Testament - Para Bellum - Lavisqteam.fr

Avis :

A-t-on encore des choses à prouver lorsque l’on accumule plus de quarante ans de carrière, et que l’on peut s’asseoir à la même table que le Big Four du Thrash métal américain ? Souvent invisibilisé par Metallica, Megadeth, Slayer ou Anthrax, Testament est pourtant une valeur sûre du genre qui officie depuis 1987 (en vrai 1983, mais le groupe avait un autre nom) et il n’a pas à rougir de la comparaison. Pilier du thrash, le groupe de Chuck Billy assure toujours autant, et propose des albums de façon plus ou moins régulière. D’ailleurs, cela faisait près de cinq ans que nous n’avions plus de nouvelles du groupe, depuis Titans of Creation, qui fut moyennement accueilli par la presse et les fans. Quatorzième effort qui marque l’arrivée d’un nouveau batteur, Para Bellum était attendu au tournant par les fans, et cela en valait clairement la peine.

On ne va pas tourner autour du pot pendant cinquante lignes, ce nouvel opus de la bande américaine est une vraie réussite. Si on reste sur un Thrash old school qui frappe bien la tête, les riffs sont agressifs, on retrouve même quelques élans de modernité, et parfois, le groupe sort de sa zone de confort avec une ballade dont la maîtrise technique est affolante, ou encore un titre plus Heavy qui ferait presque office d’ovni dans le skeud, mais qui s’insère parfaitement dedans. En ce sens, Para Bellum évite la redite, et propose un album résolument moderne, et diablement efficace. La preuve en est avec le premier titre, For the Love of Pain. Le démarrage laisse peu de doute sur les intentions du groupe, et ça part au quart de tour. Si on baigne dans un Thrash assez classique, on notera des éléments presque Black à l’intérieur.

Outre cette direction assez surprenante, Chuck Billy fait preuve d’un chant presque guttural et parfaitement maîtrisé. Le type envoie du steak et ne se laisse pas marcher dessus par la rythmique ou les riffs. Infanticide I.A. sera un morceau beaucoup plus simple, mais encore plus redoutable. Le refrain est percutant, rentrant immédiatement dans la tronche. Il sera d’ailleurs très compliqué de ne pas chanter « Infanticide I.A, infanticide, generation genocide ». Bref, on prend une grosse mandale dans les esgourdes, et on est plus que ravi. Tout comme Shadow People qui balance un riff addictif et d’une efficacité impressionnante. Alors certes, le titre est moins rugueux que les deux morceaux précédents, mais il fait amplement le taf, et il sera bien difficile de ne pas hocher la tête en rythme. En trois titres, Testament prouve qu’il est toujours dans la place, et compte bien faire la nique à certains jeunes.

La première surprise va provenir de Meant to Be, qui pourrait sembler incongrue dans cet album. En effet, il s’agit-là d’une ballade (du moins en son début), avec une jolie guitare sèche, et des paroles qui ont vraiment du sens. Le résultat est grisant, c’est à la fois beau et envoûtant, tout en montant crescendo. Par la suite, le groupe nous balance du gros son avec High Noon qui est là pour nous casser la tête. Alors certes, le titre est moins puissant que les trois premiers morceaux, mais ça reste un moment bien percutant qui donne envie de tout casser sur son passage. Et on y retrouve aussi des éléments assez Groovy que ne renierait pas un certain Lamb of God. Witch Hunt sera aussi un très bon morceau, même si on pourra lui imputer un petit côté fade, qui s’efface après plusieurs écoutes.

La deuxième grosse surprise va provenir de Nature of the Beast qui pourrait tisser un lien avec Iron Maiden, car on plonge dans un vrai morceau Heavy. Certains pesteront face à un titre qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais il est à la fois puissant et très intéressant d’un point de vue technique. Room 177 renoue avec un Thrash bien plus classique et relativement entrainant. Il manquera seulement au titre un petit truc en plus pour réellement nous marquer. Havana Syndrome n’aura pas ce problème, puisqu’il s’agit-là d’un énorme morceau qui nous frappe d’entrée de jeu avec ses passages syncopés et son envie de nous en mettre plein la gueule. Enfin, Para Bellum clôture parfaitement l’album, avec un dernier tour de piste grisant et puissant. Une preuve que Testament n’est toujours pas mort, et semble avoir retrouver une vivacité impressionnante.

Au final, Para Bellum, le dernier album en date de Testament, est une réussite sur de nombreux points. Si on peut noter deux morceaux qui semblent un peu sortir de l’univers du groupe, on reste tout de même sur un album de grande qualité, à la fois technique et puissant. Après plus de quarante ans de carrière, le groupe de Thrash américain démontre qu’il est plus en forme que jamais, et qu’il n’est pas près d’écrire son épitaphe.