mars 28, 2024

Mr. Bungle – The Raging Wrath of the Easter Bunny

Avis :

Formé au milieu des années 80, Mr. Bungle est un groupe de Métal très particulier. Porté par le charismatique Mike Patton (qui s’en alla un temps faire des galipettes avec Faith no More), le groupe va sortir une démo en 1986 qui s’intitulera The Raging Wrath of the Easter Bunny. Cela va faire grand bruit, permettant alors à la formation de se faire connaître et de devenir l’un des groupes phares de la scène Thrash. Ne se prenant jamais au sérieux, jouant de prestations scéniques remarquables, Mr. Bungle va connaître un succès fulgurant, jusqu’en 1999 où le groupe se sépare. Il y avait d’ailleurs peu d’espoir de voir le groupe revenir, Mike Patton disant que chacun était parti à ses projets personnels et que les membres ne s’adressaient même plus la parole. Surprenant donc de voir revenir le groupe en 2020, avec un album éponyme de la première démo.

Et pourtant, le groupe est bel et bien de retour, avec Mike Patton au chant, Trey Spruance à la gratte et Trevor Dunn à la basse. Ce quatrième album est en fait un réenregistrement de la première démo, permettant au groupe de revenir aux sources, mais en faisant équipe avec deux poids lourds de la scène métal, à savoir Scott Ian pour la deuxième guitare et Dave Lombardo pour les fûts. Un quintet qui fait envie sur le papier et qui va défourailler sévère avec un long album (plus de cinquante minutes) qui va prendre à revers tous les amateurs du genre. Car oui, Mr. Bungle ne fait rien comme tout le monde et expérimente sans arrêt, au point de parfois perdre le fan en cours de route. The Raging Wrath of the Easter Bunny est un exemple assez typique du travail de Patton, qui frôle parfois la parodie forcée.

L’album débute avec une petite introduction de plus de deux minutes, qui pourrait presque se voir comme une démonstration technique. Cependant, Grizzly Adams ne pèse pas bien lourd et semble déjà un peu daté. On se rattrapera donc sur Anarchy Up Your Anus, qui ira droit dans la gueule de l’auditeur, retrouvant un Thrash très classique mais diablement efficace. C’est rapide, percutant et ça ne fait pas dans la dentelle. En même temps, difficile de faire élaboré en deux minutes quinze. Raping Your Mind viendra par contre nous rappeler aux talents techniques de tous les musicos. C’est encore une fois très rapide et percutant, et ça ne laisse aucun temps mort. Bien évidemment, on reste dans des paroles à la con et c’est peut-être là le gros point noir, où l’on sent que le groupe ne se prend pas au sérieux. En même temps, avec Mike Patton

Cette parodie, on la retrouve fortement dans Hypocrites – Habla Espanol O Muere, qui reprend en version métal La Cucaracha. C’est complètement con et surtout, ça n’a aucun sens au sein de l’album. De plus, le titre est très haché, ce qui fait que l’on a du mal à trouver des repères intéressants. Alors oui, c’est puissant et les riffs sont rapides, mais cela ne fait pas tout. Bungle Grind viendra confirmer tout cela, avec un long titre de plus de six minutes qui va nous perdre en cours de route. La violence est là, le démarrage est excellent pour se péter la nuque, mais on se perd rapidement dans un schéma structurel décousu et qui manque de repères. Methematics sera du même acabit, mais en plus long, puisque le titre dépasse les huit minutes. Et quand c’est le bordel au sein du morceau, huit minutes, c’est long.

Bien loin de nous l’idée de dénigrer tout le travail de Mr. Bungle, puisque techniquement, c’est irréprochable. Mais l’approche humoristique gogol de Mike Patton ne trouve pas de résonance. On sent que tout est fait pour la gaudriole et se marrer un bon coup, mais cela ne prend jamais vraiment. Eracist ne marquera pas et manquera de passages entêtants. Spreading Thighs of Death sauvera un peu le tout avec des riffs puissants et qui donnent envie de bouger la tête dans tous les sens, avec quelques moments de bravoure. Loss for Words sera du même acabit que le reste, à savoir aller très vite et ne pas forcément proposer un truc structuré. Glutton for Punishment ira dans le même sens, et heureusement que Sudden Death viendra apporter un peu de fraîcheur pour conclure un album en demi-teinte.

Au final, The Raging Wrath of the Easter Bunny, le réenregistrement de la première démo de Mr. Bungle, souffle le chaud et le froid. Si on peut applaudir les prouesses techniques de Trey Spruance et Scott Ian à la gratte, qui va toujours plus vite, on restera plus circonspect sur la teneur profonde de l’album. Potache et lourdingue, ce qui pourrait s’apparenter à un quatrième effort de la part des américains reste pénible à plus d’un titre, notamment sur les morceaux longs qui manquent de repères. Ne pas faire comme tout le monde peut avoir des avantages, mais aussi des inconvénients, et si cet album peut faire pencher la balance du bon côté, ce sont souvent les mauvais qui restent en mémoire. Dommage.

  • Grizzly Adams
  • Anarchy up Your Anus
  • Raping Your Mind
  • Hypocrites – Habla Espanol O Muere
  • Bungle Grind
  • Methematics
  • Eracist
  • Spreading Thighs of Death
  • Loss for Words
  • Glutton for Punishment
  • Sudden Death

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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