avril 26, 2024

Para//èles – De l’Ambition en France

D’Après une Idée de : Quoc Dang Tran

Avec Thomas Chomel, Omar Mebrouk, Jules Houplain, Naidra Ayadi

Pays : France

Nombre d’Episodes : 6

Genre : Science-Fiction, Fantastique

Résumé :

Les quatre amis, Bilal, Romane, Samuel et Victor, voient leurs vies bouleversées lorsqu’un mystérieux événement les sépare et les propulse dans des dimensions parallèles. Ils vont tout mettre en œuvre pour comprendre ce qui s’est passé et tenter de revenir en arrière, dans leur monde « d’avant ».

Avis :

Quoc Dang Tran est un scénariste français relativement connu par les amateurs de séries télé. On retrouve son nom en 2008 autour de deux épisodes de R.I.S. Police Scientifique, puis il intégrera l’équipe de Fais pas ci, Fais pas ça à partir de la quatrième saison. Ne se cantonnant pas à un seul genre, le scénariste va naviguer entre comédie, policier et thriller avec une certaine aisance. Son nom va revenir sur toutes les lèvres quand il présente Marianne pour Netflix. En effet, il s’agit alors de la première série française d’horreur à être produite sur la plateforme de streaming, et les premiers visuels étaient intéressants. Malheureusement annulée au bout d’une seule saison (et on comprend un peu pourquoi), nous n’avions plus de nouvelles de Quoc Dang Tran. Jusqu’à l’arrivée de Para//èles sur Disney+.

Stranger Things

On a toujours tendance à réduire les séries françaises à du policier sur les chaînes hertziennes ou à de la comédie sur un format court. La série de Quoc Dang Tran va prendre tout le monde à revers, chose qu’il s’applique à faire depuis 2019. Si sa première série d’horreur n’a pas fonctionné, il n’en sera pas de même avec Para//èles, qui flirte avec la science-fiction et l’aventure résonnant comme dans les années 80. Ici, on va suivre quatre lycéens qui vont fêter l’anniversaire de l’un des leurs dans un bunker désaffecté. Sauf qu’une anomalie va surgir et que deux des quatre ados vont disparaître alors que le troisième prend vingt ans dans la face. Samuel, alors seul rescapé de ce changement, va tenter d’élucider le mystère avec la mère de l’un de ses amis. Mais dans une dimension parallèle, c’est l’inverse qui se produit, Samuel étant porté disparu.

On sent bien toutes les influences de la série dès son démarrage. Le petit groupe d’adolescents fait irrémédiablement penser à Stranger Things. Si la comparaison s’arrête là, on découvrira sur le tard que certains d’entre eux ont des pouvoirs, un peu à la manière d’Eleven dans la série américaine. Cependant, on est très loin des manipulations gouvernementales dans Para//èles. Bien au contraire, le scénario se focalise sur des essais scientifiques, qui vont avoir un impact à un certain endroit sur une petite ville de Savoie. Le cadre change alors de Stranger Things, préféré l’aspect rural et montagnard. Mais sur le fond, on est sur quelque chose de plus simple, et à quelque part, de plus proche de nous. La série a l’intelligence de ne pas viser plus haut que son script de base, et décide alors de nous torturer le cerveau avec des changements de temporalité.

Dark

C’est là qu’intervient la deuxième comparaison phare de la série avec Dark. Néanmoins, et c’est tout à l’avantage de la série française, on reste dans quelque chose de compliqué, mais qui se veut accessible. Si l’on ne comprend pas forcément toutes les explications sur les univers parallèles et les différentes temporalités, ce n’est pas bien grave, car dans les grandes lignes, ce n’est pas tellement ça qui nous intéresse, mais plutôt les personnages et les changements dans leur vie. Para//èles est une série qui explore les affres de l’adolescence, mais aussi la possibilité de changer les choses ou d’avoir une seconde chance. Cela va donner des enjeux différents à chacun, et permettra de mieux approfondir les psychologies de chacun. Sans oublier des personnages secondaires assez intéressants, jouant sur les non-dits et les apparences.

En partant de ce principe, on verra bien les disparités du groupe. Samuel est le fils prodigue parfait. Il est aimé de ses parents et de ses amis. Il est beau gosse et tout lui réussit. Pour autant, il cache une blessure et sa relation avec son frère se détériore un peu plus chaque jour. Bilal est fils unique avec une mère célibataire aimante, mais qui bosse tout le temps. Ado, c’est le moins travaillé, puisque c’est lui que l’on verra adulte du début à la fin. Il porte alors sur ses épaules le fait d’être un enfant dans un corps d’adulte, avant de remonter dans ses souvenirs pour tenter de trouver une solution dans le rééquilibrage des univers et des temporalités. Romane sera l’écorchée vive, qui vit avec une mère fragile du cœur et un beau-père voleur accro au poker. Son parcours sera touchant.

X-Men

Et c’est aussi celui qui explore le mieux le coup de la seconde chance, voyant dans son retour en arrière la possibilité de protéger sa mère et sa sœur et d’éloigner ce beau-père malsain. Mais c’est Victor, le frère de Samuel, qui sera au centre du problème. Le garçon est colérique et voit bien que ses parents ne l’aiment pas (même si c’est le contraire). Il devient alors instable et fait tout pour se faire souffrir, arpentant les mauvais choix et les mauvaises décisions. Tout ce petit monde navigue entre des parents torturés (Gil Alma est très bon dans ce rôle) et une mère qui accepte l’inacceptable pour retrouver son fils unique. Reste le flic un peu gauche, élément humoristique de la série, qui reste un peu en deçà de l’ensemble. Mais tout ce petit monde participe à la réussite de la série.

Les seuls points noirs que l’on peut noter, du moins au niveau du scénario, c’est la présence des pouvoirs que vont avoir certains personnages. On va vite se rendre compte que Victor peut faire vieillir n’importe quel objet ou personne, et Romane va pouvoir arrêter le temps autour d’elle. Des pouvoirs qui ne trouvent pas forcément d’utilité, et qui ne seront que des tares pour les protagonistes, notamment Victor qui continue ses mauvais choix. L’autre petit défaut vient de la fin, trop abrupte. En seulement six épisodes, on trouve une conclusion à l’ensemble, mais certains éléments restent sans réponse, comme la présence des pouvoirs par exemple, et on sent que la chose est un peu précipitée. On aurait aimé en avoir un peu plus. Ce qui est plutôt bon signe quant à la qualité de la série.

Made in France

Qualité que l’on retrouve aussi dans la mise en scène. Malgré l’aspect grisâtre de la montagne en hiver, les deux metteurs en scène qui se partagent la réalisation arrivent sans aucun mal à nous plonger dans cette petite bourgade où presque tout le monde se connaît. Mais au-delà des simples prises de vue, on notera une volonté de bousculer certains codes, en utilisant des plans malins. On pense par exemple à l’élaboration du plan entre Bilal et Samuel pour s’introduire dans une maison, fait à partir de Playmobil, mais avec de riches idées de mise en scène.

Au final, Para//èles est une série française très ambitieuse et vraiment sympathique. Si l’on n’atteint pas des sommets en matière de script, on reste sur un show qui a envie de bousculer les codes, ne correspondant à rien de vraiment connu en France. Il n’est donc pas étonnant de retrouver cela sur une plateforme de VOD et non pas sur les chaînes de télévision. C’est dommage, car nous faisons face à une série qui mérite d’être vue par le plus grand nombre, et qui arrive à se rendre addictive en très peu d’épisodes. On croise les doigts pour avoir une deuxième saison, même si cela n’est pas au programme…

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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