avril 19, 2024

My Dying Bride – Ghost of Orion

Avis :

On dit parfois que les évènements extérieurs privés ont un impact non négligeable sur la musique d’un groupe. Vallenfyre, créé à la suite du décès du père de Greg McKintosch et arrêté suite au décès de sa mère, en est l’exemple probant. L’an dernier, Korn a signé l’un de ses plus beaux et plus émouvants albums après la disparition brutale de l’ex-femme de Jonathan Davis. Même chose pour Swallow the Sun, dont le compositeur principal est passé par la même épreuve.

En 2015, Aaron Stainthorpe, le chanteur de My Dying Bride, vivait la pire expérience qu’un parent peut vivre lorsque sa fille de 5 ans a été frappée d’un cancer. Le groupe est entré en stand-by le temps de vaincre la maladie. Durant ce laps de temps, en 2018 du guitariste originel du groupe Calvin Robertshaw est parti sans aucune explication, tout comme du batteur Shaun Taylor-Steels. Autant d’épreuves qui ont fait planer une profonde incertitude sur l’avenir du groupe. C’est donc tel un phœnix que le combo a annoncé son retour sur les réseaux sociaux l’an dernier. The Ghost of Orion a été composé dans la douleur, en grande partie par le guitariste restant Andrew Craighan.

My Dying Bride est un des pionniers du doom death anglais, figurant dans le Big 3 du genre aux côtés de Paradise Lost et Anathema (tous signés à l’époque chez Peaceville Records). Si Anathema a changé de style et Paradise Lost a tâté de la synthpop et du gothic metal avant de revenir à son genre originel, My Dying Bride n’a pas dévié sa route d’un iota, et le fait d’avoir signé chez le mastodonte Nuclear Blast n’a rien changé. Reconnaissable entre mille avec ce riffing typique de Craighan et la lourdeur de son instrumentation, My Dying Bride n’a jamais eu pour vocation de déclencher les fous rires même chez les croque-morts et a toujours gardé un très haut niveau en termes de qualité musicale. The Ghost of Orion ne fait pas exception à la règle.

Plus accessible de la discographie du groupe, The Ghost of Orion est aussi le plus émouvant. Les anglais essaient, osent un peu. L’ajout du violoncelle de Jo Quail sur certains morceaux comme le fleuve The Long Black Land fait mouche. L’autre pavé de 10 minutes The Old Earth est agressif, lourd, noir à l’extrême. Si l’ensemble touche au sublime et ne souffre d’aucun écueil, deux morceaux sortent du lot, à savoir le déchirant Tired of Tears sur lequel le chanteur s’ouvre le bide en exorcisant sa terrible épreuve, et le sublime The Solace. Ce dernier, dépouillé et hyper planant, repose sur la superbe gratte de Craighan et la voix envoûtante de Lindy-Fay Hella du groupe Wardruna qui nous entraine aux confins du monde au pied de forêts brumeuses (clairement l’un des plus beaux morceaux de l’année).

Après 30 ans de carrière et des disques qui comptent parmi les fleurons du genre, My Dying Bride sort, avec The Ghost of Orion, un nouveau trésor, de ceux qui situent certaines formations à distance du reste du monde. Une merveille déchirante à plus d’un titre, d’où on ne sort qu’en flinguant un paquet de kleenex.

  • Your Broken Shore
  • To Outlive the Gods
  • Tired of Tears
  • The Solace
  • The Long Black Land
  • The Ghost of Orion
  • The Old Earth
  • Your Woven Shore

Note : 20/20

Par Nikkö

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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