avril 18, 2024

Snipers – Tireurs d’Elite

Titre Original : Sun Cheung Sau

De : Dante Lam et Wai Lun Ng

Avec Jack Kao, Bowie Lam, Calvin Poon, Chi-Sing Cheung

Année : 2009

Pays : Hong-Kong

Genre : Action

Résumé :

Hartman a la réputation d’être le meilleur tireur d’élite de la police. Lincoln, son ancien coéquipier et tireur émérite, vient de sortir de prison après avoir purgé une peine pour avoir tué accidentellement un otage. Pensant que Hartman et la police sont les vrais responsables, il a juré de se venger…

Avis :

Lorsqu’on évoque les snipers, on songe à un corps d’élite que l’on présente généralement dans un cadre militaire. Le sujet peut avoir une occurrence secondaire dans bon nombre d’intrigues. Toutefois, il peut être central, comme ce fut le cas dans Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, ou encore Sniper de Luis Llosa. Avec le film de Dante Lam, on s’éloigne quelque peu des champs de bataille pour se confronter à la criminalité urbaine. Les tireurs d’élite font alors partie intégrante des forces de l’ordre. De là à songer que l’on se trouve en présence d’un ersatz asiatique du SWAT de Clark Johnson, il n’y a qu’un pas…

De prime abord, Snipers – Tireurs d’élite a tout du film d’action décérébré. On ne s’encombre guère d’un scénario fouillé pour présenter un corps d’élite sous son meilleur jour. En ce sens, le traitement glorifie corps et âme l’image institutionnelle que renvoie cette faction de la police hongkongaise. À grands élans de musiques héroïques, de plans iconiques et de ralentis surannés, les snipers en question sont encensés par tous les moyens possibles et imaginables. Cela tient également à leur intégrité, à leur solidarité et, surtout, au respect de la hiérarchie. Dès lors, le propos est manichéen au possible, car les ordres et l’obéissance prévalent sur toute autre considération.

Certes, on pourrait observer une nuance avec le principal antagoniste. Toutefois, l’ambiguïté qui émane du personnage souffre le chaud et le froid, ne serait-ce qu’à travers son caractère névrosé, à la limite de la pathologie. De même, la corruption de ses valeurs s’appuie sur des ficelles grossières. À aucun moment, on ne parvient à entretenir le doute quant à ses intentions. Dommage, car certains éléments auraient pu amener à davantage d’ambivalences. On songe notamment aux convictions qu’il a délaissées ou à quelques allusions sur ses motivations. Est-il un flic infiltré ou un criminel en quête de vengeance ? La question est posée, mais ne sera jamais développée.

Un autre aspect du film tient à la profusion d’intervenants. Ceux-ci sont survolés par le biais d’une caractérisation sommaire où l’on se contente d’exacerber une particularité ou un trait bien spécifique chez chacun d’entre eux. Toutefois, on notera que l’une des principales têtes d’affiche, Edison Chen, demeure à l’écart. Là où le scénario amorce une confrontation, voire un passage de relais, on se retrouve avec un personnage très en retrait. L’explication tient à une post-production qui a exigé une coupe drastique de l’acteur en raison d’un scandale sexuel le concernant au moment du montage. Il en ressort une partie de l’intrigue totalement occultée dont il ne subsiste que quelques vestiges à l’écran.

On peut aussi rester perplexe quant aux séquences d’action. Certaines s’avèrent soignées, comme l’attaque du fourgon en pleine rue. D’autres en revanche se contentent d’un placement judicieux du tireur, de faire mouche, puis d’enchaîner sur la suite sans fluidité ni cohésion. Cette célérité côtoie également des passages dramatiques d’une grande maladresse, comme l’épouse suicidaire ou l’évocation des faits qui ont conduit Lincoln à sa situation actuelle. À cela, il faut compter sur plusieurs scories de réalisation, comme l’intégration de filtres hideux censés représenter une vision nocturne ou des images de synthèse tout aussi douteuses pour accompagner la trajectoire de la balle ; du canon de fusil jusqu’à sa cible.

Au final, Snipers – Tireurs d’élite s’avance comme un film d’action standardisé. Un blockbuster asiatique basique qui privilégie l’esbroufe et le clinquant à une approche plus vraisemblable. Entre la glorification des institutions officielles, l’exubérance de la mise en scène et une intrigue au rythme souffreteux, le film de Dante Lam s’avère maladroit à plus d’un titre. Si la structure narrative peut constituer un bon prétexte pour divertir, l’alternance des séquences d’action et dramatiques ne convainc guère. Cela sans compter sur les conditions de sortie et de post-production pour réduire la présence à l’écran d’un des acteurs principaux. Un métrage qui ne fait guère mouche auprès du spectateur. Un comble avec un tel sujet… 

Note : 10/20

Par Dante

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