novembre 3, 2024

Hunger – Hunger Feeds Misery

Avis :

Quand on évoque le Thrash Métal brésilien, on pense immédiatement à Sepultura et aux frères Cavalera. Le groupe est tellement emblématique, tellement marqué par son genre et son pays, qu’il est une sorte de totem du Thrash d’Amérique du Sud. Pour autant, il existe bien d’autres groupes brésiliens qui font du Thrash, et certains font preuve d’une belle abnégation, comme Hunger. Formé au début des années 2002, le groupe galérera pendant des années (18 ans) avant de pouvoir sortir son premier album, Hunger Feeds Misery. Avant cela, on ne retrouve pas grand-chose, si ce n’est une démo en 2003, un single en 2009 et un EP de reprises en 2010. Durant dix ans, le groupe va végéter, et surtout avoir du mal à trouver un line-up stable. Pour preuve, le groupe va voir passer trois bassistes, trois batteurs et deux guitaristes, avant de sortir ce premier album.

Et si on se penche aujourd’hui sur le groupe, il ne reste que deux membres, et trois autres guitaristes ne sont même pas restés un an au sein de Hunger. Est-ce à cause d’un problème relationnel avec le frontman ? Peut-être, mais quoi qu’il en soit, Hunger Feeds Misery va être un album très étonnant, car produit de belle manière, et possédant des morceaux percutants, qui donnent vraiment envie de se briser la nuque à grands coups de headbang. Peace is in Pieces commence de façon assez lente et propose une introduction qui va permettre de rendre encore plus fort l’arrivée des guitares électriques. Les riffs sont lourds et on navigue dans la pure tradition Thrash. Le groupe ne fait pas forcément dans la dentelle, mais ce qui va surtout surprendre, c’est la voix du chanteur, qui semble être né pour ce genre musical.

Après cette grosse mise en bouche qui décoiffe, Hunger ne se repose pas sur ses lauriers. Demons in White fait parler la poudre dès le début et ne faiblira jamais. Les riffs sont puissants, la rythmique est infernale et on reste assez abasourdi d’entendre la qualité de l’enregistrement. Pour un disque indépendant, c’est tout simplement ahurissant et montre à quelque part le professionnalisme de la formation (même si elle reste peu stable). Bref, on prend coup sur coup deux gros titres passionnants. Puis, histoire de bien nous conforter dans notre idée de réussite, le groupe envoie The Dead are not Afraid to Die, et c’est encore de la grosse claque dans la tronche. Alors certes, il ne faudra pas trop chercher dans la finesse, mais l’ensemble est bien fichu, et surtout, on va avoir plusieurs strates d’écoute, avec des passages plus doux, et d’autres envoient la sauce.

Le groupe est mine de rien très technique dans son approche du Thrash et ne se contente de faire dans la violence pure et dure. D’ailleurs, avec From Hunger to Hate, la formation démontre qu’elle peut aussi partir vers d’autres sous-genres que le Thrash, allant vers de l’alternatif, où le chanteur utilise sa voix claire avec une belle maîtrise. Cela donne plus d’épaisseur au groupe, et on sent qu’il en a encore sous la pédale. Winning Without Defeating sera peut-être un peu en deçà du reste de par son aspect mid-tempo et son piano qui ne s’accorde pas forcément avec la batterie, mais globalement, on reste sur une œuvre qui sort le groupe de sa zone de confort. Et le chant clair est toujours très intéressant dans cette démarche, malgré, aussi, quelques scories dans les transitions de tempo qui ne sont pas assez lisses.

On retrouve ce problème de liaison avec Prisons of Liberty, mais comme il s’agit d’un morceau long et complet, on peut parfois passer outre quelques petits défauts qui n’entachent en rien le plaisir d’écoute. Surtout lorsque les riffs nous bombardent les tympans avec un belle lourdeur. Full of Emptyness (Anhedonia) sera aussi un titre très efficace, qui ne fera pas dans la dentelle, mais qui use moins du chant granuleux pour aller vers quelque chose de plus clair, tout en restant dans une démarche assez virulente. Bref, le groupe ne baisse jamais sa garde. Enfin, Contradizendo um Paradoxo, entièrement chanté en portugais, délivre une belle énergie et une belle hargne pour terminer l’album. D’ailleurs, on a bien envie d’y retourner, histoire de se reprendre de belles mandales dans la tronche. A noter que ce dernier titre possède aussi quelques percussions qui font très Amérique Latine, et c’est très cool.

Au final, Hunger Feeds Misery, le premier album de Hunger, est une belle réussite et le groupe mérite vraiment que l’on s’attarde un peu plus longtemps sur lui. Après des années de galère et un line-up très tumultueux, on ne peut qu’espère que les brésiliens arrivent à se stabiliser pour fournir d’autres tartes de cet acabit. Mais visiblement, ce n’est pas le cas, puisqu’il ne reste à ce jour que deux membres… Quoi qu’il en soit, cet album est une belle réussite Thrash, que tout amateur se doit d’avoir écouté au moins une fois.

  • Peace is in Pieces
  • Demons in White
  • The Dead are not Afraid to Die
  • From Hunger to Hate
  • Winning Without Defeating
  • Prisons of Liberty
  • Full of Emptyness (Anhedonia)
  • Contradizendo um Paradoxo

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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