
Avis :
Fondé en 2013 entre Paris et Marseille (oui, l’entente existe), Novelists s’est rapidement fait un nom sur la scène du métal français. Arpentant les sentiers sinueux d’un Metalcore plutôt moderne, le groupe signe chez Arising Empire et sort son premier album en 2015. Toujours fidèle à son label, les français ne le seront pas forcément avec ses chanteurs. Le premier frontman, Matteo Gelsomino, décide de quitter le groupe pour se consacrer à une carrière dans le Rap après trois albums. Novelists décide alors de faire des sessions de recrutements, et le choix se pose sur Tobias Rische, qui ne va officier que sur un seul album, avant de partir, l’entente avec les autres n’étant pas au top. Dès lors, la surprise va arriver avec la venue de Camille Contreras, une femme, chanteuse auparavant dans un groupe de Punk Hardcore. Un choix clivant, mais osé.
On le sait, la gent féminine peut largement se friter avec les hommes, notamment dans le chant crié ou dans le growl, et certaines frontwoman sont réellement impressionnantes. De plus, on a déjà vu des chanteuses remplacer au pied levé des chanteurs, et cela a donné des groupes cultes, comme Arch Enemy, par exemple. La réelle surprise ne vient pas forcément de la chanteuse, mais plutôt du style que va aborder Novelists. C’est-à-dire que si on reste dans un Metalcore moderne avec de nombreuses saillies virulentes, et des refrains mélodiques en chant clair, le groupe va plus loin, avec des inserts électro, ou encore des passages plus Pop, presque dansants. Ajoutons à cela des titres qui ont des fulgurances techniques incroyables, lorgnant presque vers le Prog, et on obtient alors Coda, le cinquième effort studio du groupe, et l’une des meilleures sorties françaises de l’année.
Le premier morceau démontre cette envie du groupe de sortir d’un carcan un peu trop étriqué. Say my Name a des relents de titres Pop, mais il bénéficie d’un refrain catchy en diable, et quelques passages rugueux qui rappellent que le groupe n’est pas là non plus pour rigoler. Les paroles sont aussi touchantes, avec un joli sens du songwriting. Lorsque Coda débarque, on retrouve l’essence même de Novelists. Les ajouts moderne donnent une autre dimension au titre, qui vire par la suite à un élan Pop Punk qui n’est pas déplaisant. Le chant crié de Camille est vraiment puissant, et le refrain en chant clair, hyper coloré, fonctionne à merveille, et nous donne une belle patate. Mais le morceau se complexifie par la suite, avec des variations de rythme et de chant, montrant un talent d’écriture remarquable. Et quel solo de guitare !

Après un aussi bon titre (pas étonnant qu’il fut choisi comme premier hit pour vendre l’album), on se retrouve avec All for Nothing, qui va jouer sur de nombreuses textures. Le morceau est plutôt touchant, avec quelques arpèges aériens, et des éléments modernes qui lui donnent une véritable identité au sein de l’album. Avec Maldicion de la Bruja, le groupe propose quelque chose de plus brut et puissant. Ici, on ne tergiverse pas longtemps, et le groupe nous percute, avec en prime un chant en espagnol parfaitement maîtrisé. On restera un peu plus circonspect sur In Heaven. Si le titre est réussi et nous touche, il reste un peu en retrait par rapport aux autres morceaux. Le côté doux n’est pas assez contrebalancé par une hargne qui nous manque un peu. Heureusement, on retrouvera un Metalcore virulent avec Adam and Eve, un vrai titre rageur.
Là, les éléments Metalcore old school côtoient les ajouts modernes, et l’ensemble tient grandement la route. Puis Sleepless Nights viendra combler ce trou manquant entre douceur et virulence. Long de plus de cinq minutes, le titre se veut complexe, tout en sachant nous marquer par un chant impeccable, et une technique de zinzin. Un véritable plaisir d’écoute qui se bonifie avec le temps ! Par contre, on n’accrochera pas forcément au délire Pop de 78 Rue… auquel il manque une bonne guitare. Là, ça sonne trop électro Pop pour nous plaire. Mais CRC envoie la sauce pendant un peu plus de deux minutes et nous permet d’oublier cette errance. Et puis le riff qui monte et descend, c’est un vrai plaisir pour les oreilles. Enfin, K.O. termine l’album de façon maline. Il s’agit-là d’une synthèse de tous les morceaux, renouant tout de même avec les débuts de l’album.
Au final, Coda, le dernier album de Novelists, est une grande réussite. En changeant de chanteur (pour prendre une chanteuse) et en utilisant plein de petits éléments modernes pour sa musique et ses compos, le groupe trouve un nouvel élan et propose une vraie régalade du début à la fin, essayant avec brio à renouveler un genre qui commence sérieusement à tourner en rond. Bref, certainement l’une des plus belles sorties françaises de l’année, sans aucun doute possible.
- Say my Name
- Coda
- All for Nothing
- Maldicion de la Bruja
- In Heaven
- Adam and Eve
- Sleepless Nights
- 78 Rue…
- CRC
- K.O.
Note : 17/20
Par AqME