avril 24, 2024

Napalm Death – Throes of Joy in the Jaws of Defeatism

Avis :

Avec les aléas du temps, il arrive que des groupes survivent, tout n’ayant plus aucun membre de la formation originelle. C’est le cas de Napalm Death. Fondé en 1981 dans un bled paumé d’Angleterre, le line-up ne va faire que changer, alternant même avec des pauses, puisque certains membres furent intéressés par d’autres genres, tandis que d’autres ont voulu voir si l’herbe était plus sanglante ailleurs. Pour autant, malgré tous ces tumultes, le groupe fait partie des piliers du mouvement Métal, inventant au passage le Grindcore et étant considéré comme le septième plus gros vendeur d’albums de Métal dans le monde. Un statut costaud qui doit beaucoup au chanteur Mark Greenway et sa voix turbulente. Après quarante-et-un ans de bons et loyaux beuglements, les anglais sont de retour avec un dix-septième album, et autant dire qu’ils n’ont pas perdu leur énergie.

Le skeud s’ouvre sur Fuck the Factoid. Dépassant à peine les deux minutes, on pourrait presque croire à une introduction. Mais une introduction qui en met plein la gueule. C’est sombre, c’est gras, ça décrasse les tympans et tous les atours du Grindcore sont présents. Voix gutturale, blasts dans tous les sens, riffs rapides et rugueux, on retrouve tous les éléments de Napalm Death et malgré l’âge de la formation, on reste sur le cul quant à l’énergie déployée. Cependant, d’un point de vue musical, on reste sur quelque chose qui n’a que peu d’intérêt pour qui cherche un peu de musicalité. Ici, on fonce droit dans le mur, ça gicle dans tous les sens, et il ne faudra pas chercher midi à quatorze heures. Le groupe reste fidèle à son image de gros bourrins des familles, et cela peut parfois décontenancer.

Backlash Just Because sera un peu plus accessible, surtout au niveau du rythme, mais on reste dans quelque chose de très virulent, qui peut ne pas trouver grâce aux oreilles de tout le monde. Vous me direz que quand on se lance dans du Napalm Death, on sait dans quoi on met les oreilles. Mais on trouvera quelques exceptions à la règle, avec notamment That Curse of Being in Thrall. Si le démarrage est surpuissant, on verra que les riffs se rapprochent plus d’un Thrash classique et on aura même droit à un final fort plaisant qui donne envie de bouger la nuque. Ce côté à la fois extrême mais accessible, on le retrouve dans d’autres morceaux, comme par exemple Contagion, qui fut l’un des premiers titres à être mis en ligne pour vendre l’album, et on comprend pourquoi. C’est peut-être celui qui s’éloigne le plus d’un Grindcore poussif.

On peut aussi noter le côté malsain et anxiogène de Invigorating Clutch qui démarre doucement et se permet de monter crescendo. On appréciera aussi la conclusion, avec A Bellyful of Salt and Spleen, qui termine l’album de façon éthérée et atmosphérique. A noter aussi le très efficace Amoral, qui s’éloigne du Grind pour offrir quelque chose de plus accessible et de moins brouillon. Bref, tout ça pour dire que dans cet album, il y a de bonnes choses qui démontrent que Napalm Death est un groupe à part, qui sait tout faire, mais qui sait aussi qu’il a un public à satisfaire. Et de ce fait, il va enchainer les mandales Grind, jusqu’à nous rendre tout boursouflé. Mais c’est là aussi que le bât blesse.

On se retrouve bien souvent avec des morceaux qui sont gras et lourds, mais qui ne marquent pas forcément. Joie de ne pas Vivre est par exemple l’un de ces titres qui n’a absolument aucun intérêt et qui ne montre que l’aspect Grindcore sans saveur de la formation. Fluxing of the Muscle se termine de la meilleure des façons, mais avant d’en arriver là, il faut se farcir du riff saturé répétitif sans aucune once de finesse. Il en va de même avec Zero Gravitas Chamber qui défouraille à tout va sans jamais se poser et qui fatigue plus qu’autre chose. Et que de Acting in Gouged Faith dont on n’oublie jusqu’à la mélodie. Si le groupe montre qu’il est toujours en forme, il semble avoir du mal à canaliser son énergie et s’enfonce parfois dans une caricature assez pénible.

Au final, Throes of Joy in the Jaws of Defeatism, le dernier album de Napalm Death, nous laisse sur un sentiment ambivalent. Si globalement, on prend une grosse tarte dans la gueule, c’est plus dû à la violence inhérente au genre qu’à de véritables morceaux entêtants. Les anglais offrent le meilleur, mais aussi le pire avec quelques titres sans grand intérêt, et on a toujours tendance à rester sur ce qui nous semble mauvais. Force est de constater que néanmoins, le groupe a toujours la patate, n’a pas perdu sa verve et son éclat, et que ce dix-septième album enterre plein de petits groupes Grind sans talent.

  • Fuck the Factoid
  • Backlash Just Because
  • That Curse of Being in Thrall
  • Contagion
  • Joie de ne pas Vivre
  • Invigorating Clutch
  • Zero Gravitas Chamber
  • Fluxing of the Muscle
  • Amoral
  • Throes of Joy in the Jaws of Defeatism
  • Acting in Gouged Faith
  • A Bellyful of Salt and Spleen

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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