octobre 13, 2025

Sojourner – Premonitions

Avis :

Quand on dit que la musique, et notamment la musique métal, dépasse les frontières, cela ne veut pas seulement dire que les groupes s’exportent relativement bien, ou que l’on a des bandes de tous les pays du monde. Cela signifie aussi que certaines formations n’ont pas forcément de pays et de frontières, et que chaque membre peut provenir d’un endroit différent. Ainsi, Sojourner, groupe qui oscille entre Epic et Black atmosphérique, est impossible à géolocaliser à cause des nationalités diverses et variés de ses membres. Entre un chanteur américain, un guitariste et un bassiste néo-zélandais, une chanteuse sud-africaine et un batteur italien, on ne peut pas dire que le groupe soit posé à un endroit précis de notre globe. Et cela n’englobe pas les nombreux changements de line-up subis par le groupe, explosant alors le nombre de nationalités. Bref, Sojourner est un groupe international.

Formé en 2014, le groupe sort un premier album en 2016 chez Avantgarde Music et pose déjà le décor, peu de titres, mais une durée d’écoute qui dépasse les cinquante minutes. Deux ans plus tard, un deuxième opus sort, et c’est en 2020 que déboule Premonitions qui nous préoccupe aujourd’hui, dernier album en date du groupe, qui va voir les choses se dégrader par la suite. Car oui, suite à cet album, une chanteuse et un guitariste s’en vont vers d’autres horizons, et même aujourd’hui, après un EP et un single, la formation a du mal à garder un line-up stable, si ce n’est son chanteur et son guitariste, qui tiennent le groupe à bout de bras. Malgré toutes ces histoires, et donc avant de tout parte en eau de boudin, Sojourner nous proposait Premonitions, un troisième album qui fut plutôt bien reçu, et qui oscille entre plusieurs genres.

Quand on lance le premier titre, The Monolith, on a l’impression d’être tombé sur du Evanescence, à cause du piano, de l’ambiance orageuse, et de la voix doucereuse de la chanteuse. Pour autant, le groupe va vite nous montrer qu’il est au-dessus de ça, en déroulant alors les gros riffs, la rythmique un peu blacky et le chant guttural. Néanmoins, l’intelligence du groupe est de ne pas tomber dans la surenchère et d’essayer de faire un gros mix entre la virulence un tantinet Black et la douceur du chant féminin porté par des guitares aériennes. C’est plutôt intéressant, si on rajoute à cela des éléments folks avec une petite flûte qui vient se rajouter entre les refrains et les couplets. Mais il y a un gros mais, on a tout de même une grosse impression de surplus, avec un morceau qui part dans tous les sens.

Dès lors, il est difficile de rentrer dans cet univers tant il y a trop de sonorités, et que l’ensemble demeure bien trop riche. Et pourtant, ça ne se touche pas vraiment la nouille d’un point de vue technique. Il n’y a pas de branlette de manche, la structure est assez classique, mais l’ensemble ne prend pas vraiment, et cette sensation, on l’aura sur quasiment tout l’album. Eulogy for the Lost dépasse les sept minutes, mais reprend tous les clichés du titre précédent, en affichant les mêmes défauts, ainsi qu’une structure similaire, changeant juste la mélodie sur quelques passages. Mais on retrouve l’alternance des chants, la flûte, la guitare aérienne qui permet d’adoucir l’ensemble, etc…Bref, ces deux premiers titres ne sont pas loupés pour autant, mais ils ne sont pas engageants, demeurant trop brouillons à appréhender, avec un univers que l’on ne comprend pas vraiment.

Avec The Apocalyptic Theater, le groupe ressasse sa même recette, tout en y abordant tout de même un côté plus Black et un aspect plus agressif. Le côté bordélique est toujours présent, et surtout, le titre est beaucoup trop long. Si, à la rigueur, il y avait un peu de Prog au sein de la musique, on pourrait y voir une certaine évolution, mais là, ce n’est clairement pas le cas. Talas emprunte aux ballades métal avec la chanteuse et son piano avant de s’énerver un peu sur la fin, mais ça reste téléphoné. Puis Fatal Frame met enfin le feu aux poudres. Durant huit minutes, on va ressentir toute la rage du groupe et cette envie de pousser plus. Dommage que le piano adoucisse trop l’ensemble. The Deluge s’avèrera un peu plus puissant, mais le tout est toujours gâché par une pointe de folk et de flûte.

Au final, Premonitions, le dernier album en date de Sojourner, n’est pas désagréable à l’écoute, mais il semblerait que le groupe ait trop d’envie pour tout mettre au sein d’un seul titre. Il se dégage de chaque morceau un sentiment de surplus, de trop-plein, ce qui fait que l’on ne s’attache à rien, et que le tout s’écoute sans anicroche, mais sans aucune passion non plus. C’est dommage, on sent le potentiel grandiloquent de la formation, mais elle n’arrive pas à doser ses deux aspects, entre Black poignant et Epic/Power à tendance folk.

  • The Monolith
  • Eulogy for the Lost
  • The Apocalyptic Theater
  • Talas
  • Fatal Frame
  • The Deluge
  • Atonement
  • The Event Horizon

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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