine la majorité, voire pas du tout. Ce fut le cas de Babymetal au Japon, même si derrière le projet, il y a de vieux briscards, mais on pense surtout à Alien Weaponry, groupe de Thrash qui nous vient tout droit de Nouvelle-Zélande. La formation se développe autour de deux frères, et ils sortent un premier album en 2019, Tu, alors qu’ils n’ont que 16 et 18 ans. Le skeud est une tuerie, en plus d’aborder des thèmes ultra importants, comme l’écologie ou les conditions des maoris dans leur pays. Fort de cette mise en avant extraordinaire, il n’aura pas fallu longtemps au trio pour sortir un nouvel effort, avec un nouveau bassiste. Tangaroa arrive deux ans après Tu, et on peut se demander si tout cela n’est pas précipité.
Parfois, il est bien de prendre du temps pour sortir son second album. Tout simplement pour que le soufflé redescende un peu, mais aussi pour offrir un effort à la fois attendu et redouté. Doit-on faire pareil que le précédent pour caresser dans le sens du poil les fans de la première heure ? Ou au contraire, doit-on prendre des risques quitte à se planter ? les choix sont difficiles, et visiblement, les jeunes d’Alien Weaponry ont fait le choix de ménager la chèvre et le chou, en proposant un album qui possède un peu des deux facettes. Et si on retrouve des choses réjouissantes, on va aussi découvrir un défaut majeur dans cette galette, la propension de la formation à faire des morceaux à rallonge, et à oublier l’efficacité de morceaux simples et rentre-dedans. Car c’est là que le bât blesse avec ce skeud.
La preuve en est avec le tout premier titre, Titokowaru. Si le chant en maori, ainsi que le choix d’utiliser certains instruments, est une bonne idée et permet de donner une véritable identité au groupe, on reste tout de même dans l’attente que l’ensemble décolle vraiment. Il réside dans le titre de bons riffs, une bonne violence, mais l’ensemble met beaucoup trop de temps à démarrer. Et cela, on va le ressentir sur les trois premiers titres, que ce soit Hatupatu, ou encore Ahi Ka, même si sur ce dernier, on retrouve quelques éléments plus rugueux qui permettent de mieux faire passer la pilule. Cette envie de faire de longs titres (et par conséquent un long album qui dépasse l’heure d’écoute) est louable si on y met de la technique, mais là aussi, c’est assez faiblard, chaque morceau ne possédant pas de solo de gratte.
En abordant Tangaroa, le groupe montre qu’il sait bien manipuler les deux langues, le maori et l’anglais. De ce fait, peut-être est-ce dû à la langue, mais le morceau est plus mordant, plus puissant, et on retrouve l’esprit du premier album. Pas de quoi en faire tout un fromage, mais on sent que le groupe en a sous la pédale, et qu’il l’exploite assez mal, jusqu’à ce moment-là. Mais c’était sans compter sur Unforgiving, et là, c’est la douche froide. Sur plus de sept minutes, le groupe tente la sobriété et fournit un long titre où le chanteur pose ses vocalises pour ne rien dire. C’est assez triste, mais ça chante faux, ce n’est pas très beau, et la montée crescendo est très longue. On sent les influences d’un Metallica, mais clairement, la production n’est pas au niveau et on s’ennuie ferme face à ce morceau.
D’ailleurs, la production est un énorme défaut sur cet album, avec un mauvais enregistrement, et un mixage qui laisse à désirer. Par exemple, Blinded, qui fait peut-être partie des meilleurs titres de l’album, ne bénéficie pas d’une ampleur plus théâtrale dans le refrain, qui est pourtant hyper catchy. Un choix bizarre qui démontre sans doute l’immaturité du groupe dans ce domaine. Pour le reste de l’album, si on retrouve de gros riffs puissants sur Dad, ou encore des passages intéressants sur Crooked Monsters, force est de constater que tout cela manque cruellement d’éléments marquants. Et c’est dommage, car d’un point de vue thématique, le groupe porte ses « corones » en abordant des points politiques forts en Nouvelle-Zélande (la défense des populations locales qui furent déloger pour construire des villes), mais cela ne suffit pas à convaincre d’un point de vue musical.
Au final, Tangaroa, le second album d’Alien Weaponry, demeure une petite déception, surtout après l’excellence qu’était Tu. Les néo-zélandais se fourvoient un peu sur leur musique, qui devient vite redondante, avec des solos qui sont trop discrets et des riffs qui deviennent vite redondants. Et si les thèmes abordés sont importants et légitimes, ils prennent trop le pas sur la technique et l’enregistrement, qui demeure pas dingue, ce qui est surprenant pour un label comme Napalm Records…
- Titokowaru
- Hatupatu
- Ahi Ka
- Tangaroa
- Unforgiving
- Blinded
- Kai Whatu
- Crooked Monsters
- Buried Underground
- Dad
- Ihenga
- Down the Rabbit Hole
Note : 11/20
Par AqME