octobre 5, 2024

Dark City – Le Chef-d’œuvre Mésestimé de Proyas

De : Alex Proyas

Avec Rufus Sewell, Kiefer Sutherland, Jennifer Connelly, William Hurt

Année : 1998

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Se réveillant sans aucun souvenir dans une chambre d’hôtel impersonnelle, John Murdoch découvre bientôt qu’il est recherché pour une série de meurtres sadiques. Traqué par l’inspecteur Bumstead, il cherche à retrouver la mémoire et ainsi comprendre qui il est. Il s’enfonce dans un labyrinthe mystérieux où il croise des créatures douées de pouvoirs effrayants. Grâce au docteur Schreber, Murdoch réussit à se remémorer certains détails de son passé trouble.

Avis :

La science-fiction est un genre assez intéressant car il peut prendre la forme de différents sous-genres. La dystopie, l’anticipation, le space-opera, on peut trouver à boire et à manger dans ce genre, ce qui permet d’avoir des films qui peuvent foisonner d’idées. Et s’il y a bien un réalisateur qui semble apprécier la science-fiction, c’est bien Alex Proyas. S’il se fait connaître dans le fantastique avec The Crow, il va surtout rendre de belles copies en s’essayant à la SF. Pour preuve, son film suivant, Dark City. Très bien accueilli en 1998 lors de sa sortie en salles par les critiques, le film sera malgré tout un échec commercial, ne rapportant quasiment rien comme recette. Néanmoins, avec sa sortie en DVD, le film sera réhabilité, et aujourd’hui encore, il apparait comme un film de SF ambitieux, qui mélange plusieurs genres pour en faire un produit unique.

Le film débute clairement comme un polar, avec un homme qui se réveille, totalement amnésique, et découvre quelques bribes de souvenirs lointains en fouillant l’appartement dans lequel il se trouve. Manque de bol pour lui, il y a aussi le cadavre d’une prostituée et des hommes viennent visiblement le chercher. De façon inopportune, il découvre qu’il possède aussi un pouvoir, celui d’altérer la réalité et de créer des portes là où il n’y en a pas. D’entrée de jeu, Alex Proyas démontre sa volonté de mélanger les genres, entre le polar noir ultra référencé (on pense immédiatement au Faucon Maltais), le fantastique via les pouvoirs psychiques, et la science-fiction, puisque l’on va découvrir une race extraterrestre qui manipule les humains afin de les étudier. Ce qui aurait pu être indigeste va devenir passionnant, grâce au script, mais aussi et surtout grâce à son univers.

« Ce film est une ode au cœur et à ce qui nous rend unique. »

Dark City est un film qui va constamment titiller nos cerveaux de par ce qu’il raconte et ce qu’il veut mettre en avant. Au départ, on ne comprend pas très bien les intentions de ces êtres dotés du pouvoir d’harmonisation, et du fait qu’il change toutes les nuits les rôles des humains, ainsi que l’architecture de la ville. Pour autant, petit à petit, au gré de l’enquête mené par le personnage principal (mais aussi par un détective de police), on va se rendre compte qu’ils agissent comme des scientifiques, voulant simplement comprendre comment fonctionne l’âme humaine, afin de s’en inspirer pour vivre éternellement. Le film est une recherche de la vie éternelle par un peuple sur le déclin, qui n’a pas de pensées diverses et fonctionne finalement comme une ruche, sans jamais comprendre les sentiments. Ainsi, ce film est une ode au cœur et à ce qui nous rend unique.

En plus de nous faire réfléchir sur ce que nous sommes vraiment, nous, humains, le film évoque nos souvenirs, et le fait que parfois, le passé est un peu trop idyllique, ou semble être créé de toutes pièces. Bien évidemment, ici, le bouchon est poussé très loin, avec des souvenirs préfabriqués pour correspondre à des clichés du genre, mais Dark City peut renvoyer à nos propres souvenirs, pour que l’on se pose la question du : est-ce que c’était vraiment mieux avant ? Et cet axe de réflexion prend place dans une enquête policière étonnante, avec un homme qui se recherche et découvre, via de petits détails, qu’il n’est pas l’homme de ses souvenirs, et qu’il n’est finalement plus personne. En l’état, ce film est d’une rare intelligence, même si on a parfois quelques errances, et un final un peu too much.

« Le réalisateur imprègne son film d’une allure toute particulière. »

Cependant, et même si les effets spéciaux ont pris un petit coup de vieux, Dark City vaut aussi le détour pour son ambiance et sa mise en scène. Alex Proyas délivre un petit bijou de SF gothique, avec une ville aux inspirations des années 50. Si l’entièreté du long-métrage se déroule de nuit, celui permet de donner plus de puissance à ces hauts bâtiments, à ces cabarets nocturnes enfumés et à cette atmosphère si particulière. En empruntant au film noir des années 50, le réalisateur imprègne son film d’une allure toute particulière, et jamais égalée jusqu’à présent. C’est beau, tout en gardant un côté un peu malsain, de par les antagonistes, assez effrayants, mais aussi de par le côté labyrinthique de la cité, et dont personne ne semble s’offusquer des rues qui changent sans arrêt. Cette patine est vraiment un régal pour les yeux, malgré les fonds verts.

D’ailleurs, les décors serviront plus tard pour Matrix notamment, mais on ressent l’influence du film dans d’autres longs-métrages, preuve de sa réussite formelle. Et puis il faut aussi signaler un sacré casting. Outre Rufus Sewell qui est parfait dans ce rôle de type complètement paumé, on peut compter sur Kiefer Sutherland en docteur mystérieux qui évoque un peu les scientifiques nazis, Jennifer Connelly qui est l’atout charme et qui joue avec une belle candeur, ou encore William Hurt qui est parfait dans le rôle de ce détective qui va faire confiance au héros pour déjouer les pièges des extraterrestres. Un casting royal alors que ce n’est que le deuxième film de Proyas à l’époque. Un Proyas qui se fait d’ailleurs un peu discret ces temps-ci, puisqu’il n’a rien réalisé depuis son turbo nanar Gods of Egypt.

Au final, Dark City reste, aujourd’hui encore, une œuvre unique à part entière. A la fois beau et profond, si le film peut avoir vieilli sur certains aspects, comme ses fonds verts et ses incrustations, il n’en demeure pas moins un long-métrage a l’aspect soigné, à l’univers novateur et à la conclusion dantesque, montrant que tout humain que nous sommes, nous pouvons changer tout un univers. Bref, un film qui a connu un insuccès immérité lors de sa sortie en salles en 1998, et qu’il est toujours bon de réhabiliter aujourd’hui.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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