avril 29, 2024

Sidonie au Japon – Douce Escale

De : Elise Girard

Avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl

Année : 2024

Pays : France, Allemagne, Japon, Suisse

Genre : Drame

Résumé :

Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !

Avis :

D’abord attachée de presse, c’est au cours des années 2000 qu’Élise Girard commence à filmer. Elle qui s’occupait des relations auprès de salles parisiennes décide de dresser quelques portraits des propriétaires de ces salles-là. Puis avec les années 2010, elle passe à la fiction avec « Belleville-Tokyo« , et si la capitale japonaise n’est alors qu’un fantasme dans le film, la réalisatrice a été au Japon pour la première fois lors d’un court séjour, où elle fut invitée pour la sortie de son film, et ce fut un choc. Et c’est de ce voyage, puis un autre, qu’est né, petit à petit, « Sidonie au Japon« .

De ses séjours au Japon, ce qui a plus marqué Élise Girard, hormis le choc des cultures, c’est le silence et la délicatesse des gens sur place, alors pour cette escale au Japon pour son personnage, la cinéaste a tenu à faire un film qui ressemble au Japon. Mélangeant les genres, « Sidonie au Japon » peut aussi bien se voir comme un drame autour d’une renaissance, d’un film fantastique avec une histoire de fantôme, qu’un road trip à travers le Japon, ou encore une petite comédie, et pourquoi pas même, une comédie romantique. Si « Sidonie au Japon » ne se posera pas comme l’un des grands films de ce début d’année, il reste toutefois un petit bout de cinéma amusant, dépaysant et intéressant dans son esthétisme et ce qu’il a envie de raconter.

« Élise Girard va livrer un film très lumineux. »

Sidonie, la soixantaine, est écrivaine. Enfin elle fut écrivaine par le passé, mais cela fait des années que l’envie d’écrire n’est plus là. Aujourd’hui, Sidonie se rend au Japon pour la première fois, à l’occasion de la réédition de son premier roman. C’est un voyage de six jours et rien ne lui donne vraiment envie. Pourtant, ce voyage va se révéler être tout autre, et bientôt, il va transformer la vie de Sidonie comme jamais elle n’aurait pu l’imaginer.

Isabelle Huppert pose ses valises au Japon pour quelques jours, sous la direction d’Élise Girard, pour un film qui se pose comme une jolie renaissance. « Sidonie au Japon« , c’est une sorte d’épreuve tranquille pour son personnage. C’est un film qui allie la délicatesse, le silence, les étrangetés, un fantôme, et des choix osés, pour raconter cette histoire. Pour ce film, Élise Girard est partie de son propre ressenti lorsque, comme son personnage, elle s’est retrouvée la seule française au Japon, entourée de japonais qui s’occupent d’elle. De ce ressenti, et de ce pays, va alors naître l’histoire de cette femme totalement éteinte et pleine de chagrin depuis la mort de son mari survenue il y a plusieurs années maintenant.

Joli dans son récit, « Sidonie au Japon » va alors prendre le temps de faire revivre son personnage au travers d’un road trip au travers du pays du soleil levant. Un road trip où le personnage de Sidonie va petit à petit voir son ex-mari lui apparaître, prenant de plus en plus de place et s’il s’agira bien d’une histoire de fantôme en un sens, ce qui est beau et atypique en même temps, c’est qu’Élise Girard va livrer un film très lumineux, au point que dans sa mise en scène, on pourrait se demander si le fantôme ne serait pas le personnage de Sidonie. En même temps, au point où le personnage en est à son arrivée, elle est bel et bien le fantôme de sa propre vie.

«  »Sidonie au Japon« , c’est la rencontre d’un acteur assez incroyable, Tsuyoshi Ihara. »

Mais réduire « Sidonie au Japon » comme un film de fantôme, ou un film sur la renaissance d’un personnage qui va dire au revoir à une partie de son passé, serait réducteur, car le film d’Élise Girard est plus que ça, et il explore d’autres genres. Au sein de ce scénario, le film se pose aussi comme une petite comédie qui aborde le choc des cultures, et plus que ça, qui aborde le Japon même. Avec ce film, Élise Girard parle énormément du Japon, de sa façon de vivre, de ses croyances, de ses traditions, et même de son histoire et c’est très intéressant. Puis avec ça, plus loin encore, la réalisatrice livre une petite rom-com entre deux êtres qui se sont oubliés en route, et cette dernière est joliment touchante.

 Après, si le film est très bien tenu par une Isabelle Huppert perdue avec elle-même, il faut dire que « Sidonie au Japon« , c’est la rencontre d’un acteur assez incroyable, Tsuyoshi Ihara. Le comédien incarne celui qui accompagne partout le personnage de Sidonie, et de par son calme et sa délicatesse, il impose un personnage sublime et magnifique qui se fait tout aussi touchant que le personnage principal, alors qu’il est bien moins développé que celui de Sidonie. Puis, il faut aussi noter les apparitions d’August Diehl, qui est sûrement la meilleure idée qu’on puisse avoir pour incarner avec un fantôme.

«  »Sidonie au Japon » est un film délicat. »

Comme je le disais, « Sidonie au Japon » est un film délicat, et s’il ne s’y passe pas forcément grand-chose, Élise Girard nous entraîne dans un film qui a son charme et qui sait joliment nous tenir. Alors, on pourra toujours lui reprocher un rythme parfois trop lent, une direction qui part dans le film d’auteur qui pourrait être pompeux, ou encore peut-être quelque chose qui fait que le film s’étire vers sa fin, il n’empêche que sur l’ensemble, « Sidonie au Japon » est joli, touchant, amusant et on se laisse prendre par cette histoire et ces personnages. On se laissera même charmer par certains choix de la réalisatrice qui sont un peu osés, comme les idées de tourner en fond vert les scènes de voitures, ou encore les scènes de fantômes. Isabelle Huppert et August Diehl n’ont jamais tourné ensemble, et le fait que ce fantôme donne l’impression d’être là, sans être vraiment là, apporte quelque chose d’intéressant au film.

Ce troisième film pour Élise Girard est un joli petit moment. Certes, le film n’est pas parfait et ne se posera pas comme l’un des films marquants de ce début d’année, ou encore même de l’année, cela ne l’empêchera pas, sur l’instant, de se faire touchant et dépaysant. Ainsi, comme Sidonie, je ne regrette pas d’avoir fait cette escale au Japon.

Note : 13/20

Par Cinéted

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