avril 20, 2024

Slipknot – The End, So Far – Le Chant du Cygne?

Avis :

Corey Taylor est un homme très occupé et qui a énormément de mal à ne rien faire. Entre son projet solo et ses deux groupes, Slipknot et Stone Sour, on peut dire que le chanteur occupe pas mal le devant de la scène rock et métal. De ce fait, les temps de sortie entre deux albums des groupes précités peut être long, comme ce fut le cas entre All Hope is Gone et 5. The Gray Chapter, où six années d’attente furent plus ou moins récompensées. Plus ou moins car c’est à ce moment-là que Slipknot a commencé sa mue. Un changement progressif vers quelque chose de moins virulent, qui fait la part belle aux émotions et surtout à des constructions plus complexes. Certains fans y ont vu une trahison, et une fusion entre les deux formations de Corey Taylor. Et cette fusion est de plus en plus prégnante.

The End, So Far est le septième album du groupe, et il arrive un petit peu comme un cheveu sur la soupe. Il faut dire que We are not Your Kind n’a que seulement trois ans, et d’habitude, le groupe prend plus de temps pour sortir un nouvel opus. Autre point à soulever, c’est seulement le deuxième album avec ce line-up, et surtout, c’est le dernier qui viendra sur le label Roadrunner Records, les américains ayant décidé de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Bref, des éléments qui indiquent déjà que Slipknot ne va pas nous caresser dans le sens du poil. Et cela se confirme dans un mélange exigeant entre des sonorités qui semblent provenir de Stone Sour, et d’autres qui auraient bien leur place dans les premiers efforts du groupe de Des Moines.

Le premier titre est d’ailleurs très déroutant. Adderall ressemble plus à une introduction qu’à un véritable morceau, mais surtout, il s’agit d’un long titre très calme et d’une rare douceur. On y retrouve une ligne de basse très jazzy, un chant clair sur toute la durée et un refus de partir dans des riffs lourds et gras. Cette entrée en matière annonce la couleur de l’album, Slipknot va nous prendre à revers et ne pas nous faire de cadeau. Si on veut rentrer dans l’album, il va falloir accepter les changements. Des changements qui sont disséminés au sein de l’album, avec des morceaux qui résonnent comme des flashbacks d’un temps révolu, et d’autres qui sont des êtres hybrides entre les deux formations de Corey Taylor. Ainsi, The Dying Song (Time to Sing) contient un peu des deux, avec beaucoup de chant clair, mais surtout un refrain catchy en diable.

Sans pour autant renier leurs origines, avec ce titre, le groupe propose des passages très nerveux et arrive à proposer quelque chose de court mais de puissant et de percutant. The Chapeltown Rag, premier morceau qui s’est dévoilé sur la toile, se veut bien plus virulent, et n’aurait pas volé sa place sur Iowa. Les percussions frappent fort, Corey Taylor se lâche au niveau du chant, et on fait face à un titre sauvage et lourd. Les fans de la première heure seront certainement ravis. On retrouve même les scratchs caractéristiques de Sid Wilson, qui prendront plus d’ampleur que sur les opus précédents. Mais encore une fois, le groupe va nous surprendre avec le morceau suivant, Yen. Assez long et lent, On a presque droit à une bascule vers du Stone Sour. Sans pour autant délaisser le chant crié, le titre est calme et s’agite surtout sur un refrain percutant.

Mais tout doux soit-il, s’il y a bien une chose que le groupe possède en son for intérieur, c’est un sentiment presque malsain. Il y a une sorte de crasse qui réside en fond sonore et cela donne vraiment un cachet au groupe, et même au groupe en lui-même. C’est ce qui fait la force et la personnalité de Slipknot. Hivemind sera là pour nous le rappeler, agitant dès lors un riff bourdonnant, faisant écho au titre du morceau, l’esprit de ruche. Méchamment percutant et doté d’un riff qui fait vibrer les tympans, le groupe de Des Moines démontre encore son talent pour venir nous mettre un petit taquet derrière la nuque. Difficile de ne pas bouger la nuque dans tous les sens avec un rythme aussi frappé. Le seul petit reproche que l’on peut faire au titre, c’est qu’il traine un peu en longueur.

Une scorie qui revient sur plusieurs titres dans cet album. On peut évoquer dans ce sens Medicine for the Dead, même si on reste subjugué par cette montée en puissance, ou encore Acidic qui ressemble à du Stone Sour sous acide. On peut reprocher cela aussi à De Sade, mais son aspect malsain fonctionne à plein régime, ou encore Finale, qui malgré sa boucle avec le premier titre, manque parfois de moment fortiche. De menus défauts que l’on ne retrouve pas sur des titres plus directs et puissants, à l’image de Warranty, l’un des titres les plus virulents de l’album, ou encore Heirloom et son efficacité démoniaque partagé entre les manipulations de Sid Wilson et les riffs dantesques de James Root et Mick Thomson. H377 fait aussi partie de ces titres addictifs qui ne tergiversent pas et qui renouent avec un passé pas si lointain.  

Au final, The End, So Far, le dernier album de Slipknot, est une belle réussite, qui suit sans problème le précédent album, qui était déjà très étonnant. Bousculant un peu plus les codes et floutant les limites avec Stone Sour, les américains prennent des risques et offrent un album qui demande un certain investissement de la part de son auditoire. Trouvant un juste équilibre entre toutes les influences qui entourent leur frontman, le groupe de Des Moines ne semble pas prêt de s’arrêter en si bon chemin, et seul l’avenir nous dira si on assiste à un chant du cygne, ou si cette « fin » n’est que le commencement d’une nouvelle aventure.

  • Adderall
  • The Dying Song (Time to Sing)
  • The Chapeltown Rag
  • Yen
  • Hivemind
  • Warranty
  • Medicine for the Dead
  • Acidic
  • Heirloom
  • H377
  • De Sade
  • Finale

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Une réflexion sur « Slipknot – The End, So Far – Le Chant du Cygne? »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.