avril 16, 2024

Krisiun – Scourge of the Enthroned

Avis :

Quand on évoque le métal brésilien, on pense immédiatement à Max Cavalera et tous ses groupes. Sepultura, bien évidemment, mais aussi Soulfly ou Cavalera Conspiracy. Pour autant ce n’est pas le seul représentant de la scène métal au Brésil (et dans seul représentant, on y inclut aussi ses frères, enfants, etc…). Depuis le début des années 90, Krisiun tente de se tailler une part du gâteau, sans jamais réussir à sortir de l’ombre de Sepultura. Abordant un Brutal Death assez technique, les originaires de Rio Grande do Sul ne mâchent pas leur talent et délivre à chaque fois des galettes qui enchainent baffes et torgnoles. Violent mais toujours avec une cohérence qui force le respect, Krisiun a réussi à se faire connaître par la force des choses et grâce à Century Media. Avec Scourge of the Enthroned, les brésiliens reviennent à leur meilleur niveau et frappent un grand coup.

Torrent de violence

La première chose qui frappe lorsque l’on jette une première oreille sur cet album, c’est la virulence des riffs. Scourge of the Enthroned, qui lance les hostilités, se pare d’une introduction instrumentale détonante et permet par la suite de délivrer un chant guttural qui est parfaitement maîtrisé. Alex Camargo ne faiblit à aucun moment et reste sur une partition monolithique de mammouth. Cette violence, on la retrouvera sur absolument tout l’album. Les brésiliens ne font pas les choses à moitié et se lâchent complètement sur cet effort. Des morceaux comme Slay the Prophet sont là pour en attester, ou encore Whirlwind of Immortality qui clôture l’album d’une façon dantesque et ultra rapide. Une rapidité toute relative, car si elle est bien présente sur tout l’album, il semblerait que le trio ait un peu ralenti la cadence.

Plus technique qu’à l’accoutumée, les trois frères ont baissé sur la vélocité de leur riff pour gagner en mélodie et en cohérence. Ainsi, on trouvera quelques titres qui lorgneront plus vers un Thrash brutal, comme Demonic III et son démarrage syncopé qui permet d’installer une atmosphère assez morbide, malgré la violence de l’ensemble. Comme quoi, on peut installer une ambiance creepy avec une rapidité décoiffante. D’ailleurs, au sein même du titre, on aura droit à quelques baisses de régime permettant au groupe de sortir d’une certaine lassitude. A Thousand Graves ira dans le même schéma structurel, avec en prime un solo ultra véloce qui démontrera tout le talent technique du groupe, si besoin l’en était. Pour faire bref, sous ses atours d’ultra violence, le groupe arrive tout de même à délivrer une prestation lisible et intense. Ce qui n’est pas toujours le cas des groupes de Brutal Death.

Références et Répétition

Avec cet album, le onzième, Krisiun fracasse la baraque et délivre une prestation presque sans faille. Après plusieurs écoutes, on va tout de même se rendre compte que c’est un album que l’on ne peut pas écouter à fond, puisque certaines nuances trouvent de l’écho en baissant le son. Devouring Faith gagne alors en intensité et plusieurs moments vont mieux se décerner avec un volume plus bas. Il en va de même avec le très nerveux Electricide. Et c’est assez étrange de dire ça quand on parle de Métal, un genre musical qui s’écoute plutôt fort et qui donne envie de se briser la nuque. Mais le groupe brésilien réussit ce tour de force d’être très violent, mais de se dévoiler à volume moyen.

On trouvera aussi dans cet album de nombreuses références à d’autres groupes qui vont dans le même style. Difficile de ne pas évoquer Morbid Angel et son ton monolithique. Ou encore Kreator et ses élans vivaces de riffs assourdissants. Krisiun a beau avoir de belles comparaisons, il reste une formation à part et se détache de ces références pour fournir un travail qui lui est propre. Abysmal Misery (Foretold Destiny) en est un exemple, où le groupe trouve le parfait équilibre entre un Brutal Death assez classique et une ambiance qui fait plus Thrash. Et s’il est vrai que l’on aura quelques redondances dans les rythmiques, ce qui peut créer une certaine lassitude, le groupe a l’intelligence de ne fournir que huit pistes, permettant une réécoute plus facile et un goût de reviens-y pas désagréable.

Au final, Scourge of the Enthroned, le dernier effort en date de Krisiun, est une belle réussite. Alors que le groupe avait quelque peu déçu avec son opus précédent (Forged in Fury datant de 2015), il renoue ici avec la recette qui a fait son succès, c’est-à-dire une hyper violence assumée au sein d’une technique qui force le respect. Sans être parfait non plus, les brésiliens se font plaisir et nous font plaisir à travers 38 minutes de parpaings dans la gueule. Et parfois, ça fait du bien de s’en prendre plein les oreilles.

  • Scourge of the Enthroned
  • Demonic III
  • Devouring Faith
  • Slay the Prophet
  • A Thousand Graves
  • Electricide
  • Abysmal Misery (Foretold Destiny)
  • Whirlwind of Immortality

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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