avril 25, 2024
BD

The Kong Crew – L’Hommage au Pulp

Auteur : Eric Hérenguel

Editeur : Ankama

Genre : Fantastique

Résumé :

1947, quatorze ans après la victoire de Kong, Manhattan a été évacuée et l’île est désormais une zone interdite, surveillée par la Kong Crew, une escadrille de pilotes parmi lesquels nous rencontrons le jeune et impétueux Virgil ! Alors qu’un scientifique et un journaliste entrent dans Manhattan, illégalement, la Kong Crew est dépêchée sur place pour tenter de retrouver les deux intrus…

Avis :

Eric Hérenguel est un auteur complet. Dessinateur, scénariste, il a connu un succès mérité avec des séries telles que Krän, et surtout son western fantastique Lune d’Argent sur Providence. Avec un papa passionné d’aviation et une promesse faite à un petit éditeur, l’idée de The Kong Crew est venue à Eric Hérenguel en une seule nuit, avec un souvenir tenace au réveil. Pensé comme un comic à l’ancienne avec de petits fascicules d’une trentaine de pages, The Kong Crew va alors se décliner en un format plus « calibré » en partant chez Ankama. Hommage appuyé aux histoires « pulp » des années 50, cette série imaginée en trois tomes va alors permettre de voir tout le talent de son auteur, du dessin au scénario, en passant par un cadrage dynamique. Bref, vous l’aurez compris, The Kong Crew est une réussite pure et simple.

Grand singe discret

L’introduction de la BD nous met directement dans le bain. On nous explique que l’île de Manhattan est devenue un lieu coupé du monde dans lequel Kong est roi, au milieu des dinosaures et autres créatures gigantesques. L’Us Air Force a pour mission de faire des vols de reconnaissance afin d’éviter que des créatures s’aventurent en dehors de l’île. C’est durant un vol de routine que Virgil, petit prodige de l’armée de l’air, se crashe sur l’île et lance un fumigène. Dès lors, une mission de sauvetage se met en place. En parallèle, on va suivre un journaliste et un scientifique qui se sont infiltrés sur l’île pour faire des révélations à la presse. Mais leur périple ne va pas se passer comme prévu. Enfin, Spit, le teckel de Virgil, va se faire la malle sur l’île, et Betty, la fille du colonel, fait campagne pour le retrouver.

C’est dans ce contexte que prend place l’aventure de The Kong Crew. Véritable hommage aux séries pulp des années 50, Eric Hérenguel va se faire plaisir en mettant tout ce qui lui passe par la tête. Ainsi donc, on aura droit à un récit d’aventure, aussi bien que quelques passages horrifiques, avec une grosse pointe d’humour dès qu’il faut aborder Betty et son physique de rêve dans la caserne des militaires. Sans aucune prise de tête, on va suivre les aventures de ces personnages découpées en plusieurs actes, expliquant chacun de leur côté le contexte de ce microcosme au sein de New York. Et de ce fait, on va découvrir des thèmes différents à chaque fois, permettant de voir que The Kong Crew, ce n’est pas seulement de la bagarre et un gros singe. Singe que l’on ne voit pas forcément, et qui n’est pas le point central de l’intrigue.

Ptéros et Pin-up

En premier lieu, nous allons commencer avec ce journaliste et ce scientifique qui veulent faire un papier sur l’île de Manhattan pour faire éclater ce que cache le gouvernement. Ainsi, on va découvrir que l’île est devenue un repaire de dinosaures, et que même la flore date de la préhistoire. En suivant ce duo, l’auteur pose le décor, avec un monde violent, parfois lugubre, où l’homme n’est jamais loin et fait partie des prédateurs. C’est avec eux que l’on va aussi avoir des éléments de réponse sur le fait que l’île soit devenue ce qu’elle est, avec l’hypothèse d’un parasite dans les poils de Kong. On y découvrira alors des personnages hauts en couleurs, comme un dresseur d’araignée géante alcoolique, qui connaîtra les petits passages de l’île. Ici, on nage en plein récit d’aventure, avec ce qu’il faut de courses-poursuites et d’affrontements avec des reptiles.

Par la suite, on va suivre Virgil, beau gosse de l’armée de l’air, avec une gouaille infernale (sauf quand il faut parler aux femmes). Lors d’une mission de reconnaissance, il se crashe sur l’île et va tout faire pour survivre. Jusqu’à tomber sur des amazones qui le garde comme prisonnier. Avec ce personnage, Eric Hérenguel aborde la survie avec humour et une pointe d’érotisme, où les femmes sont reines. On plonge presque dans un univers post-apocalyptique, où ses anciennes orphelines se sont faites toutes seules, sans l’aide de personne et se sont appropriées les règles du plus fort. Virgil est un homme cocasse, débrouillard, et il va taper dans l’œil de la reine. L’entraide sera de mise alors pour se débarrasser de certains dinos, et tous les bons côtés de ce personnage vont lui permettre de se sortir de moments plutôt complexes.

Un teckel

Dans les moments où l’on va repartir dans la civilisation, l’auteur en profite pour tirer le trait de Betty. Pin-up au caractère bien trempée, elle est l’atout charme de l’histoire. Elle fait chavirer tous les cœurs des militaires, mais elle tombe amoureuse de Spit, le teckel de Virgil, qui va se faire la malle sur l’île pour retrouver son maître. Le dessinateur aborde alors la place de la femme dans l’armée, où elle ne peut pas voler parce que c’est une femme, et elle reste un objet de désir et de fantasme dans la tête des hommes. Betty joue alors avec cela pour arriver à ses fins. C’est avec humour et dérision qu’Eric Hérenguel parle de cela, tout en restant raccord avec son époque, rétrograde de nos jours, mais permettant de remettre en place un combat qui dure depuis trop longtemps.

The Kong Crew est donc une BD qui cache bien son jeu. Derrière son aspect sans prise de tête et son aventure rocambolesque, l’auteur se permet de lancer des références bien digérées et de fournir une histoire riche en thèmes et réflexions. La place de l’homme a aussi une importance, démontrant que même dans ce monde sauvage et hostile, on retrouve des humains pervers qui ne sont là que pour détruire et y prendre du plaisir. Une occasion de plus pour rappeler que même si Kong peut être une menace pour l’humanité, l’homme reste un loup pour l’homme et que c’est de lui dont on doit avoir le plus peur. Bénéficiant de dessins superbes et d’un cadrage sans faille qui dynamise le tout, The Kong Crew est une belle réussite, à la fois régressive et intelligente. On attend avec impatience le troisième et dernier tome !

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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