avril 18, 2024

Witherscape – The Northern Sanctuary

Avis :

Le métal, c’est une affaire de groupe. En règle générale, il faut au moins quatre musiciens (un chanteur, un guitariste, un bassiste et un batteur) pour constituer un groupe, mais parfois, il en faut plus et quelques fois, il en faut moins. On a déjà vu des groupes n’être que des projets d’un seul homme, multi-instrumentaliste, mais pour faire de la scène, c’est bien plus compliqué. Witherscape est un groupe un peu à part, puisqu’il s’agit d’un duo composé de Dan Swanö, qui a connu la gloire avec Nightingale, mais surtout Edge of Sanity, et Ragnar Widerberg qui s’occupera de la guitare et de la basse pour ce projet. Fondé en 2013, le groupe (ou plutôt le duo) sort rapidement un premier album, The Inheritance, qui comptera plusieurs guests pour être construit comme Paul Kuhr, connu pour être le chanteur de Novembers Doom entre autre. Trois plus tard, Witherscape remet le couvert pour signer un nouvel album qui fera partie de la plupart des listes des meilleurs albums métal de l’année 2016. Avec The Northern Sanctuary, Dan Swanö et Ragnar Widerberg restent dans un Death métal à tendance mélodique, avec parfois quelques insertions dans le Viking Métal, pour un album assez réussi, mais qui manque parfois de punch et de mordant.

Le skeud débute avec Wake of Infinity, qui sort la grosse artillerie dès le départ. Après une petite introduction qui met tout le monde dans le bain, le chanteur lâche le growl surpuissant avec une rythmique d’enfer. Le plus intéressant dans tout ça reste l’alternance de la voix qui arrive à sortir aussi bien du guttural que du plus clair tout en restant nerveux et puissant. Le titre sait se faire efficace dans les ruptures de rythme, se faisant bien plus calme dans les refrains pour les rendre plus marquants. Néanmoins, on sent que le titre est coupé en deux et il manque parfois de liant entre les phases calmes et les moments plus nerveux. On retrouve cela avec In the Eyes of Idols qui démarre sur les chapeaux de roues avant de se calmer sur les refrains pour les faire plus catchy et qui s’octroie même un petit solo qui lorgne plutôt vers le rock. Néanmoins, malgré ces mélanges et ces écarts, le morceau fonctionne parfaitement et reste bien en tête. Le vrai premier morceau qui change un peu la donne, c’est Rapture Ballet, démarrant comme un titre purement Death avant de partir vers quelque chose de plus Heavy, de plus épique et qui s’ancre bien dans nos mémoires. Les claviers font un très bon taf pour donner de l’épaisseur à l’ensemble et sir globalement c’est moins puissant que les deux morceaux précédents, ça reste efficace et c’est tout ce que l’on demande. C’est avec The Examiner que le groupe se repose, se calme et propose une véritable ballade touchante et effectuée avec maestria. Si on retrouvera toujours quelques growls bien sentis, ils seront toujours utilisés à bon escient pour donner une autre ampleur au titre.

Après une première ballade, le groupe continue sur sa lancée avec Marionette, un morceau qui ressemble au précédent dans sa démarche, mais qui demeure bien différent. En effet, malgré sa langueur et son aspect très posé, le morceau fait le contraire des autres titres, ponctuant sa douceur avec des refrains plus nerveux, en growl, et donc plus puissants. Il s’agit donc d’un titre plutôt plaisant, même s’il reste très conventionnel. En proposant par la suite Divinity, le groupe se fait encore une fois plus doux malgré sa rythmique plus nerveuse. Et c’est là que l’on voit les « limites » de Witherscape, qui met en avant des riffs plutôt doux avec un chant growl rapide mais qui ne colle pas forcément avec la musique. Si ça reste bien effectué et de grande qualité en termes de technique, il en résulte tout de même une sorte de dichotomie étrange. Cette sensation se ressent aussi avec God of Ruin, plus complexe dans sa structure, plus dense dans son ambiance, mais qui n’arrive pas à recréer une violence musicale correspondant à la voix du chanteur et c’est bien dommage. Arrive alors The Northern Sanctuary, un long titre qui dépasse les treize minutes d’écoute. Si cela fait un peu étrange au sein d’un album où tous les titres ont plus ou moins une longueur calibrée (entre trois à cinq minute), ce long morceau fait office de pierre angulaire avec une structure inhabituelle et des ruptures de tons qui marquent l’auditeur. Globalement, il s’agit du meilleur morceau de l’album, car il possède plusieurs humeurs, plusieurs ambiances et il n’ennuie jamais, ce qui est gage de qualité pour un titre de plus de treize minutes. Enfin, le groupe clôture son album avec une conclusion d’une petite minute au piano avec Vila I Frid, apportant, si besoin l’en était, un peu de douceur.

Au final, The Northern Sanctuary, le dernier album en date de Witherscape, est une petite réussite mais qui ne mérite pas forcément toutes les éloges faites à son sujet. Si l’album se veut bien construit et dans la veine de ce que propose un Death Prog, on notera tout de même une violence amoindrie et un léger décalage entre la voix et les rythmes des riffs. Il en résulte donc un album intéressant, plaisant, mais qui contient quelques petites scories qui viennent gâcher l’ambiance globale de l’album. Mais voyons plutôt le verre à moitié plein et Witherscape livre tout de même un bel album.

  • Wake of Infinity
  • In the Eyes of Idols
  • Rapture Ballet
  • The Examiner
  • Marionette
  • Divinity
  • God of Ruin
  • The Northern Sanctuary
  • Vila I Frid

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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