novembre 11, 2024
BD

Mickey Maltese – La Ballade de la Souris Salée

Auteurs : Bruno Enna et Giorgio Cavazzano

Editeur : Glénat

Genre : Aventure

Résumé :

À bord d’un catamaran faisant face aux vagues du Pacifique, des marins aperçoivent au loin la silhouette d’un naufragé sur un radeau. Cela commence comme le chef-d’œuvre d’Hugo Pratt : La Ballade de la mer salée… et pourtant les personnages sont ceux de Disney ! Paru au printemps 2017 en Italie et réalisé par le grand maître Giorgio Cavazzano, Mickey Maltese est, plus qu’une parodie ou un simple hommage, une véritable relecture de la mythique première aventure de Corto. On y retrouve, outre Mickey dans le rôle-titre, le mystérieux personnage du Moine ainsi que Pat Hibulaire en Raspoutine et Minnie en Bouche Dorée…

Avis :

Comme dans tout médium culturel, il existe des immanquables dans la littérature, à savoir des livres à avoir lu au moins une fois dans sa vie. On peut citer Dracula de Bram Stoker, Frankenstein de Mary Shelley, Moby Dick de Herman Melville ou encore la première BD mettant en avant Corto Maltese d’Hugo Pratt. Et le point commun entre tous ces textes se retrouve chez Disney, puisque des auteurs espagnols ont cru bon de reprendre ces classiques afin de les détourner à destination d’un plus jeune lectorat. Si les intentions étaient bonnes espérant sans doute attirer les enfants vers de grands classiques de la littérature, dans les faits, la donne est différente. En effet, soit les adaptations sont à peine potables (Duckenstein), soit elles sont carrément mauvaises, comme la BD qui nous préoccupe entre ces lignes.

Au niveau de l’histoire, on reste dans quelque chose de très terre à terre qui met en avant des pirates et l’appât du gain. On retrouve alors Pat Hibulaire dans le rôle d’un malfrat qui bosse pour un homme mystérieux qui s’appelle Le Moine Noir. Il retrouve Mickey Maltese en difficulté sur un radeau, l’accueille à son bord et ce dernier découvre que Pat Hibulaire à kidnapper la nièce d’un riche marchand. Il compte bien en tirer quelque rançon sans trop ébruiter cela à son patron. Patron qui est aussi celui de Mickey Maltese, ainsi que d’un singe qui pilote un sous-marin. Tout ce petit monde se retrouve sur l’île du Moine, et tout un chacun va essayer de faire un bébé dans le dos de l’autre pour récupérer quelques deniers. Bref, une histoire de trahison, de piraterie et d’un Mickey plus malin que les autres.

Le problème avec cette histoire, c’est que tous les dés sont pipés dès le départ. On se doute bien que Mickey est un pirate au grand cœur, qu’il va lier une histoire d’amour avec Minnie (la nièce kidnappée) et qu’il va ressortir victorieux de cette histoire à triple parti. Il n’y a pas vraiment de suspens, on se contente de lire ce récit de façon détachée et il n’y aura guère de fond. D’ailleurs, on sera surpris de voir que les quelques axes intéressants ne seront pas plus exploités, comme ce fameux sel noir qui est en fait de l’or, ou encore l’identité du moine noir, qui n’est qu’un brigand comme un autre. En fait, il manque à cette bande-dessinée une véritable aura pour exister et surprendre. Et même si ça s’adresse à un lectorat plutôt jeune, il ne faut pas prendre cela par-dessus la jambe.

Disons que l’humour présent n’est pas vraiment bien tempéré. On retrouve un personnage secondaire qui se veut drôle, en la personne de Dingo, mais il en fait des caisses et on ne croit pas un seul instant à ce type. Il écoute la mer qui lui parle, peut communiquer avec les poissons, et du coup, le dernier coup de poker de Mickey se base sur des affabulations qui ne collent pas du tout avec l’aspect un peu réaliste. De même, certaines situations sont ubuesques et n’ont pas vraiment d’intérêt, tout comme les relations entre les personnages qui sont d’une simplicité embarrassante, notamment entre méchants, qui ne sont pas si méchants que ça (hormis le moine noir qui tente un petit meurtre). Encore une fois, les enfants ne sont pas des lecteurs idiots, et on peut ne pas leur mâcher le travail, ou adoucir certains propos.

Au niveau du dessin, si ce n’est pas catastrophique, ce n’est pas la panacée non plus. En fait, le plus gros problème réside dans la différence qu’l y a entre la couverture, sublime, et l’intérieur qui fait assez vide. Giorgio Cavazzano utilise un trait assez rigide pour faire ses personnages, ce qui donne des planches assez figées et un manque d’énergie. Les rares scènes d’action ne sont pas forcément optimales et il y a surtout un manque de respiration, d’ampleur. On n’aura jamais de grands paysages, de grandes planches présentant un décor idyllique et paradisiaque. On reste sur de petites cases qui se succèdent, et à l’image de l’intrigue, tout va très vite, sans prendre le temps de respirer, d’aérer son histoire et son dessin. De ce fait, cela contribue à appuyer la déception à la fin de la lecture.

Au final, Mickey Maltese – La Ballade de la Souris Salée est une amère déception (une de plus dans les adaptations Disney des classiques de la littérature). Non seulement l’histoire n’est guère intéressante, mais les dessins ne sont pas forcément jolis, ne trouvant jamais l’espace d’aérer son récit et son ambiance. On se retrouve face à une BD qui, comme elle se destine à des enfants, fait le minimum syndical, sans jamais essayer de beau ou plus mature. Dommage, parce qu’en plus, cela ne donne pas envie d’aller vers du Hugo Pratt

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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